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Man Ray, un «fautographe» ennemi du réel

Publié le 05/12/2018

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Après examen attentif, il s’agit en fait d’une double impression obtenue délibérément en ouvrant deux fois l’objectif et non d’une panne d’électricité comme le raconte Man Ray dans ses Mémoires. Pour « déréaliser » toujours et s’attacher à « une idée plutôt qu’un objet ; un rêve plutôt qu’une idée », Man Ray opère des recadrages au crayon rouge. L’exposition nous présente ces tirages initiaux, annotés de la main de l’artiste. On ne peut que se réjouir de la portée pédagogique de cette exposition qui nous met face aux différentes étapes du travail d’un artiste, à l’intimité et à la rigueur de ses choix. Ainsi, pour « Les Larmes » de Lydie, les deux tirages choisis par Man Ray sont accompagnés de deux études. La première est le visage entier du modèle, les larmes de verre artificiellement collées semblent parsemées au hasard et enlèvent toute force à l’image. Au final, Man Ray cadrera au plus serré sur un seul œil, ne laissant que l’orifice humide et sensuel, car «les poètes, écrira-t-il, ont vu dans l’œil d’une

D’avril à mai 1998, le Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou organisait hors les murs, dans les galeries du Grand Palais, une exposition intitulée « Man Ray, la photographie à l’envers ». Derrière ce titre, il fallait comprendre et découvrir un photographe davantage préoccupé de transgresser le réel que de l’enregistrer mécaniquement. L’accrochage proposait de multiples possibilités de comparaison entre négatifs originaux agrandis et tirage final d’un même sujet, une sorte d’avant et après l’intervention de la main de l’artiste, offert à un public largement séduit.

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