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ILYA EHRENBOURG

Publié le 20/04/2012

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ehrenbourg

Pour Ehrenbourg, partisan de la paix, nomade de la paix, il y a un paradoxe. Ce sont les guerres qui le tirent d'affaire : guerre d'Espagne, Seconde Guerre mondiale. Alors, pendant cinq années, il ne sera plus le Juif et l'intellectuel, mais le chantre russe d'une épopée où Staline trouve sa grandeur. Ce sont les années de fresques : la Chute de Paris, la Tempête, le Neuvième Flot. Malgré l'habillage, Ilya Ehrenbourg sera plus un chroniqueur et un essayiste qu'un romancier. Il a écrit sur Tchékhov des pages remarquables et il sera vraiment lui-même - les événements et lui - dans sa bible, qui sont ses souvenirs....

ehrenbourg

« Juif errant, il est le messager d'une Russie et d'une révolution qui ne ressemblent pas beau­ coup à ce qu'en fait Staline.

Hors Paris, la grande aventure de sa vie sera l'Espagne, poème épique où se nouent des amitiés que le temps ni l'espace ni les oppositions ne pourront dissoudre.

Quittant en 1937 cette Espagne de sang et de lumière, il affronte à Moscou la longue nuit stali­ menne.

Pour Ehrenbourg, partisan de la paix, nomade de la paix, il y a un paradoxe.

Ce sont les guerres qui le tirent d'affaire : guerre d'Espagne, Seconde Guerre mondiale.

Alors, pendant cinq années, il ne sera plus le Juif et l'intellectuel, mais le chantre russe d'une épopée où Staline trouve sa grandeur.

Ce sont les années de fresques : la Chute de Paris, la Tempête, le Neuvième Flot.

Malgré l'habillage, Ilya Ehrenbourg sera plus un chroniqueur et un essayiste qu'un roman­ cier.

Il a écrit sur Tchékhov des pages remarquables et il sera vraiment lui-même -les événe­ ments et lui - dans sa bible, qui sont ses souvenirs.

Pendant six années, de 1949 à 1954, Ehrenbourg est interdit en France.

Il affronte à Moscou la période la plus dure.

C'est la lutte contre le cosmopolitisme, et le Juif est à sa façon un cosmo­ polite.

Déjà, avant la guerre, beaucoup de ses camarades sont morts, son condisciple Boukharine, ses amis Babel, Meyerhold.

On recommence à dire : «A qui le tour? » On vit le temps des Possédés.

Enfin Staline meurt.

Chacun a fait, jusqu'en ce mois de mars 1953, ce qu'il a pu pour sur­ vivre, gagner du temps.

Ehrenbourg a gagné de justesse.

Ille dit.

Il a écrit ce Dégel, qui n'est pas une œuvre littéraire, mais un de ces pamphlets comme on en écrivait à Athènes ou à Rome au seuil ou au lendemain des crises.

Ehrenbourg est fataliste.

Il a le goût de l'homme et de la terre.

Il est rebuté par la science, la technique, envoûté par la nature.

Il n'aime pas les médecins qu'il ne verra jamais.

Sa nature et sa ruse le protègent.

Dans les villes, après avoir recueilli les cinq sous de son œuvre, la première porte qu'il pousse est celle de la boutique des grainetiers.

Et il ne revient chez lui que les poches bourrées de graines et d'oignons qu'il enfouit dans son jardin, ou donne aux agronomes, ses amis.

Pour sa terre puissante, étouffée par six mois de neige, étouffée par des siècles de silence et de violence, il cherche des plantes précoces.

En Uni on Soviétique, il n'y a pas, dans les revues, les journaux, sur les antennes, des rubriques de comptes rendus ou de critiques telles que nous les concevons.

On est mis en jugement par l'Etat et ses fonctionnaires ou par les lecteurs.

C'est le tirage de l'œuvre, les lettres de lecteurs et les assemblées qui témoignent de l'audience de l'écrivain.

Les débats publics qui groupent des cen­ taines de lecteurs ou de curieux sont vifs : « Pourquoi votre héros se comporte-t-il ainsi? » « Le dégel ne peut-il être suivi d'un nouveau gel? ...

» Ilya Ehrenbourg a une grande audience à l'Est, dans la jeunesse surtout.

Quand, en 1961, il prend la défense des Arts contre ceux qui veulent réduire l'homme à la science et à la technique, c'est par milliers, à Léningrad et à Moscou, que se réunissent jeunes et vieux pour dispu­ ter de ces thèses - la coexistence du monde de Gagarine avec celui de la femme au petit chien.

Ehrenbourg couronne son œuvre par ses mémoires, dans un pays où il y en a peu.

Il a un œil et une mémoire aigus.

Il ne cherche ni le style ni l'esprit : ce sont les faits qui ont de l'esprit, la démarche qui a du style.

Il apporte des lumières sur les notables qu'il a connus, sur les situations.

Mais comme les volcans ne sont pas éteints, il parle avec prudence.

Le temps n'est pas venu où l'on peut tout comprendre et tout dire.

On ne jette pas ses cartes avec un cri héroïque et inutile : on poursuit à petits pas.

Le principal reproche que lui font ses adversaires, dans le régime ou hors du régime, est : « Pourquoi n'êtes-vous pas mort, vous? » ...

Quand on est mort, on n'écrit plus, on ne témoigne plus.

EMMANUEL D'ASTIER 401. »

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