LOYS MASSON

« 196 resque.

C'est pourtant à ses couleurs violentes, à son ani• mation sauvage, qu'elle doit en grande partie son origina· lité : elle a bouleversé par sa crudité, son naturel, les jardins raffinés de la poésie intellectuelle ; on peut, à ce titre, la comparer à celle d'un Bérimont qui, elle aussi, écrase des fruits, se barbouille de sève ; mais Loys Masson, préoccupé de symboles, de sublimations, est un poète que la nature ne saurait enfermer.

Dans le poème que je vais recopier, nous yoyons clairement la nature mystique de sa démarche: POÈME DU CERCLE {Extrait) DIL royaume de r émanatÎOil, du profond pays de la t>oyelle 0, te verrai-je èlescendre parmi les regrets de plomb et d'or -et te reconnaîtrai-je ma mère, avant le silence des yeux ? Ou bien faudra-t-il germer parmi d'autres herbe,ç sans légende, sous un pas inconnu, à jamais coupé de toutes ressemblances -seul ...

seul ? Cltaque matin j'ouvre la porte sur une lande inaccou• tumée où des présages dorment sur l'absence de songes pareils à des genêts trop lourds.

Puis à midi la splu'!re de la présence divine est amenée par un cortège sans ·visages.

Et l'écrasante transparence s'étend comme une rumeur de cloches.

Tout n'est plus qu'un seul œil énorme qui SE regarde.

]'ai peur de cet étranger qui déjà prend en moi toute la place.

Tou te la vue -- et ses oreilles &ccllées de la pierre rouge.

Sa bouche trompette calcinée ...

Bel enfer à flancs de paradis, belle mémoire en feu qui brûle son principe.

Le son de la trompette est absence absence.

La voix de la trompette ouvre les mille portes de l'absence,. »