Gainai Ghitany

« rement pour pouvoir envoyer ses enfants à l'école.

« Pour mon père, dit Ghitany, la cho­ se la plus importante, c'était que mes sœurs et moi nous soyons éduqués, qu'on aille à l'université, qu'on ait un di­ plôme.

Le savoir était la va­ leur suprême.

» Pendant toute son enfance, Ghitany entend aussi son père chanter les louanges du prési­ dent Nasser, qui, par ses réfor­ mes, a garanti leurs droits aux pauvres et s'est fait leur pro­ tecteur.

Grâce à lui, son père se sent en sécurité en dépit de sa pauvreté.

Bien qu'il ait connu la prison sous son régi­ me, Ghitany gardera toujours sa faveur à Nasser, qu'il ira jusqu'à l'identifier à son pro­ pre père dans une scène du roman Al-Tajalliyat (« Épipha­ nies »), où se mêlent rêve et réalité .

Dans les années 1970, Sadate, le successeur de Nasser, re­ viendra sur les acquis sociaux du gouvernement précédent pour promouvoir l'infitah (l'ouverture) et le libéralisme économique.

Ghitany criti­ quera cette politique et mon­ trera dans ses romans les con­ séquences désastreuses des changements économiques pour les pauvres, ainsi que la perversion des mœurs : l'ar­ gent a pris une importance prépondérante dans la vie des gens, et la compétition éloi­ gne les individus les uns des autres.

« Ces derniers vingt­ cinq ans ont vu un change­ ment social au détriment de !'Égyptien.

Je vivais dans une ruelle de l'ancien quartier.

Si je disparaissais trois ou quatre jours, tout le quartier s'in­ quiétait de ce que j'étais de­ venu .

Aujourd'hui, je peux mourir dans ma maison sans que ma disparition ne soit re­ marquée, jusqu'à ce que mon cadavre commence à puer.

Les gens sont isolés les uns des autres ; il n'y a plus de communication entre voisins.

Les classes démunies vivent des moments difficiles.

» Journaliste et écrivain E n 1959, Ghitany s'inscrit dans un collège technique et devient en 1963 dessina­ teur de tapis.

C'est aus si cette année-là qu'il publie sa pre­ mière nouvelle, La Visite, dans une revue libanaise.

li donne un numéro de cette revue à. »