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JAROSLAW IWASZKIEWICZ

Publié le 17/01/2022

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Il voyagea toujours, par goût, par nécessité intérieure, parce que, tout simplement, son métier d'écrivain l'y conviait. La confrontation des désirs humains avec la condition humaine à laquelle il s'essayait dans ses écrits se complétait d'un dialogue électrisant de la mémoire et de l'espace, où l'on pouvait voir courir, entre les steppes provinciales de l'enfance et les grandes métropoles européennes, comme entre deux électrodes d'un monde exploré mais non communiquant, l'étincelle de l'émotion et de la fascination par l'unité de la planète. C'est dans ce sens aussi qu'Iwaszkiewicz put dire de son oeuvre qu'un de ses thèmes principaux consiste en la confrontation Est-Ouest.

« premières découvertes littéraires et philosophiques : les grands romantiques polonais Mickiewicz et Slowacki, avec lequel il a partagé les paysages de l'enfance et les explosions de l'imagination; Bergson, Chesterton, Tourguéniev et Rimbaud auxquels il faudra adjoindre bientôt Tolstoï, Dostoïevski et plus tard Marcel Proust, tant de fois mentionné dans les souvenirs.

L'emprise souveraine de la musique s'était déjà fait sentir, renforcée par l'amitié et les liens de parenté avec Karol Szymanowski, compositeur qui mérita le plus de la musique moderne polonaise.

Et les souffrances violentes de l'adolescence étaient déjà ressenties : « La tentation de se laisser volon~ tairement mourir » avait déjà engagé son dialogue incessant avec la curiosité insatiable du monde et cet « à quoi bon » qui reviendra des années plus tard dans Mourir à Paris et dans tant d'autres poèmes et proses où - comme dans la ville de son élection, Sandomierz - « le courant impétueux de la Vistule invite à sauter >>, jusqu'à ce que soit réaffirmée la réalité de « cette maison qui est notre maison »,jusqu'à ce que réapparaisse, comme dans le Bois de bouleaux, « le calme serein et le consentement à toute chose »,jusqu'à ce que soit remémoré le choix de cet endroit sur la même Vistule, « le seul au monde où je veuille revenir, où je veuille vivre et créer ».

Mais tout cela fut précédé de la participation active ~ux batailles littéraires du temps et de nombreux voyages, de ceux que la critique appelle une redécouverte du monde pour les artistes du xxe siècle.

Il voyagea toujours, par goût, par nécessité intérieure, parce que, tout simplement, son métier d'écrivain l'y conviait.

La confrontation des désirs humains avec la condition humaine à laquelle il s'essayait dans ses écrits se complétait d'un dialogue électrisant de la mémoire et de l'espace, où l'on pouvait voir courir, entre les steppes provinciales de l'enfance et les grandes métro~ pales européennes, comme entre deux électrodes d'un monde exploré mais non communiquant, l'étincelle de l'émotion et de la fascination par l'unité de la planète.

C'est dans ce sens aussi qu'Iwaszkiewicz put dire de son œuvre qu'un de ses thèmes principaux consiste en la confrontation Est~Ouest.

Ajoutons de notre part : une confrontation toute pénétrée du sentiment de la solidarité humaine, de la présence simultanée au monde des régions les plus disparates, où « tout est telle~ ment étranger et tout est tellement humain » et où les endroits quittés jadis apparaissent parfois si éloignés que l'on peut écrire comme dans le cycle des « Élégies » : Et lorsque, en étranger, je foule ces terres en friche Et contemple le bois de sapins endormi sous sa fourrure verte Je prifère aux vieilles amours, je prifère aux atours déteints Ce vent d'aujourd'hui ...

Ce choix - qui ne cessera de hanter le poète, qui sera toujours réaffirmé au point de décider de l'œuvre des années de maturité - rejoint le débat grave entre l'amour et la solitude, cette solitude qui accable le père Suryn de Mère Jeanne des Anges, qui est « froide comme l'acier et précise comme la ligne d'un dessin ».

Voici donc un autre aspect de cette œuvre réunissant les premiers souvenirs de l'enfance(« ils ne cessaient de me tourmenter ...

») et la réflexion sur la con~ dition humaine transportée continuellement dans des climats différents, des contrées éloignées avec leur lumière fugitive de l'instant, leurs paysages incomparables, et ces inspirations par l'art qui exercent une telle fascination sur l'auteur, à témoin ce séjour à Heidelberg qui inspira plus tard les Amants de Vérone et les Boucliers rouges.

L'écrivain vécut l'occupation allemande à Varsovie, sous la pression d'événements dont l'implacable cruauté est connue.

Nous retrouvons des échos de cette période dans l'œuvre d'après~ guerre, entre autres dans Moulin sur la Lutynia, dans Icare, dans l'Envol.

Avec ce dernier récit nous nous retrouvons d'ailleurs en plein cœur de l'histoire « in statu nascendi », qui semble être der~ nièrement l'axe autour duquel se concentre l'œuvre majeure de l'auteur de la Gloire et la Renommée.

Car nous parlons là d'un auteur qui n'a pas fini de porter son témoignage sur notre temps, d'un auteur toujours présent et qui continue de développer son œuvre avec une vigueur ne faiblissant pas avec le cours des années, alors que « passent les choses et les gens, passent les images de la terre, tout change et tout devient un ».

ARTUR MIEDZYRZECKI Varsovie. »

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