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Pierre Soulages : L'ABSTRACTION FRANÇAISE

Publié le 14/09/2014

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Né dans le sud-ouest de la France, à Rodez dans l'Aveyron en 1919, Pierre Soulages garde de sa région natale le souvenir des pierres préhistoriques gravées et de l'art roman. Venu étudier la peinture à Paris en 1938, il découvre les oeuvres de Cézanne et de Picasso.

Pendant la Seconde Guerre mon­diale, il se réfugie à la campagne près de Montpellier. Sa rencontre avec Sonia Delaunay, chez son voi­sin l'écrivain Joseph Delteil, est déterminante: il entend parler pour la première fois de peinture abstraite. En 1946, Soulages et sa femme Colette s'installent à Courbevoie, dans la banlieue parisienne.

Après ses expositions en 1947 au Salon des surindépendants, en 1949 à la galerie Lydie Conti où Hartung a exposé deux ans plus tôt, il rencontre dans les années 50 J.J Sweeney, alors conservateur au musée d'Art moderne de New York, qui contribue à faire connaître son travail. Parallèlement, Soulages réalise les décors et les costumes de Héloïse et Abélard adapté par l'écrivain Roger Vailland, commence à graver en 1952 et à lithographier en 1957.

Tout au long de ces années, il uti­lise des formats de plus en plus grands où s'ajoutent au noir quelques tons ocre, bleus et rouges. Soulages a exposé dans le monde entier. Il travaille dans le sud de la France à Sète, et à Paris.

« moyens strictement picturaux, sans allusion figurative ni expressionnisme.

Enfin, deux œuvres du British Museum de Londres, un dessin à l'encre de la campagne romaine par Claude Lorrain et un lavis de Rembrandt repré ­ sentant une femme à demi couchée, décou­ verts dans une revue par l'artiste adolescent, l'impressionnent vivement.

Soulages les décrit comme •une série de coups de pinceaux très forts, très beaux •.

Il les sait figuratifs, mais les regarde aussi comme des œuvres abstraites, en chois issant parfois d'en cacher une partie.

Loin de l'expressionnisme Ces influences croisées déterminent toute l 'œuv re de Pierre Soulages.

Dans sa peinture, lignes et cou leurs sont remplacées dès la fin des années 40 par de larges traces noires qui envahissent la totalité de la feuille de papier.

Celles-ci ne se veulent pas l'expre ssion d'une sensibi lité se t r aduisant dans le geste, à l'inverse de ce que prat iquent les artistes new­ yor kais contemporains, Pollock ou De Kooning, mais le produit d' une raison qui constru it et équilibre.

La trace du mouvement pictural importe moins que la structure qu'il bâtit.

«Ce qui m'intéresse, ce n'est pas le ges te, mais son incarnation picturale ...

», dit Soulages .

Seules comptent pour lui les relations entre les formes, les couleurs, les fonds et les matières .

Parce qu'il refuse l'anecdote, Soulages intitule sobrement ses toiles Peinture, ce terme étant accompagné de la date de l'œ uvr e et de son for­ mat.

Ouand il parle de ces «peintures », Soulages en évoque le format soigneusement calculé et les matériaux qui les composent: le châssis, la manière dont la toile est tendue, les pigments, les outils et la façon dont il en fait usage.

Peintur e Polyptyque C, Pierre Soulages, 1985 (Pan"s, mu sée national d'Art moderne) .

Une tache de goudron ...

Car l'œuvre naît de ces éléme nts.

Elle naît sur­ tout de la pâte et de la couleu r, faite de tons sombres, esse nti ellement d es noirs.

Pale tte limitée au nom d'une économie de moyens poussée à son paroxysme ? Nullement.

Mais le noir offre à l'artiste des possibilités immenses, du transparent à l'opaque, du mat au brillant, de la nég ation de la couleur à sa résurrection par le jeu de la lumière, nature lle ou artificielle.

Cette prédilection pour le noir remonte à une vision d'enfant, que Soulages aime à rappeler : •De la fenêtre de la pièce où je faisais mes devoirs d'écolier, je pouvais voir sur le mur d'en face une tache de goudron.

J'avais plaisir à la regarde r: je l'aimais [ ...

] Elle avait une partie unie, surface calme et lisse qui se liait à d'autres plus acciden tées, marquées à la fois par les irré­ gularités de la matière et une directivité qui dynamisait la forme [ ...

] J'y lisais la viscosité du goudron, mais aussi la force de la pro jection, les coulures dues à la verticalité du mur et à la pesanteur, liées au grain d e la pierre. » Etalé sur du verre en 1948 -dans cinq œuv res réalisées justement avec du goudron -, sur le blanc du papier l'année suivan te, sur une toile claire ou préparée en bleu ou en rouge plus tard, travaillé sur le sol avant d'être accroché au mur, brossé en profondeu r, str ié dans 1 1 épaisseur de la pâte pour obtenir des jeux de réfraction lumineuse, le noir de Soulages vaut toutes les couleurs .

Et l 'artiste de dire avec un parti pris d'humour: •Üuand o n écrit avec de l'encre noire, ce n'est pas forcément une lettre de condoléances!• -> Voir aussi : p.

300-301 (New York s'exprime).

Peinture T 54-16, Hans Hartung, 1954 (Pan"s, musée national d'Art moderne).

Des courants divers L'abstraction française dans les années 50 est un mouvement dont les ramifica­ tions sont nombr euses.

Le rejet de la figure , le rêve d'u ne comm union avec la nature, une exaltation du geste pictural et de la matière se révèlent les seuls traits communs à ces artistes cosmopolites , si fort emen t distincts par ailleurs.

Un précurseur , Hans Hartung .

Dès ses débuts en 1920-1922 , le peintre d 'ori ­ gine alle mande Han s H artung a fait preuve d'une l iberté de geste , in spirée en partie par l 'ex pre ssio nnisme allemand, m ais aussi par Rembrandt et par Goya , qui préfigur e l'abstraction lyrique.

Dans les année s 30, pui s, avec plus de su ccès, à partir de 1945 , Hartung s'écarte de l' abs­ traction géométrique en exéc utant des toile s ma rquées par des ligne s fortemen t dynamiques , des tracés calligraphiques et de larges signes noirs sur des surfaces sombres.

Quant à l'expression d'« abstrac ­ tion lyrique" , elle est inventée et défendue par Georges Mathieu (né en 192 1 ), qui se fait le héros d'un art essentiellement g es tuel et pu lsionnel.

L 'art informel.

Ce mouvement prend naissance au d ébut des années 50 sous l'impu lsion d'un critiq ue, Miche l Tapié de Ce leyran.

Il réunit des artis tes ayan t pour point commun un parti pris lyrique qui s'exprime, notamment , dans l'usage d 'une peinture où les empâtements deviennent un moyen d'ex pression.

Jean Fautrier (1898-1964) est le principa l artiste lié à ce coura nt.

Jean Dubuffe t ( 1901 -1985 ) se situe sur ses marges , et parmi les autres protagonistes figurent Wols et Bryen , tous deux venus du sur­ réal isme.. »

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