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Ho Chi Minh

Publié le 24/12/2011

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2 septembre 1945 - " Mon passé ? Il n'intéresse personne. C'est ce que je fais aujourd'hui qui compte... " Combien de fois Ho Chi Minh n'a-t-il pas découragé ainsi celui d'entre nous qui tentait auprès de lui d'apprendre ou de vérifier des informations sur la date et le lieu de sa naissance, l'origine et les premières étapes de la carrière du créateur de la République démocratique du Vietnam. Pour si étrange que cela puisse paraître, la biographie du dernier en activité des " pères fondateurs " de l'Internationale communiste, du seul des membres du Komintern des années 1924-1926 qui joua encore un rôle important dans la politique mondiale, est restée, jusqu'à sa mort, chargée d'ombres et de contradictions. On sait toutefois qu'il est né à Kiem-Lien, petit village de la province du Nghé-An (Nord-Annam, près de Vinh) dans un paysage mélancolique coupé de haies de bambou, égayé de mûriers, pris entre les montagnes roses et la mer murmurante, au loin. Le pays est pauvre, incapable en tout cas de nourrir sa population fourmillante. On ne dira pas que c'est le sol qui crée le révolutionnaire, et que, né en Beauce, M. Ho aurait été un politicien centre-droit. Mais il est de fait que le Nghé-An est la province vietnamienne qui, de Pham Boi Chau à Ho Chi Minh, a donné le plus de révolutionnaires au Vietnam. Va pour le lieu. Mais pour la date de naissance ? Adoptons celle du 19 mai 1980, contestée par un auteur sur deux, préférant celle de 1982. Quant à sa famille, on la sait pauvre. Son père, petit lettré, était un modeste fonctionnaire. Nationaliste, il fut révoqué. Le premier des quinze noms que porta Ho Chi Minh fut probablement Nguyen Sinh Cung, avant d'être, vers la dixième année, appelé Nguyen Tât Thành, " celui qui a de belles espérances ". Ce qui est certain, c'est que le futur président naquit au foyer même de la révolution, dans un climat de répression et de rancoeurs, de misère et de prophéties d'un avenir meilleur. A vingt ans, après de trop courtes études au lycée de Hué, il s'embarque comme boy sur le Latouche-Tréville, qui bientôt fait route vers la France, où le jeune homme travaille un temps comme aide-jardinier. C'est lors d'une de ses escales au Havre qu'il choisit son premier nom de guerre : Nguyen Ai Quoc (Nguyen le patriote). On le retrouve bientôt en Grande-Bretagne, où la guerre de 1914 le surprend; balayeur puis cuisinier, il trouve, après un bref séjour aux Etats-Unis, l'occasion d'étudier les premiers ouvrages de vulgarisation marxiste et les thèses fabiennes, qui se partagent les faveurs des innombrables groupes d'étudiants socialistes auxquels commence de se mêler le jeune Annamite exilé. En 1917 il arrive à Paris. La vie dans un galetas de la rue du Marché-aux-Patriarches, puis à Marcadet, la fondation du Paria, journal anticolonialiste dont il est à la fois le directeur, l'éditorialiste, le caricaturiste, et où il appelle à ses côtés les premiers nationalistes algériens, les meetings guettés par la police, les tracts clandestins, les articles pour la Vie ouvrière et le Populaire, les campagnes de propagande antimilitariste, l'adhésion au parti socialiste, le congrès de Tours enfin, où un jeune homme malingre de trente ans qui s'appelle Nguyen Ai Quoc lance un appel enflammé à la libération des peuples coloniaux et se prononce pour la tendance de Cachin et de Vaillant-Couturier. Dès lors, il est communiste, il le restera. Il voue sa vie à la lutte d'émancipation du prolétariat mondial-du " vrai " prolérariat, celui des hommes de couleur et avant tout ceux du Vietnam. C'est alors un homme frêle, précocement courbé, au long visage buriné, les yeux fiévreux, étincelants, la parole heurtée. La plupart de ses relation d'alors gardent le souvenir d'un garçon séduisant, excessif, d'une sensibilité frémissante. Son ami Trinh, qui partageait sa chambre, se plaignait qu'il l'empêchât de dormir : la nuit durant il parlait fiévreusement, en fumant, de l'avenir du socialisme, de l'âme vietnamienne et de la libération des peuples opprimés. C'est au cours de ces nuits de veille ardente qu'il rédigea, aidé par un autre compagnon Nguyen Thé Truyen, les pages de sa brochure, Procès de la colonisation française, dont le gouvernement révolutionnaire de Hanoï reprendra presque mot pour mot les termes dans sa première proclamation, le 2 septembre 1945. Mais c'est à Moscou qu'il lui faut aller, avant de reprendre la lutte sur place, en Asie. Il arrive en Union soviétique au début de 1924. On le voit d'abord parmi les dirigeants du Krestintern, l'Internationale paysanne, puis au sein du Komintern-où l'a connu sa camarade allemande Ruth Fishezr, qui, dans son livre, De Lénine à Mao, a décrit Nguyen Ai Quoc à Moscou : timide, amical, simple de ton, un peu naïf, tenu par les autres dirigeants de la IIIe Internationale pour un compagnon peu porté à théoriser, mais sensible et intelligent. Après dix-huit mois d'études et de conférence à Moscou, il part pour la Chine, où il sert d'interprète et de conseiller au délégué du Komintern, Borodine. Il prend de l'autorité, regroupe autour de lui les exilés vietnamiens et fonde le " parti de la jeunesse ", le Than Nienh, dont un hebdomadaire va bientôt répandre la doctrine, plus nationaliste d'ailleurs que marxiste. Mais bientôt il pose avec ses deux premiers lieutenants, Hong Son et Hô Tung Mau, les bases du Parti communiste indochinois (PCI). Celui-ci ne sera pourtant créé officiellement que trois ans plus tard, le 3 février 1930, après deux nouveaux séjours de Nguyen Ai Quoc à Moscou et un voyage à Berlin au cours duquel il semble avoir rencontré des responsables du parti communiste français. De ses bases chinoises-Canton, Kun-Ming-il lance des mots d'ordre de " révolution agraire " et de créations de " soviets locaux ", surtout dans le Nghé-An, sa province natale, où sévit la famine. Des troubles éclatent au cours de " marches de la faim " dans la région de Vinh, durement réprimés. Organisateur des émeutes du Nghé-An, Quoc est condamné à mort par contumace en 1931. La sûreté française réclame son extradition aux autorités britanniques de Hongkong, qui le font arrêter. Mais le leader communiste indochinois, qui avait déjà subi à Paris les premières atteintes de la tuberculose, et que ses amis avaient vu plusieurs fois déjà cracher du sang, entre bientôt à l'infirmerie de la prison. Pour y mourir ? Les rapports de la police britannique l'affirment. En 1933, les services de sécurité de Hanoï le tiennent pour mort. Mais on le retrouve, en 1932, à l'Institut Lénine de Moscou, puis en Chine en 1936. Son rôle reste discret lors de la période du Front populaire, qui permet au PCI d'entamer une action légale. Sa condamnation à mort le retient en effet hors d'Indochine, alors que plusieurs de ses disciples, Pham Van Dong, Vo Nguyen Giap et Tran Van Giau, créent des journaux et travaillent les masses. Mais dès la proscription du parti, en 1939, Nguyen Ai Quoc reprend ouvertement la barre, notamment au congrès qui, du 10 au 19 mai 1941, réunit à Tsin-Tsi (Chine méridionale) la plupart des leaders communistes vietnamiens et aboutit à la rédaction d'un manifeste qui restera la charte du Vietminh (Front pour l'indépendance du Vietnam). Alors commence pour les dirigeants du nouveau Front une période de démêlés rocambolesques avec les autorités chinoises, qui voudraient bien les utiliser contre les Japonais déjà implantés en Indochine mais craignent d'entretenir un foyer de communisme au Kouang-Si et au Yunnan. Pendant trois ans, Nguyen Ai Quoc se trouvera alternativement un mois en prison et le mois suivant titulaire d'une pension de plusieurs centaines de milliers de dollars, selon l'humeur ou les méditations du maréchal Tchan Fakwei, délégué général du Kouomintang pour la Chine du Sud. C'est notamment pour " régulariser " ses relations avec le Kouomintang, où son dossier est classé parmi ceux des " dangereux agitateurs communistes ", que Nguyen Ai Quoc choisit alors un nouveau nom : il s'appellera désormais Hô Chi Minh, " celui qui éclaire "... La grande entreprise commence. Hô Chi Minh et les siens, pénétrant sur le territoire indochinois, choisissent Thai-Nguyen pour capitale, s'y retranchent, provoquent la sédition de la garnison, font tache d'huile sur les provinces de Coa-Bang, Lang-Son, Bac-Kan. Les autorités de Vichy décident alors de réagir : une expédition sera lancée contre le Vietminh le 10 mars 1945. Mais Hô et les siens sont, paradoxalement, sauvés par les Japonais. Le 9, l'armée nippone a jeté son filet sur toutes les forces françaises d'Indochine. Les dieux sont avec Hô Chi Minh. L'effondrement des forces françaises n'a pas sauvé dans l'immédiat seulement les leaders vietminhs : il leur ouvre en fait les portes du pouvoir. Car l'armée japonaise ne saurait opposer un rempart aussi cohérent que l'administration coloniale à l'entreprise révolutionnaire. Elle reste néanmoins dangereuse. Mais la bombe d'Hiroshima vient parfaire le caractère fabuleux de la marche au pouvoir d'Hô Chi Minh. Quatre jours plus tard, il lance l'ordre d'insurrection générale. Le Japon est à bas, la présence française en Indochine prise sous son cadavre. Ses deux adversaires se sont entre-tués. La voie est libre. Le 2 septembre, l'indépendance et la République sont proclamées. Les Hanoïens apprennent que le président du gouvernement est un certain Hô Chi Minh. Qui est-ce ? Nguyen Ai Quoc, disent les mieux renseignés. Ah! oui le leader communiste... La plupart auraient préféré un nationaliste, un disciple de Nguyen Thai Hoc ou de Pham Boi Chau. Mais bientôt ils voient le nouveau président. Et en dépit des violences et des maladresses que commettent ses lieutenants et leurs hommes, le petit homme leur plaît. Il ne lui faut pas un mois pour s'imposer. On ne le voit pas entrer, on l'entend moins encore : ses sandales glissent sur le parquet du grand bureau de gouverneur colonial, où il reçoit les hôtes étrangers. La voix est grêle, un peu zézayante, marquée d'un accent indéfinissable qui pourrait être aussi bien anglais que chinois. Mais l'homme... Ce qui frappe d'abord, c'est l'étonnant, le brûlant regard sous les sourcils broussailleux, le front immense et la houppe de cheveux gris, hérissés, qui aurait quelque chose d'un peu comique si son visage et sa silhouette n'étaient imprégnés de dignité. Les pieds joints, à peine assis sur le bord du divan épais, les mains mobiles, il parle, de sa voix de fantôme ironique : " Un peuple comme le vôtre, qui a donné au monde la littérature de sa liberté, trouvera toujours en nous, et quoi qu'il fasse, des amis; si vous saviez, monsieur, avec quelle passion je relis chaque année Victor Hugo ou Michelet... Ces accents-là ne trompent pas, ils sont ceux du petit peuple de chez vous, qui est si étrangement frère du nôtre... Ah ! monsieur , faut-il que le colonialisme soit mauvais pour transformer ainsi les hommes ! " Dans sa vareuse élimée de toile bise, dont la coupe fait penser à la fois à celle de Staline et aux anciens uniformes que portent encore, dans les petits ports de la côte provençale, les retraités coloniaux, M. Hô fait songer à un lettré vénérable de l'ancienne Chine qui aurait pris, pour se réincarner, le vêtement de la révolution. Je devais le revoir quelques semaines, puis quelques mois plus tard, la première fois en compagnie du général Leclerc, la seconde fois face à l'amiral d'Argenlieu. Comment le cavalier nationaliste qu'était Leclerc, si entier, si intransigeant, avait-il su se faire à ce point cordial, jovial même, avec le vieux leader communiste qui l'accueillait, le 19 mars 1946, sur le seuil du palais du gouvernement ? L'entrevue de l'amiral d'Argenlieu et du président, en baie de Cam-Ranh, au retour de M. Hô de la conférence de Fontainebleau, fut moins cordiale, mais courtoise. Après une conversation de trois heures dans le carré du Suffren, ils convoquèrent les trois journalistes présents, et l' " oncle Ho " les incita " à contribuer à l'apaisement des esprits ". Et se retournant soudain vers l'amiral sidéré, il lui donna l'accolade... Ainsi imposa-t-il au monde, mais surtout à son peuple, le personnage de l' " oncle Hô ", le gentil, le débonnaire, le naïf président aux mains chargées d'oranges et de bonbons pour les enfants, le sourcil étonné et le regard candide, le saint François du maquis, la vareuse élimée, les sandales trouées, qui essuie sa bouche au revers de son manteau et couche sur une natte, image de la pauvreté du pouvoir-en Asie... De lui seul on dit " cu " : le vénérable. (On ne dit même pas l'incorruptible, tant la chose paraît aller de soi.) Il vit comme le Poverello, mais il agit comme Lénine. Combien de ses interlocuteurs l'ont senti, au cours d'une conversation toute d'abandon, où les obstacles paraissent s'évanouir, se reprendre soudain et rappeler, en une formule frappante, que ses positions de leader révolutionnaire ne pouvaient être entamées par un échange de sourires ! Il disait un soir de septembre 1946, à Paris, à Marius Moutet qui tentait alors de le convaincre de signer un accord de compromis : " Oui, cette affaire peut se régler en trois mois... ou en trente ans. Si vous nous acculez à la guerre, vous me tuerez dix hommes quand je vous en tuerai un. Et à ce prix-là c'est encore moi qui gagne ". Quel que soit le rôle qu'il ait joué le 19 décembre 1946 dans la rupture des accords signés le 6 mars précédent avec M. Sainteny et ouvrant la voie à l'émancipation de son pays, Hô Chi Minh se retrouvait au début de 1947 à la tête d'une troupe de maquisards. Grottes de la haute région, buttes de branchages de Thaï-Nguyen, routes nocturnes et longues marches, l' " oncle " reprit la vie errante du proscrit : mais cette fois il avait en main l'instrument de la révolution, une armée pourvue d'armes par ses alliés russes et chinois et dotée d'un stratège exceptionnel, Vô Nguyen Giap, qui était depuis plus de dix ans, avec Pham Van Dong, l'un de ses deux disciples préférés. De la guérilla de 1947 aux premières batailles frontales de 1950, les divisions de Giap se préparaient au raz-de-marée de Dien-Bien-Phu. Et, le 21 juillet 1954, le Vietnam indépendant naissait pour la deuxième fois à la conférence de Genève, mais un Vietnam divisé et réduit pour les vainqueurs à un Nord où la pénurie imposait le régime de l'austérité socialiste. De la maisonnette du jardinier du palais des anciens gouverneurs français où il avait élu domicile, le vieil homme à la tunique couleur de sable reprit le pilotage de la révolution vietnamienne. Navigation difficile entre Moscou-auquel son coeur et sa raison révolutionnaire demeuraient, semble-t-il, attachés-et Pékin, le puissant voisin; mais d'abord Vietnamien. Avant tout Vietnamien ! JEAN LACOUTURE Le Monde du 5 septembre 1969

« Il prend de l'autorité, regroupe autour de lui les exilés vietnamiens et fonde le " parti de la jeunesse ", le Than Nienh, dont unhebdomadaire va bientôt répandre la doctrine, plus nationaliste d'ailleurs que marxiste.

Mais bientôt il pose avec ses deuxpremiers lieutenants, Hong Son et Hô Tung Mau, les bases du Parti communiste indochinois (PCI).

Celui-ci ne sera pourtant crééofficiellement que trois ans plus tard, le 3 février 1930, après deux nouveaux séjours de Nguyen Ai Quoc à Moscou et un voyageà Berlin au cours duquel il semble avoir rencontré des responsables du parti communiste français. De ses bases chinoises-Canton, Kun-Ming-il lance des mots d'ordre de " révolution agraire " et de créations de " sovietslocaux ", surtout dans le Nghé-An, sa province natale, où sévit la famine.

Des troubles éclatent au cours de " marches de la faim "dans la région de Vinh, durement réprimés.

Organisateur des émeutes du Nghé-An, Quoc est condamné à mort par contumaceen 1931.

La sûreté française réclame son extradition aux autorités britanniques de Hongkong, qui le font arrêter.

Mais le leadercommuniste indochinois, qui avait déjà subi à Paris les premières atteintes de la tuberculose, et que ses amis avaient vu plusieursfois déjà cracher du sang, entre bientôt à l'infirmerie de la prison.

Pour y mourir ? Les rapports de la police britannique l'affirment.En 1933, les services de sécurité de Hanoï le tiennent pour mort.

Mais on le retrouve, en 1932, à l'Institut Lénine de Moscou,puis en Chine en 1936. Son rôle reste discret lors de la période du Front populaire, qui permet au PCI d'entamer une action légale.

Sa condamnation àmort le retient en effet hors d'Indochine, alors que plusieurs de ses disciples, Pham Van Dong, Vo Nguyen Giap et Tran VanGiau, créent des journaux et travaillent les masses.

Mais dès la proscription du parti, en 1939, Nguyen Ai Quoc reprendouvertement la barre, notamment au congrès qui, du 10 au 19 mai 1941, réunit à Tsin-Tsi (Chine méridionale) la plupart desleaders communistes vietnamiens et aboutit à la rédaction d'un manifeste qui restera la charte du Vietminh (Front pourl'indépendance du Vietnam). Alors commence pour les dirigeants du nouveau Front une période de démêlés rocambolesques avec les autorités chinoises,qui voudraient bien les utiliser contre les Japonais déjà implantés en Indochine mais craignent d'entretenir un foyer decommunisme au Kouang-Si et au Yunnan.

Pendant trois ans, Nguyen Ai Quoc se trouvera alternativement un mois en prison et lemois suivant titulaire d'une pension de plusieurs centaines de milliers de dollars, selon l'humeur ou les méditations du maréchalTchan Fakwei, délégué général du Kouomintang pour la Chine du Sud. C'est notamment pour " régulariser " ses relations avec le Kouomintang, où son dossier est classé parmi ceux des " dangereuxagitateurs communistes ", que Nguyen Ai Quoc choisit alors un nouveau nom : il s'appellera désormais Hô Chi Minh, " celui quiéclaire "... La grande entreprise commence.

Hô Chi Minh et les siens, pénétrant sur le territoire indochinois, choisissent Thai-Nguyen pourcapitale, s'y retranchent, provoquent la sédition de la garnison, font tache d'huile sur les provinces de Coa-Bang, Lang-Son, Bac-Kan.

Les autorités de Vichy décident alors de réagir : une expédition sera lancée contre le Vietminh le 10 mars 1945.

Mais Hô etles siens sont, paradoxalement, sauvés par les Japonais.

Le 9, l'armée nippone a jeté son filet sur toutes les forces françaisesd'Indochine.

Les dieux sont avec Hô Chi Minh. L'effondrement des forces françaises n'a pas sauvé dans l'immédiat seulement les leaders vietminhs : il leur ouvre en fait lesportes du pouvoir.

Car l'armée japonaise ne saurait opposer un rempart aussi cohérent que l'administration coloniale à l'entrepriserévolutionnaire.

Elle reste néanmoins dangereuse.

Mais la bombe d'Hiroshima vient parfaire le caractère fabuleux de la marche aupouvoir d'Hô Chi Minh.

Quatre jours plus tard, il lance l'ordre d'insurrection générale.

Le Japon est à bas, la présence françaiseen Indochine prise sous son cadavre.

Ses deux adversaires se sont entre-tués.

La voie est libre. Le 2 septembre, l'indépendance et la République sont proclamées.

Les Hanoïens apprennent que le président du gouvernementest un certain Hô Chi Minh.

Qui est-ce ? Nguyen Ai Quoc, disent les mieux renseignés. Ah! oui le leader communiste...

La plupart auraient préféré un nationaliste, un disciple de Nguyen Thai Hoc ou de Pham BoiChau.

Mais bientôt ils voient le nouveau président.

Et en dépit des violences et des maladresses que commettent ses lieutenants etleurs hommes, le petit homme leur plaît.

Il ne lui faut pas un mois pour s'imposer. On ne le voit pas entrer, on l'entend moins encore : ses sandales glissent sur le parquet du grand bureau de gouverneur colonial,où il reçoit les hôtes étrangers.

La voix est grêle, un peu zézayante, marquée d'un accent indéfinissable qui pourrait être aussi bienanglais que chinois.

Mais l'homme...

Ce qui frappe d'abord, c'est l'étonnant, le brûlant regard sous les sourcils broussailleux, lefront immense et la houppe de cheveux gris, hérissés, qui aurait quelque chose d'un peu comique si son visage et sa silhouetten'étaient imprégnés de dignité.. »

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