Dostoïevski
Publié le 08/04/2013
Extrait du document
« Dostoïevski, le seul qui m'ait appris quelque chose en psychologie. « Nietzsche.
« Comprenez-vous seulement ce que vous avez créé là ! ( ... ) Le voilà bien, le mystère de l'art, la vérité de l'art ! Et voici l'artiste au service de la vérité ! ( ... ) Pénétrez donc la valeur de ce don, et demeurez-lui fidèle, car vous serez alors un écrivain très grand « (Paroles du critique Belinski à la sortie des Pauvres gens.)
«
chrétienne.
De retour à Saint
Pétersbourg, il se remit au travail; ses
premiers textes
Humiliés et offensés
(1861) et Souvenirs de
Statue de Dostoïevski
devant l'hôpital Sainte
Marie,
à Moscou, où il naquit
fond du désespoir, une force le pous
sait encore à réagir, avec la
«vitalité
du chat».
Cette énergie extraordi
naire allait lui faire épouser une jeune
fille de plus de vingt ans sa cadette.
Dostoïevski avait alors
quaranie-six
ans, et cette union devait apporter un
certain équilibre dans sa vie.
Le ré
sultat ne se
fit pas attendre ; il écrivit
Crime et châtiment (1866) et Le
Joueur (1866).
Puis, au cours d'un
voyage de quatre ans (Allemagne,
Suisse, Italie) effectué dans des
conditions misérables due à la mala
die
et à sa passion pour le jeu , il
donna L'idiot (1868-69), peut-être
son plus beau livre, mais qui fut mal
accueilli paar la critique.
Enfin, avec
L'Eternel mari (1870) et, surtout, les
Possédés ou Les Démons (1870),
l'avenir allait commencer à s'éclair
cir.
Dostoïevski put résoudre ses
problèmes financiers et rentrer en
Russie, où il fut accueilli non seule
ment comme le premier des roman
ciers russes , mais aussi comme un
guide spirituel
et un porte-parole du
peuple.
La publication des Frères
Karamazov
(1879-1880) n'allait que
renforcer cette gloire ; Dostoïevski
en livra l'épilogue en novembre 1880
et, en janvier 1881, succomba à une
hémorragie.
Tout le peuple de Russie
le
pleura et lui fit des funérailles
exceptionnelles.
la maison des morts
(1861), d'un réalisme
implacable, furent évi
demment consacrés à
ces années terribles.
Les
Souvenirs, consa
crés plus spécialement
à la vie au bagne, furent
publiés dans une revue,
Le Temps, qu'il avait
lancée avec son frère
Michel.
Après dix ans
d'exil, il
retrouva son
public
et une certaine
notoriété, il
voyagea
à l'étrang~r (Paris,
Londres), surtout pour
échapper à ses créan
ciers,
pour se refaire une santé et
s'adonner à sa passion du jeu.
Il re
vint en Russie en 1863, plus démuni
qu'auparavant
et débarrassé de ses
illusions sur l'Occident
(Remarques
d'hiver sur des impres-
sions d'été,
1863),
aveuglé selon lui
par
son rationalisme et son
nihilisme
et gangréné
par l'individualisme.
Ces idées se retrouvent
dans les
Mémoires
écrits dans un souter
rain
(1864), un hymne
désespéré
à la liberté de
l'esprit.
La force du désespoir
L
e malheur n'avait pourtant pas
fini
de frapper !'écrivain.
Suc
cessivement, il perdit sa femme, qu'il
avait
épousée en Sibérie, puis son
frère tant aimé.
Mais, au plus pro-
NOTES DE L'ÉDITEUR
...
« Il y a, au fond de tout ceci, le conflit de la
raison et
de la liberté.
Nous avons le choix
entre la dictature humaine
de la raison ou le
règne divin de la liberté.
Dostoïevski n'a pas
assez
de sarcasmes pour( ...
) cette utopie qui
voudrait que toutes les choses humaines
fussent organisées rationnellement et
scientifiquement, en sorte que l'humanité
serait transformée en termitière.
» J.
Madaule,
Dostoïevski, Classiques du XX• siècle, 1956.
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Couverture du tome Ill des
œuvres de Dostoïevski,
conservées aux archives de
la Révolution à Moscou
La maison de Staraïa
Roussa, où Dostoïevski vécut
épisodiquement à
partir de
1872, aujourd'hui transformée en musée
Maison de Semipalatinsk
· (Kazakhstan), que Dostoïevski
habita en 1854, à sa sortie du
bagne
« Ayant tant de fois vécu en sa chair même
l'union
du ciel -auquel il tend -et du sol -
dont
il ne cesse de naître -, c'est de ce
mariage secret que témoigne son
messianisme.
» D.
Arhan, Dostoïevski par
lui-même,
lé Seuil, 1962.
« Dostoïevski avait connu la misère et les
malheureux, les injustices et les souffrances
causées par l'inégalité des conditions, les
entraves apportées aux talents et aux nobles
aspirations par l'invincible pauvreté.
Mais il voyait
le remède
moins dans les révolutions
que dans les hommes eux-mêmes.
Disciple
de Rousseau et de George Sand,
il croyait à
la personne humaine.
Il croyait l'homme
bon dans son fonds.
Tourmenté lui-même et
se penchant sur les tristesses de la vie,
il
n'en avait pas moins une philosophie
essentiellement optimiste.
Les hommes
pouvaient, dans la misère même, s'aider et
se comprendre, faire le bien et trouver
le
bonheur.» P.
Pascal, Crime et Châtiment,
introduction, Gallimard, 1950.
l Photo V!P/ Sipa lcono 2, 4, 5, 6, 7 , 8 coll.
Viollet 3 Arch.
Snark / Edimedia DOSTOÏEVSKI 01.
»
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