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Le XX siecle litteraire

Publié le 13/05/2020

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UNITÉ 1 : Le XIXe siècle – approche globale Les limites chronologiques communément assignées à ce siècle littéraire s’étendent de 1789 à 1914 ; aussi le XIXe siècle a-t-il été considéré comme la plus longue étape de l’histoire littéraire française. Le tableau des dates essentielles qui jalonnent l’histoire de la société française pendant cette période illustre de façon évidente le parcours de la sensibilité littéraire : – 1800 – Napoléon Bonaparte, sacré empereur en 1804, s’empare du pouvoir et fait la conquête de presque toute l’Europe. Cette période est connue dans l’histoire sous le nom d’Empire. Bonaparte supprime les libertés acquises par les citoyens français au moment de la Révolution de 1789, ce qui ramène progressivement la France à une monarchie absolue; – 1815 – la France est vaincue par les Anglais et les Prussiens lors de la bataille de Waterloo (déroulée le 18 juin 1815), qui est perçue comme un désastre provoquant la chute de Napoléon Bonaparte. Les Bourbons reviennent au trône, ce qui donne à cette période historique le nom de Restauration. On assiste au règne de Louis XVIII, suivi par celui de Charles X, dont le règne provoque de vifs mécontentements de la population parisienne, qui se révolte et dresse des barricades; – 1830 – pendant trois jours, (les « Glorieuses »), les 27, 28 et 29 Juillet, c’est l’instauration de la Monarchie de Juillet, lors de laquelle Louis-Philippe remplace la monarchie dite « de doit divin » par la monarchie dite « bourgeoise » des Orléans ; – 1848 – Napoléon Bonaparte proclame la IIe République, ce qui met fin à la Monarchie de Juillet ; – 1852 – Louis Napoléon Bonaparte (Napoléon III) s’empare du pouvoir et règne pendant une vingtaine d’années, jusqu’en 1870 ; – 1870 – la guerre franco-prussienne, doublée par la capitulation des Français à Sedan 1. Le gouvernement provisoire installé pendant ces moments dramatiques est prêt à abandonner le pays aux mains des envahisseurs étrangers, aussi la population parisienne se soulève-t-elle de nouveau pour proclamer la Commune de Paris et ensuite la IIIe République, forme de gouvernement de la France moderne. La littérature est un miroir de la société, elle est étroitement liée au contexte qui la voit naître (par exemple, l’Empire de 1800 est porteur des rêves de toute une génération impatiente ; l’année 1815 – qui marque, comme on a déjà vu, la chute de l’Empire et la Restauration – est perçue comme décevante et conformiste et on la représente dans le plan littéraire comme une domination de l’exaltation du moi et de l’individualisme. Les écrivains du moi – Chateaubriand, Senancour – veulent compenser la morosité de la vie par la création littéraire. Les Révolutions de 1830 et 1848 voient naître des expériences nouvelles, suivies de désenchantements explicables par le fait que la IIe République ne dure pas. Les réalistes veulent faire concurrence à l’Histoire ou à l’Etat civil. Les naturalistes transposent dans leurs œuvres littéraires le triomphe de la bourgeoisie et de la classe moyenne et la mise en place de l’industrie capitaliste. Le dernier tiers du siècle est vu comme une volonté de faire de la littérature l’application du positivisme2 – c’est le cas de Zola et de Maupassant. En outre, en 1870, après la chute du IIe Empire, les aspirations démocratiques de 1789 se concrétisent sous la forme de la IIIe République). On se rend donc facilement compte que la littérature suit et traduit son époque, tout en révélant les interrogations multiples de l’écrivain sur ses raisons de 1 Cette circonstance historique se trouve à la source du calembour « Napoléon, cédant Sedan, céda ses dents ». Le positivisme est une école philosophique représentée par Auguste Comte, selon laquelle la science est le point le plus avancé de la connaissance. Comte propose de transformer la société en changeant en un premier lieu les mentalités; c’est pourquoi il invente les méthodes de la sociologie. Sa théorie est retenue pour son apport scientifique et domine la philosophie des intellectuels du second Empire, qui y puisent la certitude que la science exige une manière de penser indépendante des dogmes et des préjugés. 2 transformer le réel en fiction. Tous ces bouleversements politiques et sociaux ont des répercussions sur la production littéraire. D’autre part, on assiste au XIXe siècle à une prodigieuse accélération des sciences et au déplacement des limites de la connaissance. On enregistre toute une série de découvertes techniques, parmi lesquelles les plus importantes visent l’invention de la machine à vapeurs3, du générateur pour l’énergie (le moteur électrique, Gramm, 1869), de l’antenne (par le Russe Popov), de la photographie (la lumière peut être retenue sur le papier), du phonographe (par l’Américain Thomas Edisson), du télégraphe (appareil permettant à transmettre les messages instantanément, inventé par Wheatstone en 1838), du téléphone (Alexandre Graham Bell, 1876), du cinéma (par Louis et Auguste Lumière4), la découverte des anesthésiques, de nouveaux matériaux et de nouvelles techniques de construction (le ciment de Portland, l’acide au contenu diminué de charbon, les ponts suspendus, les gratte-ciels etc.). De nouvelles théories sont mises en œuvre : celle de l’évolution humaine de Charles Darwin (1859), la théorie cellulaire des planètes et des animaux de Schreiden et Schwann, la théorie microbienne (dans la médecine) et l’électromagnétisme (la découverte des liaisons entre l’électricité et le magnétisme). Mais il faut observer que l’homme et les sciences dites « humaines » occupent une position de choix dans ce tourbillon d’informations. L’homme devient « un objet d’investigation scientifique », car de nouveaux champs d’interrogation s’ouvrent à son sujet. Jusqu’au XVIIIe siècle, il était considéré comme un être homogène, faisant harmonieusement partie de l’univers ; on lui dessine dès 1800 une nouvelle représentation et il apparaît comme un individu divisé, problématique, qui cache des profondeurs insoupçonnées. Aussi acquiert-il sur le plan littéraire l’image de l’homme sensible et timide, surtout dans la première moitié du siècle5. UNITÉ 2 : LE ROMANTISME Le Romantisme apparaît au XIXe siècle comme une esthétique ouverte, « qui porte ses regards à la fois sur le monde extérieur, et sur les profondeurs mystérieuses du moi »6. Il s’instaure dans le domaine littéraire comme une révolution contre le goût classique 7 et propose des lois qui proclament la liberté créatrice8 comme principe esthétique essentiel. Le critique Philippe van Tieghem considère que la doctrine romantique s’établit en France en deux temps : la première période est dominée par Mme de Staël, tandis que la deuxième, qui dure de 1820 à 1830, s’organise autour de la figure de Victor Hugo et de ses objectifs essentiels : le renouvellement de la technique du théâtre, la proposition d’un nouvel idéal pour la prose, le travail hardi sur la nature de la poésie etc. Van Tieghem ajoute qu’il y a encore une étape, que va de 1830 à 1850, pendant laquelle on assiste au renouvellement du contenu d’une œuvre littéraire et à l’établissement d’une philosophie romantique. Le Romantisme, situé entre 18209 et 1850, couvre la fin de la Restauration, la Monarchie de Juillet (le règne de Louis-Philippe) et le début de la IIe République. Il devient 3 Cette invention a permis la naissance du chemin de fer. On leur doit aussi le premier procédé commercial de photographie en couleurs (1903). 5 La Renaissance avait imposé l’idéal humain du courtisan, le XVII e siècle – celui de l’honnête homme, tandis que les Lumières avaient promu l’image du philosophe militant. Dans la deuxième moitié du XIX e siècle est proposé l’idéal humain du savant et du prophète. 6 Philippe van Tieghem, Les grandes doctrines littéraires en France, P.U.F, Paris, 1993, p. 160. 7 Le classicisme est une doctrine littéraire fondée sur l’ordre, la clarté et la discipline. 8 La conclusion de Van Tieghem est très intéressante: il affirme que « le Romantisme est la continuation et l’élargissement du classicisme » (op. cit., p. 158). 9 Cette limite initiale du courant est représentée par la parution des Méditations de Lamartine. 4 l’un « des grands moments de croissance et de renouvellement de la civilisation européenne, une haute époque de l’aventure occidentale de l’homme »10. Les manifestations du Romantisme sont visibles à l’intérieur des foyers d’amitié qui se sont formés au début du XIXe siècle et qui rassemblaient des poètes, des prosateurs, des peintres et des sculpteurs autour d’un objectif commun : l’abolition des contraintes surannées. Les conservateurs. Le premier cénacle se constitue en 1820 chez Emile Deschamps, où se réunit l’équipe du Conservateur littéraire et Vigny. Un deuxième groupe apparaît en 1821 – la Société des Bonnes Lettres – qui rassemble un public de mondains et leur fait entendre conférences et lectures. Les libéraux. En 1824, Charles Nodier réunit la jeunesse romantique dans le salon de l’Arsenal, tous les dimanches soirs. C’est « la grande boutique romantique », selon Musset. Nodier est nommé secrétaire de la bibliothèque de l’Arsenal ; sa femme et sa fille Marie accueillent les visiteurs. A ces réunions participent des écrivains, des critiques, des artistes de toutes tendances. Les principaux familiers du salon sont Victor Hugo, Alfred de Vigny, Lamartine lors de ses passages à Paris ; un peu plus tard, Mérimée, Alexandre Dumas, Gérard de Nerval, Théophile Gautier, Honoré de Balzac, les peintres Delacroix et Boulanger, le sculpteur David d’Angers, le graveur Devéria. Même si ces échanges engendrent des points de vue précis et de nouvelles perspectives, aucune doctrine d’ensemble ne se dégage. En 1827, Hugo se convertit au libéralisme et se rapproche du Globe. Il fonde un cénacle avec son ami Sainte-Beuve et organise des réunions dans son appartement, rue Notre-Damedes-Champs. Autour de lui se groupent presque tous les écrivains célèbres de sa génération : Vigny, Musset, Gautier, Mérimée, Dumas, Balzac, ainsi que de nombreux artistes. Les revues/journaux qui défendent les principes de la nouvelle littérature sont : Le Mercure du 19e siècle ; Les Annales romantiques ; La Quotidienne ; Le Globe (fondé en septembre 1824 par Paul Dubois, groupait Stendhal et Mérimée, qui voulaient relier le romantisme au libéralisme. Il oppose son dogmatisme à l’éclectisme de la Muse française et contribue, par ses enquêtes et par ses campagnes à donner au mouvement une claire conscience de ses fins. Les écrivains qui collaborent au Globe sont : Sainte-Beuve, Stendhal et Mérimée. Ils dénoncent la tyrannie des règles, revendiquent « l’indépendance en matière de goût » et réussissent ainsi à élargir l’horizon littéraire11) ; Le Conservateur littéraire, fondé par Victor Hugo en 1819 (il a 18 ans), avec ses frères aînés Abel et Eugène; La Muse française (fondée vers 1823 par Emile Deschamps, était une publication catholique et conservatrice). Chaque numéro contient, outre une rubrique de mœurs orientée vers la défense des idées monarchistes et chrétiennes, des pages en vers, où figurent les poèmes de Victor Hugo, d’Alfred de Vigny et des pages critiques, où l’on exalte Byron, Walter Scott, Shakespeare. Les rédacteurs de cette revue proclament la nécessite d’un renouvellement de l’art, mais sont hostiles aux outrances. Entre le groupe du Globe (qui rassemblait des esprits libéraux) et celui de la Muse française (représenté par les conservateurs) il y avait de nombreuses divergences d’origine politique, qui ont entraîné des inimitiés littéraires12. Pour embrasser le mouvement romantique dans sa complexité, il faudrait également mentionner que tous ses traits dérivent d’une forte volonté d’individualisme – tous les 10 Cf. A. Biedermann, cité par Jean Raimond dans ***Précis de littérature européenne, sous la dir. de Béatrice Didier, PUF, 1998, chap. « Le Romantisme européen », p. 363. 11 Un exemple en ce sens serait celui de Jean-Jacques Ampère, qui révèle au public français les contes d’Hoffmann, en 1828. 12 Tout cela complique l’unification des idées littéraires. Ces deux groupes politiques opposaient les libéraux désireux de nouveautés littéraires et les conservateurs, dont Chateaubriand est le porte-parole avec son journal Le Conservateur, qui refusent de voir dans le Romantisme une Révolution, mais un simple élargissement du classicisme. caractères de l’inspiration, de l’art et de l’idéologie romantiques peuvent être déduits de cette définition. En 1843 – année marquée par la chute du drame de Hugo, Les Burgraves13 – les nouvelles valeurs spirituelles – l’esprit positif, le réalisme et l’avènement de Baudelaire font croire aux contemporains que les temps du romantisme étaient révolus. D’ailleurs, l’esprit mental de la deuxième moitie du XIXe siècle n’est plus soumis à un seul système de valeurs. Les principes romantiques – la sensibilité, l’imagination, l’exaltation du moi, le mal de vivre – interfèrent avec les concepts de la poétique réaliste – la théorie de la mimesis et les règles de la vérité dans l’art. Groupement de textes à observer et à analyser « L’âme de la nature se fait connaître à nous de toutes parts et sous mille formes diverses. La campagne fertile, comme les déserts abandonnés, la mer, comme les étoiles, sont soumises aux mêmes lois ; et l’homme renferme en lui-même des sensations, des puissances occultes qui correspondent avec le jour, avec la nuit, avec l’orage ; c’est cette alliance secrète de notre être avec les merveilles de l’univers qui donne à la poésie sa véritable grandeur. Le poète sait rétablir l’unité du monde physique avec le monde moral : son imagination forme un lien entre l’un et l’autre. » (Mme de Staël, De l’Allemagne, 1810) *** « Il arrivera, je crois, une époque quelconque, où les législateurs philosophes donneront une attention sérieuse aux lois civiles qui les protègent, aux devoirs qu’il faut leur imposer, au bonheur qui peut leur être garanti ; mais dans l’état actuel, elles ne sont, pour la plupart, ni dans l’ordre de la nature, ni dans l’ordre de la société. Ce qui réussit aux unes perd les autres ; les qualités leur nuisent quelquefois, quelquefois les défauts leur servent ; tantôt elles sont tout, tantôt elles ne sont rien. Leur destinée ressemble, à quelques égards, à celle des affranchis chez les empereurs ; si elles veulent acquérir de l’ascendant, on leur fait un crime d’un pouvoir que les lois ne leur ont pas donné ; si elles restent esclaves, on opprime leur destinée. » (Mme de Staël, De la littérature…, 1810) *** « Je suis le premier qui ait fait descendre la poésie du Parnasse et qui ait donné à ce qu'on nommait la muse, au lieu d'une lyre à sept cordes de convention, les fibres mêmes du coeur de l'homme, touchées et émues par les innombrables frissons de l'âme et de la nature. » (Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques, 1820) *** « L’art ne fait que de vers. Le cœur seul est poète. » (André Chénier) UNITÉ 3 : LE PRÉROMANTISME Le Préromantisme (1800-1820) représente la période de transition qui couvre la seconde moitié du XVIIIe siècle, l’Empire et le début de la Restauration. La production littéraire sous l’Empire a donné à la postérité ses titres comme une collection de prénoms: Corinne (1807), Adolphe (1816), René (1802), Oberman (1804), les romans se présentant comme libres récits d’un Moi qui se dit unique: « Je dois rester, affirme 13 Cet échec représente un symptôme du déclin de la littérature romantique. le héros principal d’Oberman, quoi qu’il arrive, toujours le même et toujours moi: tel que je me sens, tel que je veux être ». Les traits des romans personnels : - l’affirmation résolue de l’originalité fondamentale de l’individu. Le retour du « Moi » s’effectue sur tous les terrains, le romantisme allemand contribuant à cet épanouissement de l’égotisme: Les souffrances du jeune Werther (1774) de Goethe influence les romanciers français au même titre que les Confessions de Rousseau. - le culte du sentiment et de la sensibilité; ils opèrent avec une nouvelle hiérarchie des facultés humaines, la première place étant tenue non pas par la raison, mais par les valeurs affectives. - la suprématie de l’imagination, considérée comme faculté essentiellement créatrice ; - la création d’une littérature du refuge (passé, histoire, nature, rêve, amour). Ils imposent ainsi un type de lyrisme personnel, tout en exaltant le Moi, placé au centre de l’écriture. Ce lyrisme traduit aussi un large mouvement de communion avec la nature et avec l’humanité tout entière. Omniprésent dans ces récits, le Moi se cherche et se déchire, en proie à ses doutes ou à ses désirs contraires. Rien d’étonnant, donc, que ces œuvres soient d’inspiration autobiographique. L’exemple de Chateaubriand est, à cet égard, le plus représentatif. Avant d’entreprendre la grande fresque des Mémoires d’Outre-Tombe, où il voudra « expliquer son inexplicable cœur », il avait essayé dans René d’élucider cet étrange sentiment dangereux et délicieux à la fois, « le vague des passions », qui implique l’existence d’un Moi souffrant aussi. Ennui, insatisfaction, impuissance, complaisance narcissique, sentiment de frustration et d’incompréhension, sentiments complexes dont l’analyse se fait douloureusement, voilà, en grand, les coordonnées majeures de ce que Chateaubriand appelle « vague des passions », « mal du siècle » et Benjamin Constant, « une des principales maladies morales du siècle ». François-René de Chateaubriand connaît une adolescence rêveuse et mélancolique, sous l’autorité d’un père triste et distant, vieil aristocrate ruiné figé dans les préjugés de sa caste. Son œuvre, d’une importance fondamentale pour le développement du romantisme, est étroitement liée à l’histoire de son temps. La Révolution le contraint à s’enfuir. Lié à l’Ancien Régime par ses origines et son éducation dans le vieux manoir seigneurial de Combourg (en Bretagne), Chateaubriand connaît l’émigration et ses misères: Il part en Amérique (1791) puis s’exile à Londres (1793-1800), après avoir combattu dans l’armée des émigrés. C’est à cette époque qu’il commence à écrire. L’hostilité de Napoléon 1er lui vaut bien des déboires et il doit vite renoncer à la charge d’ambassadeur à Rome (1804). Il achève son existence dans une solitude ombrageuse, se consacrant surtout à la rédaction des ses Mémoires d’outre-tombe. Cet homme qui vécut persuadé d’être l’un des derniers représentants d’un monde révolu, égaré dans l’aube des temps modernes, meurt à Paris, à l’âge de quatre-vingts ans. Analysant le « vague des passions », l’auteur y voit un véritable « mal du siècle », fatalement préparé par la destruction des anciennes valeurs et par l’affaiblissement du mysticisme chrétien. Il contribue par là à populariser quelques-unes des idées les plus importantes du courant romantique, déjà répandues en Europe par Les Souffrances du jeune Werther de Goethe. Atala ou Les Amours de deux sauvages dans le désert est un récit marqué par l’influence du roman exotique de la fin du XVIIIe siècle (Paul et Virginie) et par le mythe du bon sauvage, mais il révèle surtout aux contemporains l’envoûtement d’une prose poétique parfaite: par l’harmonie des sonorités, le style de Chateaubriand suggère la beauté des paysages américains comme l’ardeur des passions; Chactas, vieillard aveugle, y raconte sa vie à René, jeune Français venu chercher aux Amériques un soulagement aux passions qui lui rongent le cœur. Le roman René est une sorte de confession où le héros veut faire comprendre les sentiments confus et douloureux qui l’obsèdent depuis l’enfance, son dégoût profond de l’existence: « Mon chagrin était devenu une occupation qui remplissait tous mes moments: tant mon cœur est naturellement pétri d’ennui et de misère ». Il est un jeune homme tourmenté, victime du « vague des passions » et dont l’existence est vouée au malheur. Même si Chateaubriand condamnera plus tard les rêveries mélancoliques de son héros, toute une génération se reconnaîtra en René dont le désespoir et l’ennui définissent le « mal du siècle »: « Je vois un jeune homme entêté de chimères, à qui tout déplaît, et qui s’est soustrait aux charges de la société pour se livrer à d’inutiles rêveries, dit, à un moment donné, le père Souël. On n’est point, monsieur, un homme supérieur parce qu’on aperçoit le monde sous un jour odieux. On ne hait les hommes et la vie que faute de voir assez long. Étendez un peu votre regard, et vous serez bientôt convaincu que tous ces maux dont vous vous plaignez sont de purs néants… Que faites-vous seul au fond des forêts où vous consumez vos jours, négligeant tous vos devoirs? La solitude est mauvaise à celui qui n’y vit pas avec Dieu (…) Quiconque a reçu des forces doit les consacrer au service de ses semblable; s’il les laisse inutiles, il en est d’abord puni par une secrète misère, et tôt ou tard le ciel lui envoie un châtiment effroyable ». L’auteur, lui-même, il y ajoutera plus tard, dans ses Mémoires d’Outre-Tombe: « Si René n’existait pas, je ne l’écrirais plus; S’il m’était possible de le détruire, je le détruirais: il a infesté l’esprit d’une partie de la jeunesse, effet que je n’avais pu prévoir, car j’avais au contraire voulu le corriger. Une famille de René poètes et de René prosateurs a pullulé; on n’a plus entendu bourdonner que des phrases lamentables et décousues; il n’a plus été question que de vents d’orage, de maux inconnus livrés aux nuages et à la nuit; il n’y a pas de grimaud sortant du collège qui n’ait rêvé d’être le plus malheureux des hommes, qui, à 16 ans, n’ait épuisé la vie, qui ne se soit cru tourmenté par son génie, qui, dans l’abîme de ses pensées, ne se soit livré au vague de ses passions (…) qui n’ait étonné les homme stupéfaits d’un malheur dont il ne savait pas le nom, ni eux non plus ». Le Génie du Christianisme, dont la parution coïncide avec le Concordat et la restauration du culte catholique, marque le retour du sentiment religieux. S’adressant, non à la raison, mais à la sensibilité et à l’imagination, Chateaubriand veut ramener ses lecteurs au christianisme en exaltant ses beautés et sa valeur civilisatrice. Sur le plan littéraire, Chateaubriand affirme la supériorité des auteurs modernes sur les Anciens parce que la religion chrétienne leur permet d’approfondir la connaissance de l’âme humaine. Le christianisme, la peinture d’une nature dont la beauté prouve l’existence de Dieu sont donc les sources d’inspiration privilégiées des artistes modernes et Chateaubriand écrit en 1808 une épopée chrétienne, Les Martyrs ; rompant avec les traditions classiques, Le Génie du Christianisme entendait ainsi ouvrir une voie nouvelle. Les Mémoires d’Outre-Tombe est un ouvrage entrepris dès 1807 et achevée en 1841, qui ne parut qu’après la mort de son auteur, sous forme de feuilleton, dans le journal Presse (1848-1850). Les Mémoires ne sont pas seulement une autobiographie, réfléchissant sur son destin, dressant un parallèle entre lui et Bonaparte. Chateaubriand nous livre une vaste méditation sur l’histoire et donne de remarquables portraits de ses contemporains. Par les correspondances établies entre des impressions ressenties à plusieurs moments de sa vie, il commence une analyse de la mémoire sensitive que l’œuvre de Proust reprendra. L’œuvre comporte quatre parties: Dans la première partie, l’évocation de la jeunesse et des voyages de l’écrivain (17741799) trouve ses moments forts dans les souvenirs de l’enfance à Combourg. La relation du séjour en Amérique est aussi le sujet de quelques grandes pages. La seconde partie peint les débuts littéraires de Chateaubriand et analyse la genèse de ses idées et de ses premiers ouvrages (1800-1814). L’histoire reprend le devant de la scène dans la troisième partie. L’auteur y distingue deux périodes, l’Empire (1800-1815) et la Restauration (1815-1830). Tout en criblant de ses traits le régime impérial, Chateaubriand avoue une certaine admiration pour Bonaparte, dont le génie fait mieux ressortir à ses yeux la terrible médiocrité des hommes acquis à la monarchie. La quatrième partie constitue une sorte de bilan. Elle embrasse dans une vaste synthèse la vie de Chateaubriand tout entière et la met en perspective dans le cours de l’histoire, où il a été témoin et acteur. Écrits en pleine période romantique, Les Mémoires d’Outre-Tombe traduisent le parfait achèvement du style de Chateaubriand et restent un témoignage très vivant sur son époque. Plus qu’une simple autobiographie, cet ouvrage fait du temps historique lui-même, interférant dans l’expérience vécue, un matériau poétique et romanesque: Le rôle décisif des « romanciers du moi » a été de systématiser les choix, les principes et les obsessions de toute la génération romantique. Senancour, Madame de Staël, Benjamin Constant ou Chateaubriand affirment pour la première fois la détermination et les déchirements du XIXe siècle. Groupement de textes à observer et à analyser « Ce jour, je m’égarais sur de grandes bruyères terminées par des forêts. Qu’il fallait peu de chose à ma rêverie : une feuille séchée que le vent chassait devant moi, une cabane dont la fumée s’élevait dans la cime dépouillée des arbres, la mousse qui tremblait au souffle du nord sur le tronc d’un chêne, une roche écartée, un étang désert où le jonc fleuri murmurait ! Le clocher militaire, s’élevant au loin dans la vallée, a souvent attiré mes regards ; souvent j’ai suivi des yeux les oiseaux de passage qui volaient au-dessus de ma tête. Je me figurais les bords ignores, les climats lointains où ils se rendent ; j’aurais voulu être sur leurs ailes. Un secret intime me tourmentait ; je sentais que je n’étais moi-même qu’un voyageur ; mais une voix du ciel semblait me dire : Homme, la saison de ta migration n’est pas encore venue ; attends que le vent de la mort se lève, alors tu déploieras ton vol vers ces régions inconnues que ton cœur demande. Levez-vous vite, orages désirés, qui devez emporter René dans les espaces d’une autre vie ! Ainsi disant, je marchais à grands pas, le visage enflammé, le vent sifflant dans ma chevelure, ne sentant ni pluie ni frimas, enchanté, tourmenté, et comme possédé par le démon de mon cœur. » (Chateaubriand, René) *** « Il reste à parler d’un état de l’âme qui, ce nous semble, n’a pas encore été observé : c’est celui qui précède le développement des passions, lorsque nos facultés, jeunes, actives, entières, mais renfermées, ne se sont exercées que sur elles-mêmes, sans but et sans objet. Plus les peuples avancent en civilisation, plus cet état du vague des passions augmente ; car il arrive alors une chose fort triste : le grand nombre d’exemples qu’on a sous les yeux, la multitude de livres qui traitent de l’homme et de ses sentiments rendent habile sans expérience. On est détrompé sans avoir joui ; il reste encore des désirs, et l’on n’a plus d’illusions. L’imagination est riche, abondante et merveilleuse ; l’existence pauvre, sèche et désenchantée. On habite avec un cœur plein un monde vide, et sans avoir usé de rien on est désabusé de tout. » (Chateaubriand, Génie du christianisme, 1802) *** « Hier au soir je me promenais seul ; le ciel ressemblait à un ciel d'automne ; un vent froid soufflait par intervalles. A la percée d'un fourré, je m'arrêtai pour regarder le soleil : il s'enfonçait dans des nuages au-dessus de la tour d'Alluye, d'où Gabrielle, habitante de cette tour, avait vu comme moi le soleil se coucher il y a deux cents ans. Que sont devenus Henri et Gabrielle ? Ce que je serai devenu quand ces Mémoires seront publiés. Je fus tiré de mes réflexions par le gazouillement d'une grive perchée sur la plus haute branche d'un bouleau. A l'instant, ce son magique fit reparaître à mes yeux le domaine paternel. J'oubliai les catastrophes dont je venais d'être le témoin, et, transporté subitement dans le passé, je revis ces campagnes où j'entendis si souvent siffler la grive. Quand je l'écoutais alors, j'étais triste de même qu'aujourd'hui. Mais cette première tristesse était celle qui naît d'un désir vague de bonheur, lorsqu'on est sans expérience ; la tristesse que j'éprouve actuellement vient de la connaissance des choses appréciées et jugées. Le chant de l'oiseau dans les bois de Combourg m'entretenait d'une félicité que je croyais atteindre ; le même chant dans le parc de Montboissier me rappelait des jours perdus à la poursuite de cette félicité insaisissable. Je n'ai plus rien à apprendre, j'ai marché plus vite qu'un autre, et j'ai fait le tour de la vie. Les heures fuient et m'entraînent ; je n'ai pas même la certitude de pouvoir achever ces Mémoires. Dans combien de lieux ai-je déjà commencé à les écrire, et dans quel lieu les finirai-je ? Combien de temps me promènerai-je au bord des bois ? Mettons à profit le peu d'instants qui me restent ; hâtons-nous de peindre ma jeunesse, tandis que j'y touche encore : le navigateur, abandonnant pour jamais un rivage enchanté, écrit son journal à la vue de la terre qui s'éloigne et qui va bientôt disparaître. » (Chateaubriand, Mémoires d’outretombe, I, 3, 1848) *** « J’avais, je crois, quatorze, quinze et dix-sept ans lorsque je vis Fontainebleu. Après une enfance casanière, inactive et ennuyée, si je sentais en homme à certains égards, j’étais enfant à beaucoup d’autres. Embarrassé, incertain ; pressentant tout peut-être, mais ne connaissant rien ; étranger à ce qui m’environnait, je n’avais d’autre caractère décidé que d’être inquiet et malheureux. La première fois je n’allai point seul dans la forêt ; je me rappelle peu de ce que j’y éprouvai, je sais seulement que je préférai ce lieu à tous ceux que j’avais vus, et qu’il fut le seul où je désirai de retourner. L’année suivante, je parcourus avidement ces solitudes ; je m’y égarais à dessein, content lorsque je n’apercevais aucun chemin fréquenté. Quand j’atteignais l’extrémité de la forêt, je voyais avec peine ces vastes plaines nues et ces clochers dans l’éloignement. Je retournais aussitôt, je m’enfonçais dans le plus épais du bois ; et quand je trouvais un endroit découvert et fermé de toutes parts, où je ne voyais que des sables et des genièvres, j’éprouvais un sentiment de paix, de liberté, de joie sauvage, pouvoir de la nature sentie pour la première fois dans l’âge facilement heureux. Je n’étais pas gai pourtant : presque heureux, je n’avais que l’agitation du bien-être. Je m’ennuyais en jouissant, et je rentrais toujours triste. Plusieurs fois j’étais dans les bois avant que le soleil parut. Je gravissais les sommets encore dans l’ombre ; je me mouillais dans la bruyère pleine de rosée ; et quand le soleil paraissait, je regrettais la clarté incertaine qui précède l’aurore. J’aimais les fondrières, les vallons obscurs, les bois épais ; j’aimais les collines couvertes de bruyère ; j’aimais beaucoup les grès renversés et les rocs ruineux ; j’aimais bien plus ces sables vastes et mobiles, dont nul pas d’homme ne marquait l’aride surface sillonnée ça et là par la trace inquiète de la biche ou du lièvre en fuite. Quand j’entendais un écureuil, quand je faisais partir un daim, je m’arrêtais, j’étais assez bien, et pour un moment je ne cherchais plus rien. C’est à cette époque que je remarquai le bouleau, arbre solitaire qui m’attristait déjà et que depuis je ne rencontre jamais sans plaisir. J’aime le bouleau ; j’aime cette écorce blanche, lisse et crevassée, cette tige agreste, ces branches qui s’inclinent vers la terre, la mobilité des feuilles, et tout cet abandon, simplicité de la nature, attitude des déserts. Temps perdus, et qu’on ne saurait oublier ! Illusion trop vaine d’une sensibilité expansive ! Que l’homme est grand dans son inexpérience ; et qu’il serait fécond, si le regard froid de son semblable, si le souffle aride de l’injustice ne venait pas sécher son cœur ! J’avais besoin de bonheur. J’étais né pour souffrir. Vous connaissez ces jours sombres, voisins des frimas, dont l’aurore elle-même, épaississant les brumes, ne commence la lumière que par des traits sinistres d’une couleur ardente sur les nues amoncelées. Ce voile ténébreux, ces rafales orageuses, ces lueurs pâles, ces sifflements à travers les arbres qui plient et frémissent, ces déchirements prolongés semblables à des gémissements funèbres ; voilà le matin de la vie ; à midi, des tempêtes plus froides et plus continues ; le soir, des ténèbres plus épaisses ; et la journée de l’homme est achevée. » (Senancour, Oberman, Lettre XI, 1804) *** « La nuit descendait ; les roseaux agitaient leurs champs de quenouilles et de glaives, parmi lesquels la caravane emplumée, poules d'eau, sarcelles, martins-pêcheurs, bécassines, se taisait ; le lac battait ses bords ; les grandes voix de l'automne sortaient des marais et des bois : j'échouais mon bateau au rivage et retournais au château. Dix heures sonnaient. A peine retiré dans ma chambre, ouvrant mes fenêtres, fixant mes regards au ciel, je commençais une incantation. Je montais avec ma magicienne sur les nuages : roulé dans ses cheveux et dans ses voiles, j'allais, au gré des tempêtes, agiter la cime des forêts, ébranler le sommet des montagnes, ou tourbillonner sur les mers, plongeant dans l'espace, descendant du trône de Dieu aux portes de l'abîme, les mondes étaient livrés à la puissance de mes amours. Au milieu du désordre des éléments, je mariais avec ivresse la pensée du danger à celle du plaisir. Les souffles de l'aquilon ne m'apportaient que les soupirs de la volupté ; le murmure de la pluie m'invitait au sommeil sur le sein d'une femme. Les paroles que j'adressais à cette femme auraient rendu des sens à la vieillesse, et réchauffé le marbre des tombeaux. Ignorant tout, sachant tout, à la fois vierge et amante, Eve innocente, Eve tombée, l'enchanteresse par qui me venait ma folie était un mélange de mystères et de passions : je la plaçais sur un autel et je l'adorais. L'orgueil d'être aimé d'elle augmentait encore mon amour. Marchait-elle? Je me prosternais pour être foulé sous ses pieds, ou pour en baiser la trace. Je me troublais à son sourire ; je tremblais au son de sa voix, je frémissais de désir, si je touchais ce qu'elle avait touché. L'air exhalé de sa bouche humide pénétrait dans la moelle de mes os, coulait dans mes veines au lieu de sang. Un seul de ses regards m'eût fait voler au bout de la terre ; quel désert ne m'eût suffi avec elle ! » (Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, I, 3, 1848) *** « Bonaparte n’est point grand par ses paroles, ses discours, ses écrits, par l’amour des libertés qu’il n’a jamais eu et n’a jamais prétendu établir ; il est grand pour avoir créé un gouvernement régulier et puissant, un code de lois adopté en divers pays, des cours de justice, des écoles, une administration forte, active, intelligente, et sur laquelle nous vivons encore ; il est grand pour avoir fait renaître en France l’ordre, pour avoir relevé les autels, pour avoir réduit de furieux démagogues, d’orgueilleux savants, des littératures anarchiques, des athées voltairiens, des orateurs de carrefours, pour les avoir réduits à servir sous lui ; il est grand surtout pour être né de lui seul, pour avoir su, sans autre autorité que celle de son génie, pour avoir su, lui, se faire obéir par trente-six millions de sujets à l’époque où aucune illusion n’environne les trônes. » (Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, livre XXIV de la troisième partie) *** « Que ne puis-je m’enfermer dans cette ville en harmonie avec ma destinée, dans cette ville des poètes, où Dante, Pétrarque, Byron, passèrent ! Que ne puis-je achever d’écrire mes Mémoires à la lueur du soleil qui tombe sur ces pages ! L’astre brûle encore dans ce moment mes savanes floridiennes et se couche ici à l’extrémité du grand canal. Je ne le vois plus ; mais à travers une clairière de cette solitude de palais, ses rayons frappent le globe de la Douane, les antennes des barques, les vergues des navires, et le portail du couvent de SaintGeorges-Majeur. La tour du monastère, changée en colonne de rose, se réfléchit dans les vagues ; la façade blanche de l’église est si fortement éclairée, que je distingue les plus petits détails du ciseau. Les enclôtures des magasins de la Giudecca sont peintes d’une lumière titienne, les gondoles du canal et du port nagent dans la même lumière. Venise est là, assise sur le rivage de la mer, comme une belle femme qui va s’éteindre avec le jour : le vent du soir soulève ses cheveux embaumés ; elle meurt saluée par toutes les grâces et tous les sourires de la nature. » (Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, livre VII de la quatrième partie) UNITÉ 4 : LE LYRISME ROMANTIQUE (I) Alphonse-Marie de Lamartine La jeunesse de Lamartine est exclusivement provinciale. Il voyage en Italie et en Suisse (1811-1815), connaît une vie sentimentale particulièrement agitée. Ses œuvres poétiques lui assurent rapidement une grande célébrité. Secrétaire d’ambassade à Naples (1820), il se marie avec une riche Anglaise, Maria-Anna-Eliza Birch (1820). Il continue à sillonner l’Europe et à publier des vers. 1830 le voit en même temps entrer à l’Académie française et renoncer à sa carrière de diplomate. Il se range dans l’opposition libérale et conquiert une réelle popularité. Quand la révolution de 1848 renverse Louis-Philippe, il joue un rôle important dans la naissance de la seconde République. Mais il éprouve un échec sévère lorsqu’il se présente aux élections pour la présidence de la République. Il assiste, impuissant et désabusé, au coup-d’état de Louis Napoléon Bonaparte (1851). Aigri et ruiné, il doit vivre des seuls revenus de sa plume et mène une vie triste et obscure. Il meurt à l’âge de soixante-dix-neuf ans. Œuvres principales : 1820: Méditations poétiques; 1823: Nouvelles Méditations poétiques; 1830: Harmonies poétiques et religieuses; 1835: Souvenirs, impressions, pensées et paysages pendant un voyage en Orient; 1836: Jocelyn; 1838: La Chute d’un ange; 1839: Recueillements poétiques; 1847: Histoire des Girondins; 1856-1857: La Vigne et la Maison; 1859: Cours familier de littérature. Lamartine donne à ses contemporains le sentiment d’une véritable révolution poétique en publiant en 1820 Les Méditations poétiques qui ont connu immédiatement un succès immense. Ce recueil est d’abord l’expression de la douleur du poète dont l’amour pour Elvire (Julie Charles dans la réalité) a été brisé par la mort de celle-ci, tout comme du désir de retrouver, avec la foi, la paix de l’âme. Les Méditations expriment, sur le ton de l’élégie: -les émotions liées à ce drame sentimental et la protestation devant la fuite implacable du temps (L’Isolement, Le Lac); -l’amour de la nature, à la fois confidente et consolatrice, dont les paysages sont autant de reflets subtilement accordés à l’état d’âme du poète (Le Vallon, L’Automne); -l’inquiétude religieuse d’une âme qui fait taire ses doutes pour chanter son besoin d’infini (L’Homme, L’Immortalité). Développant tous les nouveaux thèmes romantiques, Les Méditations sont encore, dans la forme, très marquées par le classicisme (périphrases, allusions mythologiques, invocations oratoires) mais la musicalité du vers est souvent remarquable. Ce lyrisme élégiaque se retrouve dans Les Harmonies poétiques et religieuses (1830) et, beaucoup plus tard, dans La Vigne et la Maison (1857). Le recueil Harmonies poétiques et religieuses voudrait approfondir la réflexion déjà amorcée dix ans plus tôt, dans les Méditations poétiques. L’auteur s’y rapproche de l’humanisme chrétien qui anime un fort courant de l’opposition libérale contre le régime de la Restauration. Il prétend, dans ses Harmonies, avoir voulu « reproduire un grand nombre des impressions de la nature et de la vie sur l’âme humaine » qui « auraient toutes été se perdre et se reposer dans la contemplation de Dieu ». Composée d’une soixantaine de poèmes répartis en quatre livres, l’œuvre est pleine de thèmes généralement chers à Lamartine: l’écoulement du temps, la mélancolie, les touchants spectacles de la nature et l’inquiétude métaphysique: les destinées de l’homme, sa place dans l’univers, son aspiration vers l’absolu. Il dresse, dans ce recueil, une véritable symphonie à la gloire de Dieu, tout en y exprimant la sécurité d’une âme qui croit à la Providence et qui se confie à elle. On retrouve donc dans les Harmonies poétiques et religieuses les éléments fondamentaux d’un romantisme déjà fortement marqué dans les premiers vers du poète. Mais le lyrisme s’épanche là plus volontiers que l’abstraction philosophique et donne à l’ouvrage un aspect plus sincère et plus libre. Si la religion tient une place essentielle, ce n’est pas en tant que doctrine, mais plutôt pour communiquer à la parole poétique la ferveur d’un véritable élan mystique vers l’idéal et vers l’universel. Romantique par excellence, Lamartine cherche son inspiration surtout dans l’amour, la mélancolie, la nature et la foi. Il écrit une poésie très suggestive, dont la musicalité parfaite, l’harmonie, la vigueur et la fluidité semblent traduire « la musique de l’âme ». Le « moi » parlant se trouve toujours au centre de l’expression poétique. Il n’est pas le sujet d’une aventure personnelle, mais réunit dans son expression l’universalité et l’éternité de l’humanité immuable. Sans perdre sa force, le « je » peut être dilué dans ses équivalences collectives ou impersonnelles, car tout sujet universel et immuable est confronté au changement du temps et du monde. Une large part de la poétique lamartinienne réside dans la dialectique de l’expansion infinie, qui peut avoir des formes diverses; dans le temps, cette dialectique se manifeste comme le désespoir de la fuite du temps, opposé aux règles de la fixité (Le Lac) et dans l’espace, elle se manifeste dans la prédilection pour certains endroits de recueillement, offrant une véritable protection du monde (Le Vallon). Les thèmes privilégiés du lyrisme lamartinien sont: -la nature, placée entre le foyer (ayant une valeur rassurante et nostalgique à la fois, qui lui confère de la protection et de la chaleur) et le désert (symbolisant les menaces obscures d’un monde aride, vide, triste). -le temps, représentant une vraie obsession; le poète traite de la fuite du temps et de ses effets désastreux sur l’homme. -la nature éphémère de l’homme, opposée à la nature éternelle; -la mort, vue souvent comme un allègement des souffrances et comme une forme d’évasion; -le sentiment religieux: parfois le poète entre en conflit avec le déisme, résumé dans l’opposition religion/foi. Dans le recueil Voyage en Orient, il fait l’éloge d’une autre religion, en l’occurrence d’Islam, où il voit un catholicisme purifié; dans certains de ses poèmes, il retrouve la forme religieuse de l’invocation (à Dieu, à la vie, à la mort, à l’âme, au temps, à la nuit). D’autres thèmes récurrents sont: le rêve, l’amour, le passé et l’avenir, le souvenir de l’enfance, la condition humaine, la poésie comme source d’immortalité, la condition de l’homme supérieur. La force de la poésie lamartinienne réside dans la netteté des images, dans la parfaite fluidité, dans la précision des figures, dans la musicalité de ses vers etc. Sa poésie ressemble à celle de Racine: les concepts les plus familiers se mêlent aux substances poétiques qui ont surtout une valeur d’amplification et cela crée l’impression d’un académisme un peu précieux. Poète du moi et de la cité, Lamartine a doté la poésie romantique de deux territoires lyriques: le lyrisme personnel et l’inspiration sociale. Groupement de textes à observer et à analyser Salut ! bois couronnés d'un reste de verdure ! Feuillages jaunissants sur les gazons épars ! Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature Convient à la douleur et plaît à mes regards ! Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire, J'aime à revoir encore, pour la dernière fois, Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière Perce à peine à mes pieds l'obscurité des bois ! Oui, dans ces jours d'automne où la nature expire, A ses regards voilés, je trouve plus d'attraits, C'est l'adieu d'un ami, c'est le dernier sourire Des lèvres que la mort va fermer pour jamais ! Ainsi, prêt à quitter l'horizon de la vie, Pleurant de mes longs jours l'espoir évanoui, Je me retourne encore, et d'un regard d'envie Je contemple ses biens dont je n'ai pas joui ! Terre, soleil, vallons, belle et douce nature, Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau ; L'air est si parfumé ! la lumière est si pure ! Aux regards d'un mourant le soleil est si beau ! Je voudrais maintenant vider jusqu'à la lie Ce calice mêlé de nectar et de fiel ! Au fond de cette coupe où je buvais la vie, Peut-être restait-il une goutte de miel ? Peut-être l'avenir me gardait-il encore Un retour de bonheur dont l'espoir est perdu ? Peut-être dans la foule, une âme que j'ignore Aurait compris mon âme, et m'aurait répondu ? ... La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire ; A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux ; Moi, je meurs; et mon âme, au moment qu'elle expire, S'exhale comme un son triste et mélodieux. (Alphonse de Lamartine, L'automne) *** Mon cœur, lassé de tout, même de l'espérance, N'ira plus de ses vœux importuner le sort ; Prêtez-moi seulement, vallon de mon enfance, Un asile d'un jour pour attendre la mort. Voici l'étroit sentier de l'obscure vallée : Du flanc de ces coteaux pendent des bois épais, Qui, courbant sur mon front leur ombre entremêlée, Me couvrent tout entier de silence et de paix. Là, deux ruisseaux cachés sous des ponts de verdure Tracent en serpentant les contours du vallon ; Ils mêlent un moment leur onde et leur murmure, Et non loin de leur source ils se perdent sans nom. La source de mes jours comme eux s'est écoulée ; Elle a passé sans bruit, sans nom et sans retour : Mais leur onde est limpide, et mon âme troublée N'aura pas réfléchi les clartés d'un beau jour. La fraîcheur de leurs lits, l'ombre qui les couronne, M'enchaînent tout le jour sur les bords des ruisseaux, Comme un enfant bercé par un chant monotone, Mon âme s'assoupit au murmure des eaux. (Lamartine, Le Vallon) Alfred de Vigny Alfred de Vigny est le fils d’un vieil officier de carrière et sa jeunesse fut bercée par les gloires de l’Empire. Malheureusement, il entre dans l’armée au début da la Restauration et, étouffant dans la triste vie des garnisons, il n’y trouve aucune des satisfactions attendues. Il se met alors à écrire et fréquente les milieux romantiques, tout comme les cénacles conservateurs des frères Deschamps et de Hugo, où il lit en 1822 ses premiers Poèmes. Après avoir participé à la l’intervention avortée, en Espagne (1823), il se marie avec une jeune Anglaise et quitte l’armée pour se consacrer à la littérature. Ses romans, ses poèmes et ses pièces de théâtre lui valent quelque succès. Il s’éprend de l’actrice Marie Dorval avec qui il entretient une liaison dont il sort très meurtri (1827-1835). Sous la Monarchie de Juillet, des crises affectives (maladie de sa femme, liaison tourmentée avec Marie Dorval et mort de sa mère) inscrivent son écriture sous le signe d’un pessimisme encore plus profond. Élu difficilement à l’Académie française (1845), il fait quelques incursions infructueuses dans la politique (1848-1849). Il se réfugie enfin dans une existence austère et secrète, composant des œuvres qui ne seront publiées qu’après sa mort, survenue à l’âge de soixante-six ans, un an après sa femme. Vigny a eu une existence marquée par des désillusions successives. Déçu dans sa vie militaire (voir son recueil de nouvelles Servitude et Grandeur militaire, 1835) comme dans ses ambitions politiques, il trouve sans doute une compensation dans la création littéraire. Œuvres principales : 1822: Poèmes; 1826 (et complétés en 1837): Les Poèmes antiques et modernes et Cinq-Mars (roman historique); 1829: Othello (théâtre); 1829: Le More de Venise (drame); 1832: Stello (drame); 1835:Chatterton (drame); Servitude et grandeur militaires (récits); 1835: 1843: La Mort du loup; 1844: Le Mont des Oliviers, La Maison du berger; 1854: La Bouteille à la mer; 1864: Édition posthume du poème La Colère de Samson et du recueil des Destinées; 1867: Édition posthume du Journal d’un poète. Tout en conservant les thèmes principaux de ses contemporains (désarroi moral, pessimisme, misère de la condition poétique etc.), Les Poèmes antiques et modernes évoquent les grandes étapes de l’histoire de l’humanité. Recourant au procédé du symbole, Vigny y développe une réflexion philosophique sur le sens de la vie humaine: de ce recueil inégal se détache notamment le poème Moïse où Vigny fait du prophète biblique le symbole de l’homme de génie voué à la solitude: « Ce grand nom de Moïse ne sert que de masque à un homme de tous les siècles et plus moderne qu’antique: l’homme de génie, las de son éternel veuvage et désespéré de voir la solitude plus vaste et plus avide à mesure qu’il grandit. Fatigué de sa grandeur, il demande le néant. » Ce recueil est réparti en trois groupes: Livre mystique (Moïse, Eloa, Le Déluge), Livre antique (La Fille de Jephté, La Dryade, Symétha, Le bain d’une dame romane) et Livre moderne (Le Cor, La Neige, Dolorida, La Frégate, Paris etc.). Le recueil, qui reprend la plupart des Poèmes de 1822, est inégal et témoigne de l’influence de Byron, de Chénier et de Chateaubriand. Sa principale originalité réside dans l’emploi fréquent du procédé du symbole et dans la réflexion philosophique (le caractère sublime de la pitié et de l’amour, la solitude du génie, les rapports de Dieu et de l’humanité). Vigny y semble déjà obsédé par l’injustice de la Toute-puissance, idée qu’il va reprendre et développer dans les poèmes des Destinées. Les Destinées (dont le sous-titre est Poèmes philosophiques), réunissent onze poèmes approfondissant la réflexion philosophique de l’auteur dans le sens du pessimisme. L’œuvre se présente donc comme une vaste méditation sur la fatalité et sur le déterminisme qui enchaînent la condition de l’homme à des nécessités supérieures, métaphysiques, historiques ou morales. Le poète traduit sa pensée à travers de puissants symboles comme La Mort du loup ou La Bouteille à la Mer. Le pessimisme de Vigny se moue dans l’idée que la grandeur de l’homme de génie possède un revers: la solitude. C’est le message de Moïse, héros du premier texte des Poèmes antiques et modernes. Pour supporter la solitude et pour trouver la force d’accomplir leur mission, les esprits supérieurs ne disposent pas du soutien des autres romantiques (nature, fraternité, liberté) et ils sont seuls avec leur mission. Le poète subit donc la fatalité tragique qui est la rançon de son talent. En même temps, il est marqué par le sceau de la souffrance, appliqué à toute l’humanité. De plus, il doit affronter l’incompréhension et le mépris des autres et, pour y résister, il doit se réfugier dans une sainte solitude, qui n’est pas égoïsme, mais nécessité. La société au milieu de laquelle l’homme de génie est obligé à évoluer est de plus en plus enfoncée dans le matérialisme, condamnant tout ce qui incarne l’esprit. La femme est caractérisée par une ambiguïté redoutable, pouvant être ange (Eva, dans La Maison du Berger, incarnant l’amour idéal) ou démon (Dalila, dans Samson, qui est une séductrice satanique, être impur du corps et de l’âme) et la nature, grandiose et amicale en apparence, est, en fait, totalement indifférente et insensible à la souffrance humaine. L’existence de l’homme, à l’appel duquel Dieu ne répond pas (Le Mont des Oliviers), semble une absurdité dans une nature qui n’est plus que « l’impassible théâtre » de son malheur (La Maison du Berger). Dieu a abandonné les hommes à leur sort et ils n’ont que deux certitudes: la souffrance et la mort; l’auteur évoque aussi la souffrance de l’homme sous le triple angle de la civilisation, de la politique et de la vie sentimentale, mais c’est justement elle, la souffrance, qui lui permet de se hausser jusqu’à l’héroïsme. Vigny est, peut-être, le plus pessimiste des écrivains romantiques, dont la vie a mis le sceau sur l’œuvre littéraire, car il a subi, avant de les décrire, les humiliations du gentilhomme déclassé, de l’officier déçu, du poète incompris et de l’amant trompé. C&rs...

« transformer le réel en fiction. Tous ces bouleversements politiques et sociaux ont des répercussions sur la production littéraire. D’autre part, on assiste au XIX e siècle à une prodigieuse accélération des sciences et au déplacement des limites de la connaissance.

On enregistre toute une série de découvertes techniques, parmi lesquelles les plus importantes visent l’invention de la machine à vapeurs 3, du générateur pour l’énergie (le moteur électrique, Gramm, 1869), de l’antenne (par le Russe Popov), de la photographie (la lumière peut être retenue sur le papier), du phonographe (par l’Améri cain Thomas Edisson), du télégraphe (appareil permettant à transmettre les messages instantanément, inventé par Wheatstone en 1838), du téléphone (Alexandre Graham Bell, 1876), du cinéma (par Louis et Auguste Lumière 4 OD GpFRXYHUWH GHV DQHVWKpVLTXHV GH QRXYHDX[PDWpULDX[HWGHQRXYHOOHVWHFKQLTXHVGHFRQVWUXFWLRQ OHFLPHQWGH3RUWODQGO¶DFLGH DX FRQWHQX GLPLQXp GH FKDUERQ OHV SRQWV VXVSHQGXV OHV JUDWWH -ciels etc.).

De nouvelles théories sont mises en œuvre : celle de l’évolution humaine de Charles Da rwin (1859), la théorie cellulaire des planètes et des animaux de Schreiden et Schwann, la théorie microbienne (dans la médecine) et l’électromagnétisme (la découverte des liaisons entre l’électricité et le magnétisme). Mais il faut observer que l’homme et les sciences dites « humaines » occupent une position de choix dans ce tourbillon d’informations.

L’homme devient « un objet d’investigation scientifique », car de nouveaux champs d’interrogation s’ouvrent à son sujet.

Jusqu’au XVIII e siècle, il était con sidéré comme un être homogène, faisant harmonieusement partie de l’univers ; on lui dessine dès 1800 une nouvelle représentation et il apparaît comme un individu divisé, problématique, qui cache des profondeurs insoupçonnées.

Aussi acquiert -il sur le plan littéraire l’image de l’homme sensible et timide, surtout dans la première moitié du siècle 5.

UNIT É 2 : LE ROMANTISME Le R omantisme apparaît au XIX e siècle comme une esthétique ouverte, « qui porte ses regards à la fois sur le monde extérieur, et sur les profond eurs mystérieuses du moi »6.

Il s’instaure dans le domaine littéraire comme une révolution contre le goût classique 7 et propose des lois qui proclament la liberté créatrice 8 comme principe esthétique essentiel.

Le critique Philippe van Tieghem considère que la doctrine romantique s ’établit en France en deux temps : la première période est dominée par M me de Staël, tandis que la deuxième, qui dure de 1820 à 1830, s’organise autour de la figure de Victor Hugo et de ses objectifs essentiels : le r enouvellement de la technique du théâtre, la proposition d’un nouvel idéal pour la prose, le travail hardi sur la nature de la poésie etc.

Van Tieghem ajoute qu’il y a encore une étape, que va de 1830 à 1850, pendant laquelle on assiste au renouvellement d u contenu d’une œuvre littéraire et à l’établissement d’une philosophie romantique.

Le Romantisme, situé entre 1820 9 et 1850, couvre la fin de la Restauration, la Monarchie de Juillet (le règne de Louis -Philippe) et le début de la II e République.

Il dev ient 3 Cette invention a permis la naissance du chemin de fer. 4 On leur doit aussi le premier procédé commercial de photographie en couleurs (1903). 5 La Renaissance avait imposé l’idéal humain du courtisan, le XVII e siècle – celui de l’honnête homme, tandis que les Lumières avaient promu l’image du philosophe militant.

Dans la deuxième moitié du XIX e siècle est proposé l’idéal humain du savant et du prophète. 6 Philippe van Tieghem, Les grandes doctrines littéraires en France, P.U.F, Paris, 1993, p.

160. 7 Le classicisme est une doctrine littéraire fondée sur l’ordre, la clarté et la discipline. 8 La conclusion de Van Tieghem est très intéressante: il affirme que « le Romantisme est la continuation et l’élargissement du classicisme » ( op.

cit ., p.

158). 9 Cette limite initiale du courant est représentée par la parution des Méditations de Lamartine.. »

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