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Peter Handke, l'écrivain migrateur

Publié le 04/12/2018

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handke

LA MEILLEURE FAÇON DE MARCHER

 

« Bien que [mon fils] eût passé la plus grande partie de son temps dans des banlieues où le traînait son père, mais ensuite avec son accord, c’était comme si cela n’avait jamais existé, et jamais non plus il ne cherchait à Vienne, contrairement à moi (chaque fois dès le matin de mon arrivée pour le salut de mon âme), quelque chose qui pût correspondre aux banlieues de Paris [...]. Même mes déplacements à pied ne représentent pas grand-chose pour lui ; mais quand il marche d’un repaire à un autre, il se déplace si vite - quoique sans jamais tomber dans le pas de course - et en engageant si bien tout le corps que je n’arrive guère à le suivre [...].

 

Au contraire de moi et de beaucoup de membres de ma génération, ce qui était éloigné, mis à distance ou recomposé n’exaltait pas chez lui le sentiment de réalité. (Pour moi, en tout cas, à son âge, seul ce qui était tourné dans l’autre sens, le facteur étranger, me faisait me sentir chez moi, ou m’incitait à faire halte.) »

 

Mon année dans la baie de Personne, Gallimard, 1997.

Travaillant sur le motif du voyage et de l'errance avec l'obstination d’un chercheur solitaire, l’écrivain autrichien Peter Handke a fait halte en France, depuis 1990. Auteur notamment de l’Angoisse du gardien de but au moment du penalty et du Chinois de la douleur, il construit une œuvre au rythme de ses pas qui, dans son dernier ouvrage traduit en français en 1997, le conduisent dans un petit périmètre « périphérique », entre Meudon et Versailles, entre ville et forêt.

 

Mon année dans la baie de Personne est en particulier la chronique de cette exploration minuscule, qui transforme le narrateur en greffier sans qualité d’un lieu sans identité.

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