L'INNOCENT PARADIS DE L’ENFANCE (BAUDELAIRE)

e vastes zones d'ombre subsistent encore dans le domaine baudelairien et l'on peut craindre qu'au­cune recherche ne parvienne jamais à les éclairer complètement. S'il n'en résultait d'autre inconvénient que de laisser un excès de marge à l'imagination, il n'y aurait pas lieu de s'en trop affliger, car Baudelaire lui-même demande qu'une œuvre d'art ouvre « de profondes avenues à l'imagination la plus voyageuse «. Malheureusement l'imagination des biographes y trouve aussi à s'exercer, et ne s'en prive pas. Pour achever de nous perdre, le poète s'est plu à brouiller les pistes, à la fois parce que « les sentiments profonds ont une pudeur qui ne veut pas être violée «, et parce que « son goût diaboliquement passionné de la bêtise lui fait trouver des plaisirs particuliers dans les travestissements de la calomnie «.