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PETER GRIMES de Benjamin BRITTEN

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

britten

opéra anglais du XXème siècle de Benjamin BRITTEN (1913-1976)

  • opéra en un prologue, trois actes et un épilogue

  • livret anglais de Montagu Slater (d'après le poème de George Crabbe, Le Bourg)

  • créé en 1945 à Londres

 

britten

« ANALYSE une tragédie impressionnante, vivante et sobre Peter Grimes est une tragédie qui met en scène la persécution d'un marginal.

L'opéra est centré autour d'un homme, Peter Grimes, sorte de poète sous ses allures rudes de pêcheur, qui, incapable de se fondre dans la masse, estacculé à la folie et à la mort.

Britten et son librettiste ont transformé le voyou du poème de Crabbe en hérosromantique, incarnant le divorce entre l'individu et la société.

Ce personnage de bouc émissaire, orgueilleux etfruste, prend place entre le marin maudit de Wagner (Le Vaisseau fantôme) et le misérable soldat de Berg (Wozzeck*).

Avec un instinct théâtral très sûr, Britten juxtapose des scènes pittoresques et des scènes méditatives, des scènes intimistes et des scènes collectives, décrivant en arrière-plan du drame, par petitestouches, la vie quotidienne d'un village de pêcheurs : une vie dominée par les ragots et bagarres, où les procèsalternent avec les bals au clair de lune, les soûleries avec les prières.

Britten dénonce la mesquinerie des notables,la cruauté de la foule, mais au-delà, il peint une violence universelle : à la sauvagerie de la masse aveugle, allantjusqu'à organiser une chasse à l'homme (les villageois poursuivant Grimes), répond la brutalité de l'adulte avecl'enfant, de l'homme avec la femme (Grimes maltraitant John puis Ellen), et, plus profondément, le déchaînement indomptable des éléments naturels (la mer). Sur ce sujet à la fois romantique et réaliste, l'écriture musicale, puissante et originale, n'en reste pas moinsclassique.

A l'intérieur d'un discours continu, l'opéra est construit en une série de tableaux découpés en scènesautonomes.

Britten fait alterner les récitatifs, les airs, les ensembles et les choeurs, selon la classique division en«numéros».

Le partage entre l'orchestre et le chant obéit à une esthétique traditionnelle : l'expression est confiée àla voix, tandis que l'orchestre, clair et subtil, joue un rôle de faire-valoir, en particulier grâce à des thèmesrécurrents.

Il ne s'agit pas, cependant, de leitmotive wagnériens, mais selon Britten, de «motifs séparés qui cristallisent et retiennent l'émotion du drame à des moments donnés».

Cependant, entre les différents épisodesvocaux, l'orchestre assume une mission plus haute, descriptive et symbolique.

Comme Debussy dans Pelléas et Mélisande*, Britten relie les scènes et les actes par des pauses symphoniques.

Les instruments révèlent ce qui ne peut qu'affleurer dans le chant : le mystère infini de l'âme humaine, semblable à celui de la mer.

La mer, en effet,décor réaliste et métaphorique, symbolise tour à tour les agressions extérieures et les tourments intérieurs.

Ainsi, lespréludes et interludes orchestraux décrivent aussi un paysage mental : le calme des vagues, le soleil sur la mer, latempête, le clair de lune, puis le brouillard qui monte de la mer et s'infiltre peu à peu dans l'esprit de Grimes, torturépar d'horribles hallucinations... Britten privilégie la voix, mais son lyrisme sobre ne fait aucune concession au bel canto.

La mélodie suit les inflexions du langage parlé, tout en exploitant sa beauté naturelle : le compositeur, en effet, a voulu «rendre à la musicalitéde la langue anglaise l'éclat, la liberté et la vitalité dont elle a été complètement dépourvue depuis la mort dePurcell».

Il parvient ainsi à une sorte de vérité lyrique.

Le monologue nostalgique d'Ellen au troisième acte(«Embroidery in childhood», La broderie dans notre enfance...) traduit la douceur impuissante de l'institutrice.

Lechant de Grimes, écorché et lyrique à la fois, s'accorde avec sa nature contradictoire : épanoui dans le très beaumonologue au deuxième acte («Now that the Great Bear and the Pleiades...», Voici que la Grande Ourse et lesPléiades...), il est presque toujours tendu et heurté, reflétant son inadaptation au monde, et son cri final ressembleau hurlement d'une bête blessée à mort.

C'est un rôle difficile qui exige de grandes qualités vocales et dramatiques.Le même souci de caractérisation se retrouve dans les ensembles et dans les choeurs : on peut citer le choeur dutroisième acte où éclate la fureur hystérique de la foule («Him who despises us we'll destroy», Lui qui nous méprise,nous le détruirons). Sans recourir à des procédés révolutionnaires, Britten a su exprimer le désespoir avec une impressionnante lucidité :la belle clarté du langage musical de Peter Grimes fait ressortir la violence extérieure et intérieure du drame, la solitude tragique de celui sur qui pèse la malédiction des exclus.. »

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