PORTRAIT DE FEMME de HALS

« HALS Frans PORTRAIT DE FEMME Vers 1648-1650 Peintre hollandais Analyse ♦•' « Je travaille pour ma réputation. Un portrait doit être ressemblant : cela exige de la part de l'artiste un travail pénible et servile, qu'il ne doit pas montrer », confiait le peintre hollan dais.

Et ses tableaux semblent, de fait, parfaite ment fidèles aux personnes représentées tant sur le plan physique que moral.

Cette femme d'âge mûr ne déroge pas à la règle : représentée, comme tous les protagonistes de Frans Hais,sur un fond gris sombre et sans décor, elle se détache sur la toile grâce à l'intensité du noir de son vête ment et àla luminosité des blancs :blanc des gants, des revers de manches, de la coiffe et du large col.

La texture large du visage et des mains, sur lesquels le temps a laissé ses traces, est définie rapidement.

Le regard, tourné vers le spectateur, transmet le sentiment de mûre résignation — ou de désenchantement. Cette amertume est confirmée par les rides dessinées aux coins de la bouche et par la légère contraction des sourcils. Sans doute cette expressivité était-elle pour le peintre un moyen de masquer le travail astrei gnant de la copie, imposé par l'art du portrait. RCTO MUSEE DU LOUVRE 353 PARIS XVIIe siècle Huile sur toile 108 x80 cm  L'artiste hollandais représente ses modèles tels qu'ils sont, sans chercher à gommer leurs défauts : ainsi cette femme aux gants blancs conserve-t-elle sur la toile son nez un peu lourd. Physiquementressemblants,les personnages de FransHaisgardent leur vraie personnalité : celle qu'ils ont toujours eue et celle qu'ils se sont for gée avec le temps. L'œuvre U La position du personnage, tourné vers la gauche, a fait supposer l'existence d'un pendant masculin : nul n'a pu jusqu'ici identifier de façon certaine ce tableau. Pour Valentiner, ilpourrait s'agir du Portrait d'homme de la National Gallery de Washington ;formulée en 1936, cette hypothèse a été rejetée plus tard par les critiques. Offerte au Louvre en 1869 par le collectionneur Louis La Caze, l'œuvre est sans doute légèrement antérieure à1650, alors que le style duPortrait d'homme apparente latoile au début de la dernière période du peintre. Frans Haiset Anton van Dyck ^r L'historien d'art Huizinga définissait ainsi l'art de Frans Hais dans laCivilisation hollandaise du xvif siècle (1933) : «Chez Frans Hais,tout est spontané...

Hais ne cherchait pas à transformer ces gros et gras bourgeois en héros ou en gentilshommes.En dehors du visage, tout est élégance, ornements, désinvolture...Une comparaison même rapide entre FransHaiset Anton van Dyck s'impose. Elle montre que les arguments expliquant la pré férence du public de l'époque pour Van Dyck Du même peintre :PICTO 349 à352 © Nardini Editore.1994.Liriade pour l'édition française, 1994. s'appliquent en réalité à l'art de Frans Haiset soulignent son côté profondément hollandais : Van Dyck, c'est cette distinction nouvelle qu'il a introduite dans la peinture de son pays, c'est la grâce, la virtuosité, lapréciosité etl'élégance, toutes qualités en somme un peu passées de mode aujourd'hui. Le naturel solide et la simpli cité sincère d'Haïs continuent pour leur part à surprendre, comme des dons sublimes: ils éton nent même l'étranger peu coutumierde notre pays et de notre peuple.

» Photo R.M.N.. »