VÉLASQUEZ : PORTRAIT DU NAIN SEBASTIAN DE MORRA

« VÉLASQUEZ PORTRAIT DU NAIN SEBASTIAN DE MORRA Vers 1644 Peintre espagnol Analyse "♦Aucun élément descriptif ou décoratif ne vient distraire l'attention duspectateur, concen trée sur la figure du nain.

La distinction de l'œuvre vient pour une bonne part de cette sobriété.Que la représentation soit celle d'un estropiéou d'un nain a peu d'importance: la difformité physique n'atteint nullement les capa citésintellectuelles et la profondeur humaine du personnage.

En le peignant assis par terre et de face, le peintre cherche à atténuersa malforma tion et se concentre sur le caractère du visage. Il en souligne les expressions : le regard interrogatif et profond qui semble nous demander avec une dignité amère ce que nous pensons de lui ; le front qui se plisse pensivement sur les sourcils épais, la barbe et les moustaches sombres qui suivent le mouvement des lèvres légèrement entrouvertes. Rarement un artiste a mieux dépeintla force del'intelligence prisonnièrede l'infirmité. Limité dans ses capacités motrices, le bouffon de cour, tant aimé de ses souverains, garde toute sa créativitéet sa grandeur morale. picto MUSEE DU PRADO 410 MADRID XVIIe siècle Huile sur toile 106 x 81 cm Vêtu d'une veste verte sous une sorte de manteau rouge bordé d'une collerette de dentelle, il inter rompt saméditation ou son repos ; ses yeux se fixent sur nous, sans crainte, conscients tant des défaillances physiques que de la supériorité morale qui caractérise souvent les personnes souffrantes et différentes. L'œuvre U La toile représente le bouffon Sébastian de Morra. Celui-ci fut un temps au service du cardinal infant don Fernando qu 'ilsuivit en Flandre avant d'entrer, en 1643, dans lasuite de Baltasar Carlos, lefils du roi. Le jeune prince leprit en amitié et le cita dans son testament. Après ladisparition préma turée de ce dernier, lebouffon demeura à la cour jusqu'à sa mort en 1649. On peut dater ceportrait des environs de 1644. Il appartenait aux collections royales et entra au musée du Prado à Madrid en 1819. Aspects caravagesques de la peinture de Vélasquez *L'activité de Vélasquez comme peintre débute dans l'atelier de son futur beau-père Pacheco, vers 1617. En dépit des tendances idéa listes et littéraires du maître, lejeune Vélasquez s'intéresse bien vite aux aspects plus immédiats de la réalité comme en témoignent ces mots de Pacheco : « Dès son enfance, mon gendre reçut cet enseignement [du dessin]. Ilavait engagé un Du même peintre : PICTO 400 à 415 r. Nardini Editore, 1993 VPC Larousse-Laffont pour I édition française 1993 apprenti, un petit paysan, qui lui servait de modèle pour des expressions et des poses diver ses, tantôt pleurant, tantôt riant, n'essayant jamais de se soustraire à une difficulté.

» On pense bien sûr au Caravage et à ses disciples flamandsethollandais, mais il estdifficiled'éta blir si, en ces années-là, Vélasquez pouvait déjà connaître la peinture du maître lombard. Photo José Martin. »