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LES HISTOIRES DE SAINT MARC

Publié le 14/09/2014

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Jacopo Robusti, dit Tintoret

Jacopo Robusti, fils de teinturier — d'où son surnom de Tintoret — est né à Venise en 1518. Passé briève­ment dans l'atelier de Titien, il déve­loppe bientôt un style autonome, davantage influencé par les exemples maniéristes extra-vénitiens que par la tradition coloriste et classique locale.

Ses peintures se caractérisent par une réduction de la gamme chromatique (elles se limitent volontiers à des effets puissants de lumière et d'obscurité) et par des jeux de perspective spectacu­laires qui développent, en arrière de la scène peinte au premier plan, des enfilades d'architectures étonnam­ment redressées. Les toiles sont souvent de très grandes dimen­sions (ce qui est une particularité de la production vénitienne de la seconde moitié du siècle), et leur effet dramatique est amplifié par la présence de nombreux person­nages animés de mouvements puissants et souvent contradictoires.

Cette peinture révolutionnaire séduit très vite le public vénitien : les personnages importants de la ville commandent leur portrait à Tintoret (Alvise Cornaro, au musée Pitti, à Florence); les confréries le chargent de cycles de peintures très importants (Scuola di San Marco, Scuola di San Rocco); le gouverne­ment de la République s'attache ses services (le Paradis et les autres peintures du palais ducal).

Tintoret meurt à Venise en 1594.

« peintre veut susciter chez le spectateur a pour écho dans le tableau le geste stup éfait du magistrat qui , à droite, sur une estrade, se lève brusquement de sa chaise en écartant les bras.

Une lumière très étrange, éblouissante de blancheur au premier plan, plus naturelle à l ' arrière, renf orce l'aspect théâtral de la scène.

Dans sa force dramatique, cette représentation d'une légende chrétienne n'a pas d'équivalent, en Europe, avant la fin du s iècle - et plus pré­ cisement avant la rep rése ntati on du Martyre de sain t Matth ieu ou de la Conversion de saint Paul , par Caravage, à Rome.

L'œuvre surprit consi ­ dérablement les contemporains et suscita une si violente polémique que les autorités de la Scuola décidèr ent de rendre sa toile au peintre, qui la conserva don c dans son atelier.

Quinze ans plus tard ...

En 1562 cependant, Tintoret, devenu entre temps un des peintres majeurs de Venise, est de nouveau sollicité pour peindre la légende de saint Marc, dans le même lieu.

Les trois toiles qu'il exécute alors suscitent à nouveau la perplexité des Vénitiens.

L'enlèvement du corps de saint Marc montre le rapt du cadavre du saint, supplicié à Alexandrie , en Égypte.

Des chrétiens de la ville profitèrent d'un ouragan pou r soustra ire le corps au bûcher sur lequel les païens s'apprêtaient à le faire brû ­ ler.

En arrière du groupe formé par les dévôts , qui supportent le corps, une perspective vertigi­ neuse s'esquisse, formée par un dallage et par une enfilade d'a rcades fuyant jusqu'à une ligne d'horizon placée très haut.

Une lumière rou ­ geâtre éclaire toute la scène, tandis que sur le côté gauche, s'opposant aux volumes solides des personnages du premier plan, les architec­ tures et les silhouettes des infidèles , affolés par le déchaînement des élémen ts, sont dessinées en blanc, avec une légèreté qui contribue à d on­ ner un aspect fantasmagorique à la scène.

L1/nvent1on (ou la Découverte } du corps de saint Marc utilise aussi une perspective redressée et des jeux de lumièr e et de couleur nouveaux.

La scène est censée se passer en 829, date à laquelle les Vénitiens dérobèrent le corps du saint, enseveli dans la ville où il avait subi le supplice.

Le cadre de l'événement est une crypte plong ée dans une obscurité verdâtre.

Saint Marc sauve un Sarrasin du naufrage, Tin1ore1 , 1568 (Venise, galerie de l'Académie).

Les ténèbres sont modu lées à l'avant par une lumière qui vient de l'extérieur , et, à l'arri ère, par la lueur des torches d'ouvriers qui ouvrent une sépulture.

Dans cette crypte, au premier plan, s'ag itent de hautes silhouette s vêtues de rouge.

Saint Ma rc (à gauche) apparaît pour désigner aux Vénitiens le lieu de son tombeau et guérir un possédé qu'un homme et une femme (à droite) tentent en vain de maîtriser.

La vertigineuse diagonale formée par la pers­ pective de la crypte, la faible et malsaine lumi ère qui baigne le lieu, et enfin la présence, au premier plan, d'un cadavre traité en rac­ courci de sorte à attirer !'attention, tout cela contribue à l'étrangeté du tableau.

La dernière toile, qui montre Saint Marc sau­ vant un Sarrasin du naufrage , est à pein e moins curieuse, avec l'évocation de la barque redres ­ sée à l'oblique sur les flots, les verts et les rouges qui s'opposent, et l' extraordinaire lumière qui enveloppe d 'un halo jaune saint Marc et l'homme qu'il soulève, sur le fond de nuage s ourlés de lueurs blanches.

Un chef-d 'œuvre imposé? C'est le médecin et esthète Tommaso Rangone , nouveau •grand gardien • de la Scuola di San Marco, qui commanda à Tintoret ces œuvres.

L'homme est d'ailleur s représenté à deux reprises dans les toiles : il supp orte les épaules de saint Marc dans /'Enlèvement du corps de saint Marc, et, agenouillé, rend grâce à Dieu dans l'invention du corps de saint Mar c.

Or, les membres de la Scuola semblent n'avoir jamais accepté tout à fait les toiles comma n­ dées par leur grand gardien.

Dès 1573 , en effet, c'est-à-dire sept ans après leur mise en place , les peintures sont décrochées et emportées dans la maison de Rangone.

De là, après quelques semaines, elles sont renvoyées dans l'at elier de Tintoret et l'on demande au pein tre de les modifier.

Peut-être s'agi t-il seulement d' un conflit personnel entre les membres de la confrérie et le gardien : l'une des transforma­ tion s que Tint oret est prié d'accomplir est le remplacement des portraits de Rangone par d'autres personnes.

Mais les toiles, sans avoir subi aucune modification, retrouvent leur place dans la Scuola quelques années plus tard.

En définitive, que se produisit-il , quelles influences jouèrent? Nul ne le sait.

Mais l'incident confirme que les peintures de Tintoret , si nou­ velles de style , eurent bien du mal à être accep­ tées par ses con temp orains, qui manifestèrent, à la fois, le souci de faire travailler le peintre, et celui d'édulcorer ses créations hardies.

Jacopo Robusti, dit Tintoret Jacopo Robustl , fils de teintur ier - d'où son surnom de Tintoret - est né à Veni se en 1518.

Passé briève­ ment dans l'at elie r de Titien , il déve­ loppe bientôt un style autonome , davantage influen cé par les exemples maniéristes extra-vé nitie ns qu e par la tradition co loriste et classique locale .

Ses pe intur es se caracté risent par une réduc tion de la gamme chromat ique (elles se lim itent volontiers à de s effets puissants de lu m ière et d'obsc urité) et pa r des jeux de perspec tive sp ectacu­ laires qui dévelo ppent , en arrière d e la scèn e peinte au premier plan, des enfilades d'architectures étonnam­ ment redressées.

Les toiles so~t souvent de très grandes dimen ­ s ions (ce qu i est une particu larité de la production vénitienne de la seco nde moiti é du siècle) , et leur effet dramatique est amplifié par la prése nce de nombreux person ­ nages animés de mouvemen ts puis san ts et souvent contradic toire s.

Cette peinture révolutionnaire séduit très v ite le public v énitien : les p ers onnag es important s de la ville commandent leur portrait à Tintoret (A/vise Cornaro , au mus ée Pitti , à Florence) ; les co nfréries le c hargent de cyc les de peintures très i mpor tants (Sc uola di San Marco , Scuola di San Roc co ); le gouverne ­ ment de la République s'attache ses se rvices (le Para dis et le s autres peintures du palais ducal) .

Tintoret meurt à Venise en 1594 .

L'Enlèvement du corps de saint Marc, Tintoret , 1568 (Venise, galerie de l'Académie).. »

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