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Rude: LE DÉPART DES VOLONTAIRES

Publié le 14/09/2014

Extrait du document

Les dessins de Rude que nous avons conser­vés montrent que le sculpteur crut un moment pouvoir se faire attribuer une partici­pation plus importante : il réalisa en effet des projets pour les quatre piédroits en même temps qu'il sculptait une partie de la frise

représentant le Retour de l'armée d'Égypte. Une telle commande aurait été pour l'artiste une juste revanche. Né en 1784, formé d'abord à Dijon, sa ville natale, Rude, lauréat du prix de Rome en 1812, privé de séjour ita­lien pour cause de restriction budgétaire, avait été contraint à l'exil en Belgique, entre 1814 et 1827. Mais, en dépit de l'étroitesse finale de la commande, le sculpteur se mit avec ardeur au Départ des volontaires. Le sujet ne pouvait que le séduire : son père s'était enrôlé en 1792 dans la Garde nationale et lui-même était un patriote fervent. L'enthousiasme le guida pour donner vie à ces fédérés partant sur les routes de France en chantant la Marseillaise.

« «Une mégère en fu r ie» L'œuvre est dominée par le •Génie de la Guerre•, aux ailes déployées, qui appelle les volontaires engagés pour défendre la patrie menacée par les attaques des puissances étran· gères.

De son épée, il indique le lieu du corn· bat.

À ses pieds, un chef portant cotte de mailles semble répéter son geste.

Autour de lui se rassemblent des guerriers disparates : éphèbe casqué ou vieillard à l'arrière-plan qui prodigue des conseils.

L'ensemble est ferme· ment construit, assurant la cohésion du groupe et donc l'efficacité du message : le poing serré du jeune homme, à l'aplomb de la bouche hur· Jante du Génie, indique, comme d'autres détails, le souci d'harmonie.

Rude se souvient de la manière rigoureuse du peintre David, qu'il a rencontré pendant son exil bruxellois.

Bien des aspects ici rappellent les Sabines peintes par ce dernier artiste : les gestes emphatiques des personnages, les anatomies musculeuses et les accessoires antiques.

Mais le Départ des volontaires est riche d'un mou· Le Dé pa rt des volo nta ir es d e 1792 , dit aussi la M ar seillai se, François Rude (Pari s, Arc de triomphe).

vement, d'une passion absolument inédits.

L'artiste, dans cette œuvre, revit fébrilement des moments héroïques liés à sa propre vie : •Il y a là dedans, dit-il, quelque chose qui me fait passer à moi-même chaud et froid dans l'âme. » On raconte que, faisant poser son épouse pour l'expression du Génie de la Guerre, il lui ordonne sans cesse de crier plus fort...

L'élan des corps n'a d'équivalent que dans la peinture romantique et la figure principale évoque, par son allure , la Liberté guidant le peuple de Delacroix, peinte en 1831.

Mais le sculpteur s'exprime par des moyens spécifiques: ce hàut· relief, le plus saillant des quatre groupes de !'Arc de triomphe, est animé de violents effets de clair-obscur, de jeux de lumière contrastés qui en soulignent l'élan passionné.

Longtemps encore on entendra le cri généreux de cette allégorie vivante aux allures de •mégère en furie • .

De nombreux artistes s 'en inspireront dans leurs œuvres : ainsi Rodin qui, participant au concours pour le M o nument .

de la Défense lancé en 1879 par la Ville de Paris, reprend le cri fameux dans son projet , /'Appel aux armes.

La sculpture romantique Un pr éc urseu r : J ehan Duse i­ gneur .

«De tous les arts, cel ui qui se prê te le moins à l'expression de l' idéal romantique , c'est assurément la sculpture.

Elle semble avoir reçu de !'Antiquité sa forme déf initive ...

Tout sculpteur est forcément clas · sique." Le Salon de 1831 et ceux des années suivantes démentent cette idée reçue formu lée sans cri­ tique par Théophi le Gautier.

De cette nouvelle tendance, Jehan Duseigneur (1 808-1866) semble le symbo le.

Salué par un critique de «préface de Cromwell de \a scu lp· ture", son Ro land f ur ieu x, évocation pathétique de la souffrance, d'u ne puissante expressivité, s'affranchit entièrement des références antiques.

L 'affirma tion du mouvement : Augu ste Pr éa ult et David d'Angers.

Loin du hiéra tisme néoclassique , le mouvement s'affirme da ns l es œuvres tumultueuses d'Augus ta Préault (1809-1879) , un des ardents défe nseurs du romantisme ayant par· ticipé à la bataille d 'Hernani.

Sa Tuerie (Chartres, musée des Beaux­ Arts), haut- relief dont le plâ tre est pré· senté au Salon de 1834 , mêle sans ordre des visages aux expressions outrées : l'œuvre n'es t admise qu'à titre «d'exem ple effrayant pour la jeu· nesse ».

David d'Angers (1788·1856) , lui , se spécialise dans le portrai t, genre en vogue dans une époque qui glorifie le mythe du héros.

Son Paganini (1830), avec son front haut et buriné, sa cheve lure tourme ntée et ses yeux enfoncés, est la personn ifi­ cation du virt uose habi té par la musique.

La scu lptu re anim aliè re de B a rye .

La quête expressive du natu­ ralisme conduit à exploiter un nou ­ veau type de sujet : mieux que l'homm e, l'animal reflète l'é lan primit if d e la vie.

Les sculpte u rs em prun ten t la voie déjà ouverte par les peintres, Géricault puis Delacroix.

Antoine ­ Louis Barye (1796· 1875 ) devient le spécia list e du genre.

Au Tigre dévo· rant un gavial de 183 1 succèdent les jaguars ou les lions, en un cortège exot ique et ba rba re.

Barye étudie d 'ap rès nature au Jardin des Plantes, parfoi s en compagnie de Delacroix, et son style cerne au plus près le mouvement des fauves , rete nant les lignes essentielles.

Interprète des élans primitifs , souve nt violents, son bestia ire exotique apporte un dépay· sement apprécié des contemporains .. »

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