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Ernst Jünger

Publié le 22/04/2012

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Ernst Jünger naquit à Heidelberg dans une famille aisée dont il s'enfuit en 1913 pour entrer dans la Légion étrangère. Rattrapé de justesse en Afrique par son père, il s'engagea comme soldat volontaire dans la Première Guerre mondiale, où il s'illustra par sa bravoure. Blessé à quatorze reprises, il reçut l'Ordre du mérite, la plus haute distinction allemande. Militaire jusqu'en 1923, il commença sa carrière littéraire en 1920 avec un ouvrage au succès immense, Orages d'acier, inspiré de ses années de guerre. Après l'armée, il débuta des études de philosophie, écrivit des articles pour des revues militaristes et poursuivit son travail d'écrivain par une série d'ouvrages qui exaltaient la guerre comme une fin en soi. Cette dangereuse position d'esthète l'amena à être sollicité par les nazis. Révolté par l'expulsion de son régiment des soldats juifs, il refusa toute allégeance politique et publia Sur les falaises de marbre (1939), roman condamnant à mots cachés le nazisme. Hitler qui admirait l'écrivain militariste de son enfance ne le fit pas arrêter. Il passa la guerre dans l'état-major allemand parisien, où il fut mêlé de loin au projet d'attentat contre Hitler fomenté par Stauffenberg, et renvoyé en Allemagne. Interdit de publication par les Alliés, il n'en continua pas moins d'écrire. Ses ouvrages d'après-guerre condamnèrent la civilisation technique qu'il avait jadis louée, glissant peu à peu vers l'éloge de l'anarchie individuelle. Ecrivain centenaire, Jünger réside en Souabe depuis 1950.      

 

« Ce que sera pour lui la campagne de France, nous le savons par Jardins et routes (1942) et plus tard, par son Journal, nous apprenons comment il a passé trois années à Paris, à l'hôtel Majestic, de février 1941 au mois d'août 1944, séjour interrompu seulement par une mission au Caucase.

Il participe au complot des officiers et fait circuler la Paix ( 1 943).

La conspiration échoue.

Comment survit-il? Mis en disponibilité, il se retire dans sa propriété de Kirchhorst.

C'est là qu'il vit encore maintenant dans une retraite studieuse, volontaire, consacrée à la médi­ tation, à la littérature, au rêve.

« La grandeur humaine, note Jünger dans le Rebelle, triomphe lorsqu'elle repousse l'assaut de l'abjection dans le cœur de chaque homme.

C'est là que se trouve la vraie substance de l'histoire dans la rencontre de l'homme avec lui-même, c'est-à-dire avec sa puissance divine.

» Cette rencontre avec soi-même qui peut passer pour un échec aux yeux du monde, mais qui est une victoire eu égard à la conscience et à la vie intérieure, c'est notre seul espoir de salut.

Telle est la morale qu'on peut tirer de ses deux œuvres majeures, Sur les Falaises de marbre (1939) et Héliopolis (1949), constructions symboliques et mythiques par lesquelles Ernst Jünger affirme la confiance qu'il a dans l'homme par le moyen de la culture ( « les grandes civilisations sont comme des oasis dans le monde de la destruction ») et grâce aux enseignements réunis du christianisme et de l'hermétisme.

Sur les Falaises de marbre est un livre contre la tyrannie, contre l'injustice et la violence : comme il a paru dans les années où Hitler croyait vaincre l'Europe et soumettre l'univers, Jünger ne pouvait s'exprimer que par l'allégorie.

Il montre comment on peut surmonter les épreuves, déjouer les forces conjuguées du mal et s'acheminer vers la perfection.

« Notre vie, dit-il dans son Journal le 18 novembre 1944, est comme un miroir à la surface duquel, si nébuleuses et brouil­ lées qu'elles soient, se dessinent des choses de la plus haute signification.

Un jour, nous péné­ trons dans ce qui se reflète là, et nous atteignons alors la perfection.

Le degré de perfection que nous pouvons supporter est esquissé déjà dans notre vie.

» Héliopolis, vue d'une ville disparue continue la tradition des humanistes de la Renaissance, celle de Campanella en particulier et de sa Civitas solis, sa « Cité du soleil ».

Mais alors que ce dernier traite, à l'instar de Platon, de la meilleure constitution politique et sociale, Jünger a conçu un dessein plus vaste et plus ambitieux: il s'agit pour lui de placer l'homme, non seulement dans la société et dans l'État, mais dans le monde, en face de lui-même et de Dieu.

Il s'agit de sauver son essence, son âme, de le sauver tout entier.

Voilà pourquoi les fervents de Jünger tiennent cette œuvre pour une sorte de bible dont l'action se déroule sur plusieurs plans à la fois et propose plusieurs significations.

Le héros de Héliopolis choisit la retraite et l'exil.

Il sait que nous ne saurions trouver la puis­ sance et l'amour dans le même cœur, ni marier le pouvoir absolu et le bien et que nous ne pouvons posséder d'une possession pure et entière que ce que nous avons perdu.

Aussi se démet-il volon­ tairement des charges qu'on lui avait confiées et se retire-t-il au-delà même des Hespérides.

Les Abeilles de verre ( 195 7) reprennent les mêmes idées, mais sur le mode ironique, bien que la situation ait empiré et que l'humanisme subisse une crise aiguë.

Il s'agit de savoir aujour­ d'hui à qui, des hommes ou des automates, doit échoir la domination du monde.

Comment sauver sa liberté intérieure dans cet univers devenu concentrationnaire, dominé par la technique, dans une société régie par un État-Moloch? Jünger, comme le héros de Héliopolis, préfère une manière d'exil dans l'Allemagne de ce siècle pour sauvegarder ce qu'il considère comme le souverain bien : l'excellence humaine par le moyen de la souffrance et de la contemplation.. »

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