PORfRAIT DE L'ÉVÊQUE ALVISE GRIMANI de STROZZI

« PORfRAIT DE L'ÉVÊQUE ALVISE GRIMANI Vers 1632-1635 Peintre italien Anal yse ~ Carlo Giu seppe Ratti , auteu r de plusieurs guides des églises et des collections aristocra t i­ ques ligures, se souvient avoir vu au palazzo Duraz zo Pallavicini de Gênes un portrait d' évê ­ que « dont la tête et les mains sont d'une extraor­ dina ire beaut é ».

L a toil e à l aquelle il est fait allu ­ sion appartient toujours à la collection génoise : les experts l'ont souvent mis e en relation -peut­ être pour suggérer une data tion - avec ce portrait-ci , auquel la description du biographe pourrait, par aille urs, également très bien s'a ppli ­ quer .

Le visage et l es mains du modèle sont, en effet, particulièrement expressifs : la main gau­ che , qui enserre entièrement le livre, est tendue par l 'effo rt; la droite repose sur le guéri don , comme pour chercher un appui non pas physique mais psychologique.

Bien que le personnage pose en quelque sorte , la compo sition écha ppe à cette pompe qui carac ­ térise généralement l es portra its officiels.

Après avo ir décrit rapidement, d' une coulée lumine use, la tunique d e dentelle blanche du prélat, le pein ­ tre focalise toute son attention sur le visage, c 'est­ à-dire sur la partie du corps la plus mobile.

Le personnage semb le ha bité par une grande rigueur mora le et un esprit de sérieux : le fro nt légère- xvne siècle Hui le su r toile 144,8 x 94 cm ment plissé , le regard intense et fixé vers le spec­ tateur comme pour le scmter , voire le juger, témoignent en effet de cette fermeté.

On retrouve daps cette physionomie la sévérité éthi­ que que l'Eg lise et les peintures de l a Con tre­ Réfor me exigeaient des fidèles, et en p art iculier de tou s ceux qui avaie nt décidé de d édier leur v ie au Ch rist.

L'œu vre C Comme l'atteste l'inscription lue par Suida: « (Alo)isius Grimanus, (Epi)scopus Bergami », la toile représente A/vise Grimani , évê que de Bergame.

Jadis abrité dans la collection florentine Bardini , le tableau fut présenté , lors d'une vente chez Christie's en 1902, comme le Portr ait d e cardina l de Van Dyck ; en 1918, le catalogue d'une autre vente iden­ tifiait l'œuvre comme un Portrait de cardinal espa ­ gnol , exécuté par l' école italienne du XVIJC siècle.

En 1946, la toile rejoignit la collection Kress, à New York, avant de devenir la propfiété de la National Gallery of Art de Washington.

L'œuvre peut être datée de 1632 -1635 en raison de sa grande parenté stylistique avec le Po rtrait d'évêque conservé dans la collection Dura zzo Giustiniani de Gênes.

Les premier s pe intres génois + L'école génoise eut du mal à trouver ses sance d e deux grands courants picturaux.

De for- ma rques avant la secon de moitié du xv1 e siècle : ma tion toscane , Paggi créa à Gênes un style la Ligurie resta en effet dominée jus qu'à cette dominé par le dess in et la ligne.

Strozzi, qui admi- époque par les œuvres des peintres provençaux rait surtout les Toscans coloristes, à commencer et flamands - importées à Gênes par des par l'école siennoise de la fin du xvie siècle, initia commerçants locaux -, ainsi que par les artistes un courant plus pictural et chromatique, qui to 'cans et lombards.

La situation changea à la fin devait par ailleurs constituer l'un des aspects les du xv1e siècle grâce à Luca Cambiaso et, smtout, plus fascinants de l'art génois des xvne et xvme à Paggi et à Strozzi, auxquels l'on doit la nais- siècles.

Du même peintre : PICTO 331 à 331c Photo N at iona l Gallery of Art, Washington © Nardini Editore, 1995.

Uriade pour l'édition française , 1995.

36·10. »