L'Olympia 1863 Edouard Manet (1832-1883)

Le scandale !

Pour présenter L'Olympia au salon, se souvenant du scandale qu'y avait créé son Déjeuner sur l'herbe, Manet se sent obligé d'attendre 1865. Mais à nouveau la presse accable durement son oeuvre. C'est le tollé ! La technique audacieuse de Manet fut décrite par les journalistes comme maladroite ; on reproche au peintre une absence totale de maîtrise du métier ! Désespéré, rongé de doutes quant à la valeur de son oeuvre, Manet est rassuré par des amis comme Baudelaire ou Zola qui, prenant sa vigoureuse plume, défendra l'oeuvre dont il affichera la reproduction dans son bureau...

Le public, lui, ne comprend pas la nouveauté que représente L'Olympia, ce « premier chef-d'oeuvre dont la foule ait ri d'un rire immense« écrit Bataille. «Jamais avant Manet le divorce du goût public et de la beauté changeante, que l'art renouvelle à tra­vers le temps, n'avait été aussi parfait. Manet ouvre la série noire ; c'est à partir de lui que la colère et les rires publics ont aussi sûre­ment désigné le rajeunissement de la beauté. «

Le naturalisme

C'est non seulement à la technique mais aussi au choix du sujet que s'en prit le public. Or, pour Manet, le sujet importait moins que le tableau lui-même, dès lors tout sujet devenait prétexte à peindre ! Pour le public qui sans doute ne pouvait saisir qu'il fal­lait regarder comment le sujet était peint, bien plus que le sujet lui-même, L'Olympia choquait par son naturalisme. Comment comprendre qu'un artiste puisse s'intéresser à une prostituée aussi