AUDIBERTI, Jacques
Publié le 26/12/2011
Extrait du document
Poète, romancier, essayiste, il est le créateur d’un théâtre où les mots semblent fécondés par une musicalité nouvelle. Dans ses pièces qui oscillent entre les fureurs élisabéthaines de La Hoberaute et le comique quasi-vaudevillesque de L’Effet Glapion, tout un univers baroque défile sur la scène, orchestré par les incessantes trouvailles d’un langage jamais à bout de souffle où les pires situations finissent toujours par avouer leur côté burlesque.
«
Audiberti (Jacques} 59
autres, débités sur un rythme précipité.
Ce qui dans les romans aboutit parfois ~ la lassitude trouve une forme plus adéquate dans le théâtre.
4 Le
langage mis en cause répond à une série de
révoltes.
" Le Mal court " raille ~e pouvoir, " Quoat
Quoat ,.
la loi, " Le Ouallou ,.
la police, " La Hobe
reaute " la religion.
Mais, à la différence des textes de
Benjamin Péret,· où l'afflux verbal obéit à la rage de
détruire le mensonge et les contraintes, les litanies poé
tiques d'Audiberti l'emportent esthétiquement sur le prétexte offert par la contestation.
Le flux verbal vise
moins à dissoudre.
le langage qu'à se faire admirer
comme exerciçe de style.
Pourtant les personnages
finissent par prendre corps dans le tumulte des mots, ils conduisent vers un univers fantasmagorique et cruel où le médecin tue les femmes qui se refusent à lui, où le baron Massacre étrangle les créatures qui passent à sa
portée, où tout ce qui vit hurle à la mort et se débat pour
précipiter l'agonie d'un monde condamné.
5 Dans ses essais, Audiberti professe une sorte de
doc trine philosophique qu'il appelle l'abhumanlsme.
Il ne
s'agit pas d'un acquiescement à une nouvelle barbarie
mais bien plutôt de l'acceptation panique d'un univers
en vole de désagrégation.
Une attitude que la fable dra
matique sur fond historique fantaisiste, comme dans " Cavalier seul ...
illustre particulièrement bien.
« Je sais, dit Audiberti, que je suis solidaire de tout, mais je ne
me sens solidaire de rien.
Toute solidarité est de l'eau qu'on porte au moulin du Diable, au moulin du Mal.
,.
.,...
Voir aussi : Artaud, Ghelderode, Weingarten..
»
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