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BASHÔ MATSUO

Publié le 30/05/2012

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BASHÔ MATSUO, le plus célèbre auteur de haïkaï du Japon, vint au monde en 1644. Il était le troisième fils d'un samouraï d'Ouéno, dans la province d'Iga; son père était au service du daïmyô de l'endroit. Vers l'âge de douze ans, le petit Bashô devient valet-compagnon du fils du daïmyô, et entre les deux garçons naît une amitié humaine et profonde fondée sur l'amour commun de la poésie. On dit que l'un et l'autre étaient des disciples du poète alors célèbre, Kigin; mais le fils du daïmyô, qui avait pris le nom de plume de Zéngi, mourut dans la fleur de l'âge...

« Une poésie de forme plus courte risquait de tomber dans un formalisme stérile.

Bashô dut renouveler l'esprit de la poésie japonaise, « en observant les règles et en les dépassant à la fois », comme il le disait.

A l'époque du shôgounat, dans une société alors un peu apaisée mais féodalement« fermée», Bashô n'avait aucun rapport avec la politique temporelle, et plus il paraît retiré du monde, plus il se consacre avec un enthousiasme religieux à sa Voie de poésie - à « cette seule, cette subtile Voie» :«Je me lie avec une subtile Voie.» La nature était pour lui le plus grand maître de l'art.

Il devait sa formation humaine et poétique à la poésie de Saïgyô, ermite bouddhique, et aux grands poètes de la vieille Chine tels que Li Taï-po et Tou Fou, autant qu'à la philosophie de Lao-Tseu.

Et les principaux éléments du zénisme japonais avaient formé assez naturellement son climat d'esprit.

Il dit : «Justice, ce sont les os.

Sincérité, ce sont les entrailles.

La pensée du vieux Lao- Tseu donne le bonheur à mon âme.

Et le goût de la Poésie va et vient dans le cœur qui bat...

» Et voici quelques lignes d'un de ses précurseurs, Shinkeï, poète et prêtre bouddhique : « L'état de l'âme est important pour les auteurs de haïkaï..

..

En contemplant les fleurs et les feuilles tomber, en cherchant à s'identifier avec le cœur du monde qui est de rêve, que tes actions soient tendres et charitables l Que ton âme soit concentrée sur ce qui est inépuisablement profond et mystique!.

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» Bashô, quoique solitaire, avait le génie de l'amitié; il était un des hommes qui ont, selon le mot de Rilke, « l'austère maternité de l'homme ».

Partout où, vagabond, il arrivait, des amis et des disciples se réunissaient pour une séance de« rénkou ».

Le rénkou est un long poème impro­ visé composé de vers de plusieurs poètes.

Avant Bashô, Teïtokou (r57r-r654) avait fondé une école de haïkaï appelée« Teïmon »; le maître de Bashô, Kigin, fut un disciple de Teïtokou, mais cette école, demeurant dans un for­ malisme stérile, fut dépassée par l'école« Danrin »fondée par Sôïn.

Et c'est Bashô qui approfondit l'esprit poétique de « Danrin ».

Un exemple d'un rénkou de l'école « Danrin » : Voici l'Arbre de Danrin (du Bois de Parole) : Un prunier qui va fleurir! Le chant d'un rossignol réveille la Poésie de son sommeil vulgaire! Brouillard du matin printanier; montant d'une pipe, la fumée se penche! Sur le sentier de montagne, un souffle de brise après un palanquin est passé! Les disciples sont successivement de Sôïn, Sessaï, Zaïshiki et lttétsu.

Sôïn figure son école de poésie par l'image d'un prunier qui va fleurir.

Sessaï répond à l'idée du prunier par l'image d'un rossignol.

Et Zaïshiki, en y répondant par celle d'un paysage printanier, évoque brusquement les images d'une pipe de tabac et de la fumée qui se penche.

Ensuite, Ittétsu se représente un souffle de brise matinale sur la montagne.

De cette façon se compose successivement, à l'impromptu un cycle de poèmes dans une continuité discontinue, selon l'idée ou selon l'image.

Bashô a renou­ velé cette intention poétique en y ajoutant l'association « selon l'odeur » - selon une harmonie plus invisible et plus approfondie.

« Que l'improvisation correspondant aux vers précédents soit aussi subtile que l'odeur du prunier fleuri qui se balance au clair d'une lune légèrement voilée l » Au début de ses Notes du Voyage à 'Yoshino, il écrit : « C'est un seul et même esprit qui pénètre et vivifie la poésie d'un Saïgyô, ainsi que la peinture d'un Sesshû ou l'art du thé d'un Rikyû ...

Cet esprit poétique est aussi celui de toute la Création qui se métamorphose toujours et pourtant reste une et éternelle.

Tout ce que cet esprit poétique perçoit n'est rien que la Fleur; tout ce qu'il pense n'est rien que la Lune ...

Toutes les écoles, toutes les fois religieuses, éclairées de la Lune, se retrouvent Une.

» Dans une de ses lettres à son fidèle disciple K yoraï, il écrit (mars r 687) : «Je lis et relis souvent avec joie vos poèmes que j'ai bien reçus.

A travers mille lieues, nos âmes se correspondent en accord parfait.

A nos cœurs éclairés par la lumière de la poésie, le monde et la vie deviennent de plus en plus limpides ...

» Admirant des poèmes de Kyoraï, Bashô dit dans ses Notes du Voyage à Isé: « ...

En lisant ces poèmes, j'éprouvais d'abord de vives impressions et puis en les récitant, j'oubliais ces impressions, et ensuite j'ai trouvé ces mêmes poèmes en effet très solidement faits.

». »

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