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AL-MAARRI

Publié le 21/05/2012

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L'oeuvRE d'al-Maarri comprend des travaux d'érudition, comme un commentaire sur le divan d'al-Motanabbi, des épîtres en prose rimée d'une forme très travaillée comme l' Epître des Anges contre les grammairiens, ou les Parties et les Fins qui forment un véritable exposé de morale et de philosophie, ou enfin l'Epître du Pardon dont la première partie est une description burlesque des délices et des tourments dans l'Au-delà....

« Il est devenu « Le Sage de Maarra ».

De tout l'Orient, on lui fait visite; autour de lui, des disciples se pressent; le voyageur persan, Nacir-i-khosrau, en compte deux cents; de Bagdad, d'Alep, on lui écrit, on le consulte et il répond à ses correspondants par des épîtres dont certaines sont des œuvres considérables.

C'est également au cours de cette longue période que se place la composition de poèmes philosophiques désignés sous le nom de Lo;::,oumiyyât.

La fin d'al-Maarri fut digne de sa vie et quand la mort le prit, en 1057, à l'âge de quatre­ vingt-quatre ans, il put avoir la joie de constater que la science et l'art font parfois d'un aveugle une manière de prince.

L'œuvRE d'al-Maarri comprend des travaux d'érudition, comme un commentaire sur le divan d'al-Motanabbi, des épîtres en prose rimée d'une forme très travaillée comme l' Epître des Anges contre les grammairiens, ou les Parties et les Fins qui forment un véritable exposé de morale et de philosophie, ou enfin l'Epître du Pardon dont la première partie est une description burlesque des délices et des tourments dans l'Au-delà.

Comme poète, al-Maarri a laissé deux recueils.

Le premier, le Saqt a;::,-:(and ou Premieres Flammes est constitué de pièces descriptives, de panégyriques et de morceaux de circonstance se situant depuis l'adolescence jusqu'après le retour de Bagdad, en 1010.

Bien que par instant l'auteur y manifeste déjà l'originalité de sa pensée, c'est surtout par l'éclat du style que valent ces poèmes trop souvent marqués d'afféterie et de maniérisme.

Le second recueil est celui des La:u:l­ miyyât (le titre exact est Lo;::,oum mâ lâ yal;::,am ou Obligation de ce qui n'est pas obligatoire, appellation bizarre due à des combinaisons particulières que al-Maarri s'est imposées, à la rime).

C'est là qu'il convient surtout de chercher la forme dernière de la pensée du poète philosophe.

La vie est mauvaise; la donner est un crime : Je n'ai le choix ni de naître, ni de vieillir, ni de vivre.

Q,u' ai-je donc encore à choisir? Rien n'égale la méchanceté de l'homme, sa stupidité ou sa légèreté.

La raison humaine est vacillante.

Les religions ne sont elles-mêmes que contradictions et vaines affirmations Les Chrétiens, en leurs oratoires, récitent leurs Ecritures; dans leurs synagogues, les Juifs psalmodient leur Thora.

Des religions devenues de simples sectes! Chaque loi lance son anatheme contre l'adepte d'une autre.

Dieu existe, mais inaccessible à notre entendement.

Un seul espoir demeure, fragile et pourtant nécessaire : Crains Allah, uniquement, et pour lui, supporte les peines et Jais le bien, car l'abstinence, la pureté du cœur sont les seuls moyens de se sauver.

Ce système philosophique d'une logique si remarquable, ce pessimisme si profond, ce scepti­ cisme si hardi qui ne ménage ni tradition ni conformisme ont fait d'al-Maarri un isolé dans la littérature arabe.

Lui mort, la postérité a pris peur et s'est efforcée d'oublier pudiquement la hardiesse du penseur pour ne glorifier que la virtuosité de l'artiste.

Il a fallu attendre le débu1 de notre siècle pour que son œuvre fût connue en toute la variété de ses aspects et de ses tendances.

Peut-être cet acharné destructeur d'illusions n'aurait-il vu là qu'un engouement sans lendemain, lui qui disait : Nous passons, rapides, entre deux néants, sans Jaire lzalte, comme si JWUS Jranclzissions un pont.

RÉGIS BLACHÈRE Professwr à l'Ecole des Langues Orientales Paris. »

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