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MARBODE

Publié le 21/05/2012

Extrait du document

Il a, avec plus d'ampleur, célébré les enseignements donnés par l'exemple des martyrs

et des saints; et, en cette occasion, il s'est plu à faire une part d'honneur aux gloires de l'église

angevine, aux évêques, proclamés saints, qui avaient présidé à ses destinées, à saint Maurille,

à saint Lézin, à saint Mainbeuf, tout de même qu'il a exalté le sacrifice de saint Victor, soldat

thébéen, celui de saint Maurice et de ses compagnons, le martyre des saints Félix et Audacte,

tous confesseurs de la foi dont Angers s'honorait de posséder des reliques. D'un autre côté, c'est

peut-être en cédant à la séduction des légendes anciennes venues de l'Orient, émouvantes autant

qu'édifiantes, qu'il a mis en vers l'histoire de Théophile le renégat (si toutefois la pièce est bien

de lui) et la Vie de Thaïs la pécheresse, tous deux sauvés par un repentir éclatant et par une

grâce miraculeuse.

« Il a écrit sur plusieurs sujets que lui fournissait la Bible : sur les sept frères Macchabées, sur les douze patriarches, sur le naufrage de Jonas; et l'idée première de son Lapidaire, où il a mis en vers une prétendue lettre d'Evax, roi des Arabes, à l'empereur Tibère, avec des compléments tirés de Pline et des Érymologies d'Isidore de Séville, se rattache à la notion initiale des douze gemmes mystiques, auxquelles par ailleurs il a consacré spécialement un petit poème.

Il a de même, dans la ligne de la doctrine chrétienne, composé beaucoup de petits poèmes, des hymnes, des prières, des méditations sur le péché originel, sur l'histoire et les triomphes du Christ.

Il a, avec plus d'ampleur, célébré les enseignements donnés par l'exemple des martyrs et des saints; et, en cette occasion, il s'est plu à faire une part d'honneur aux gloires de l'église angevine, aux évêques, proclamés saints, qui avaient présidé à ses destinées, à saint Maurille, à saint Lézin, à saint Mainbeuf, tout de même qu'il a exalté le sacrifice de saint Victor, soldat thébéen, celui de saint Maurice et de ses compagnons, le martyre des saints Félix et Audacte, tous confesseurs de la foi dont Angers s'honorait de posséder des reliques.

D'un autre côté, c'est peut-être en cédant à la séduction des légendes anciennes venues de l'Orient, émouvantes autant qu'édifiantes, qu'il a mis en vers l'histoire de Théophile le renégat (si toutefois la pièce est bien de lui) et la Vie de Thaïs la pécheresse, tous deux sauvés par un repentir éclatant et par une grâce miraculeuse.

Mais sa formation ecclésiastique ne suffit pas à expliquer tous les aspects de sa personnalité.

Il faut y ajouter la pratique des auteurs de l'antiquité classique, revenus en si grande faveur depuis la restauration des études au temps de Charlemagne.

Marbode ne partageait pas l'engoue­ ment, inconsidéré à son sens, de tant de clercs ses contemporains pour toutes les productions de la littérature romaine indistinctement.

Pensant probablement aux comédies de Térence et aux légendes mythologiques, il en condamnait l'immoralité et désapprouvait l'explication qui s'en faisait dans les écoles.

Mais il ne ralliait pas pour autant le camp des esprits inquiets qui redou­ taient l'attrait des œuvres célèbres du passé comme un appel des Sirènes.

Plus d'un chrétien de son temps, tenant déjà pour un sacrilège le simple désir de connaître, s'indignait qu'on pût remettre en honneur des inventions de païens.

Marbode n'a pas connu ces craintes et défiances.

Il n'a pas douté de la légitimité de son zèle pour la poésie et de son admiration pour ceux qui y avaient brillé, et son soin a été seulement de choisir avec discernement des auteurs auxquels il pût se fier selon les conseils de la raison.

La lecture de textes divers, mais choisis, qui pouvaient tenir leur autorité d'une inspiration divine ou de mérites simplement humains, a fait de lui un sage.

L'équilibre des pensées qui se sont ainsi établies dans son esprit apparaît surtout dans son Livre des douze chapitres, recueil de dix poèmes, où sa personnalité se dessine le mieux et de la manière la plus attachante.

C'est une œuvre de sa vieillesse, fruit des réflexions d'une longue expérience, portant à la fois sur la religion, sur la morale, et sur le métier d'écrivain.

Débutant par une sorte de confession sur les principes dont il s'est inspiré en tant qu'auteur, il traite ensuite des conditions de la vie humaine; du naturel des femmes, qui peuvent être les suppôts du diable, mais aussi, quand elles sont fortes, le miroir de vertus exemplaires; de la vieillesse et de ses privilèges; de la détermination du destin et de la croyance à l'astrologie; des déceptions qu'engendre la recherche du plaisir; des charmes de la véritable amitié; de la mort enfin, qui n'est pas à redouter, puisque aussi bien elle apporte ses bienfaits.

Les qualités d'une forme dépouillée, l'heureuse combinaison de la doctrine chrétienne et de la philosophie cicéronienne, l'agrément des confidences personnelles donnent à ces dix poèmes le caractère d'un noble témoignage.

DEs divers motifs d'intérêt qu'on peut trouver aujourd'hui encore à la lecture des œuvres de Marbode le principal est peut-être le besoin qu'il a éprouvé plusieurs fois de confier au lecteur ses préoccupations d'écrivain.

Le fait est à noter.

Il a eu des émules, et, de son temps ou peu après, on a vu paraître un Raoul le Tourtier, un Baudry de Bourgueil, un Hildebert et plusieurs autres qui ont laissé une œuvre poétique importante : comment donc se fait-il que, sauf Hildebert, ils n'aient pas exercé d'influence? et pourquoi Marbode, au contraire, a-t-il marqué comme le créateur de toute une tradition? C'est que Marbode, ayant réfléchi sur son art, a apporté une doctrine et que ses avis, dignes d'être retenus, l'ont été en effet.. »

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