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LE STYLE GOTHIQUE INTERNATIONAL

Publié le 24/06/2012

Extrait du document

Lorsqu'on essaie d'en situer la source, de nombreuses considérations désignent la France et la grande Bourgogne des ducs. Tout d'abord, ce style calligraphique et hautement courtois hérite directement de celui des miniaturistes franfais depuis saint Louis. Les accents réalistes dans les paysages et dans les accessoires de la vie quotidienne, il est vrai qu'on les voit de longue date chez les Siennois; mais ce sont les miniaturistes et les peintres franco-flamands de la fin du XIVe siècle, les Jacques Coene, les Broederlam, les Limbourg, qui les développent et leur conf'erent le charme ingénu et sensuel que les peuples du Nord mettent dans leur observation de la 'nature.

« ---------------------~· -~------··-· pas les teintes de la vie, mais visent à une sorte de symphonie minlrale où l'ivoire des chairs, l'émail froid des étoffes, l'or gravé et la pierre précieuse composent un fabuleux objet d'art.

Le groupement des personnages, l'arrangement vertical du paysage, toute la composition enfin recherche un rythme ornemental.

Les lignes et les masses, tantôt symétriques et tantôt contrastées, mais équivalentes, se concertent en arabesques dont la beauté retient l'œil et l' empiche de s'abandonner à l'évocation· de la réalité.

Une espèce de volupté calligraphique domine le dessin.

Les jambes et les bras n'évoluent pas seulement au gré de l'anatomie et de l'émotion.

Ils s'étendent ou ploient comme les paraphes d'une écriture raffinée, pour répondre fidèlement aux pans d'étoffes sinueux, ces prodigieux plis du «sryle mou» qui ruissellent en douces cascades ou s'enroulent, griles et échancrés, tels des pétales qui s'étiolent.

Dévertébrés par ce dessin abstrait, les personnages deviennent de flexibles silhouettes suspendues en des mouvements de ballet parmi les ors et les teintes diaphanes.

La loi suprime de leurs gestes est l'élégance, la grâce mondaine, non pas l'expression des sentiments.

Le désir de faire parler l'âme, d'imposer le volume des figures, de suggérer autour des corps un espace vraisemblable, toutes ces conquites giottesques qui font des tableaux italiens du mime temps autant de scènes à forte résonance hu­ maine et naturelle, bref tout le modernisme d'alors est étranger à la chatoyante imagerie du Nord.

Le climat de l'irréel, voici la poésie qu'elle recherche et qui ne laisse pas de nous fasciner.

Le détail réaliste, le plus naïvement véridique, n'y change rien.

Auprès de la Vierge, châtelaine étendue sur du brocart d'or ou recevant sous un dais princier l'hommage féodal des Mages, saint Joseph, vieux paysan modeste, répare son bas à l'aide d'un couteau rustique ou chauffe son pied au-dessus d'un brasero.

L'Enfant ]éSU$ serre le globe terrestre comme une balle à jouer; tout près, saint Christophe trouble de son pied géant l'onde claire où, milée aux poissons ses frères, une sir~ne minuscule peigne ses longs cheveux, un miroir à la main.

Devant des châteaux fidèlement portraits, parmi des champs et des paysans qui travaillent, des nobles superbement accoutrés chevauchent dans l'arôme du musc.

Avide émerveillement de la vie, de toute la vie, la plus raffinée comme la plus simple.

Mais elle est évoquée par des juxtapositions brusques et comme symboliques, où se heurtent le luxe et l'ordinaire, le terre-à-terre et le merveilleux.

Elle se trouve transposée dans l'ordre du rive et du conte de fée.

Tels sont les miniatures et les tableaux que l'on peint pendant cinquante ans, de 1375 à 1425 environ, dans l'Europe entière.

On en trouve en France, dans le Domaine royal et dans ce vaste Etat de Bourgogne qui entoure la France au Nord et à l'Est et unit les Pays-Bas méridionaux à la Bour­ gogne proprement dite; en Provence et au Languedoc; dans les divers royaumes d'Espagne et en Catalogne; sur le Rhin, à Cologne et en Westphalie; en BohOme et en Autriche; sans doute aussi en Angleterre~· et, chose frappante, en Italie, non seulement là où elle communique .avec le .Nord, du Piémont jusqu'au Veneto, mais en pleine Toscane, ce fief de l'art giottesque, et aussi dans le Sud, à Naples et en Sicile.

Pour ne citer que quelques représentants saillants de ce mouvement homogène, nommons Jacquemart de Hesdin, Jean de Bandol, Jacques Coene, Jean Malouel, André Bellechose, Melchior Broederlam, Pol de Limbourg qui ont servi les rois de France et leurs frères, les ducs de Berry, d'Orléans et de Bourgogne; en Catalogne, Lluis Borrassa et Mattre Ferrer; Andres Mar~àl de Sax, de Valence, et Jacomart, peut-itre Fran;ais ou Bourguignon, qui a travaillé à Naples; en Westphalie et sur le Bas-Rhin, Mattre Bertram, Conrad de Soest et Maître Francke; en Autriche, le Maître de Heiligenkre~; en Bohime, le Mattre de Wittingau ( Trebon); en Italie, Michelino da Beso~~o dit de Pavie, Stefano da .. »

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