Les mots magiques de Jean Tardieu

Comité national des écrivains et, beaucoup plus tard, il laissera son ami Francis Ponge se rapprocher seul de l’équipe de Tel Quel... À la Libération, c’est en tant que chef des émissions dramatiques qu’il entre à la Radiodiffusion française. Wladimir Porché, à la tête de la RTF, lui confie bientôt l’élaboration d’une émission d’avant-garde, le « Club d’essai », que Tardieu dirigera jusqu’en 1960. Cette année-là, il est promu directeur du programme « France IV-Haute Fidélité », qui deviendra France Musique. Durant les années cinquante, les représentations de ses « cauchemars scéniques » à la Huchette soulignent l’émergence d’une forme théâtrale inédite, à l’instar des recherches menées tambour battant par Eugène Ionesco. Ses pièces rencontrent d’abord un succès confidentiel, avant d’être jouées sur toutes les scènes françaises et étrangères. Traducteur de Goethe et de Hôlderlin, il compose aussi des textes remarquables sur la peinture moderne et l’abstraction. Le grand prix de la poésie, qui lui est décerné en 1972, et celui de la critique, en 1976, saluent chez Jean Tardieu 

Dramaturge, prosateur, critique d’art, Jean Tardieu est l’auteur d’une œuvre à laquelle la quête de la grâce enfantine et le tourment de l’adulte, déchu de ce paradis, confèrent une solide unité. Son seul et noble défi : être poète face à la vie, accomplir son destin en exprimant la faille intime par le rire ou la mélancolie, la plaisanterie triste du clown. Ce virtuose inquiet, cet écrivain de l’indicible, qui reçoit le grand prix national des lettres en 1990, s’est éteint à Créteil le 27janvier 1995, à l’âge de 91 ans.