POMMES ET ORANGES de Paul CÉZANNE

« POMMES ET ORANGES Vers 1895-1900 Peintre français Analyse ~ Cette œuvre montre le développement des caractères stylistiques chez Cézanne.

Jusqu'ici , l'artiste tentait de dépasser la bidimensionnalit é qui caractérise le langage pictural classique.

Mais cette fois, nous sommes confrontés à une utilisa­ tion très neuve de la perspective.

Un regard attentif montre que les points de fuite se sont multipliés :l'orange du haut dans le compotier, la pomme de droite à l 'ex trémité du panneau, le pli d'étoffe à gauche peuvent être interprétés comme les différents centres de la composition.

Avec la Nature morte aux oignons, on avait déjà pu évoquer le rôle de Cézanne dans la naissance du cubisme.

Ici, son influence apparaît de manière plus évidente encore.

La liberté acquise par Cézanne vis-à-vis des règles de base du langage pictural traditionnel prélude très directement à celle atteinte par Picasso dans Les Demois elles d'Avignon de 1907 (rappelons que ce tableau est le point de départ de l'histoire du cubisme où l 'image devient la synthèse de points de vue multiples sur un objet).

Cézanne invente ici un espace complexe, indé­ pendant des lois de la perspective et qui relève essentiellement du pouvoir de la couleur.

La richesse des tons chauds et denses , leur variété et XIXe siècle Huile sur toile 74 x 93 cm leur agencement très médité, la multiplicité des touches qui les composent forgent l'h armo nie générale de l'œuvre.

L'œuvre C Comme souvent chez Cézanne , le tableau n'est ni signé ni daté.

Il a été peint entre 1895 et 1900 , c'est -à-dir e lorsqu e le peintre , de plus en plus soli­ taire, travaille essentiellement à Aix-en-Provence.

Au cours de ces années , en 1897 , l' artiste perd sa mère et en est bouleversé.

C'est aussi lors de cette période que le travail de Cézanne commence à être reconnu.

Vollard lui consacre une exposition en 1895 et, au début du siècle, son œuvre devient une des sources essentielles de l'art moderne .

Cette nature morte a appartenu au critique Gustave Gef­ froy avant d'entrer , comme beaucoup d 'autres tableaux de Cézanne, dans la collection Isaac de Camondo léguée à l 'État français en 1911.

Elle est exposée au Louvre dès 1914 , puis entre au musée du Jeu de Paume en 1947 avant d'être accrochée aux cimaises du musée d'Orsay en 1986.

Cézanne et la sculpture • La volonté constante de Cézanne de « trai- cule de Pierre Puget.

Parfo is, Cézanne s'est ter la nature par le cône, la sphère et le cylindre )) contenté de tracer au crayon les traits essentiels est soutenue par une sensibilité marquée pour les d'une tête v ue sous plusieurs angles différen ts, volumes ..

En feuilletant les carnets de croquis de comme c'est le cas d'un buste de Coustou.

l 'ar tiste où il consignait notamment ses copies Il se laissait aussi séd uire par l'harmonie des d'œuvres conservées au Louvre, on mesure l'im- nus de la scu lpture hellénistique comme en portance de sa passion pour les ma sses et les témoignent diverses études du Tireur d'épines , de volumes des œuvres en ronde bosse.

Il a copié à Marsyas, d'un groupe Aphrodite et Éros et de la plusieur s reprises l'esclave se libérant de Michel - Vénus de Milo.

Mais on retrouve son intérêt pour Ange et un nu qui lui était alors attribué où le les formes essentielles dans une copie du buste réseau des muscles est mis en évidence.

D'autre s de Filippino Strozzi par Benedetto da Maiano nus ont retenu son attention, par exemple l'Her- entré au musée du Louvre en 1878.

Du même peintre .

PICTO 775 à 792 Photo Scala , Florence.

© Nardin i Editore , 1993.

VPC Larousse-Laftont pour l'édition française 1993 24-30. »