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MARCEL JOUHANDEAU

Publié le 17/01/2022

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Marcel Jouhandeau, né à Guéret, a longtemps enseigné dans un collège libre. Ses romans (La Jeunesse de Théophile, 1921; Monsieur Godeau intime, 1926; Monsieur Godeau marié, 1927; Chaminadour, 1934; Chroniques maritales, 1938; La Faute plutôt que le scandale, 1949) offrent un mélange subtil de réalisme et de spiritualité. Lucide et minutieux, Marcel Jouhandeau donne à ses récits une apparence de choses vues. Il peint par petites touches d'une sécheresse aiguë une ville de province qui ressemble à Guéret, Chaminadour-la-Bienheureuse, avec son curé, son maire, son boucher, son épicier; il reproduit les cancans et les querelles de ménage, décrit les rivalités sordides, met à nu la perversité foncière des êtres, leurs obsessions, leurs vices cachés. Il s'érige ainsi en censeur ironique et violent de la société bourgeoise. Mais cette peinture impitoyable s'inscrit dans une vision mystique du monde : l'univers de Marcel Jouhandeau baigne dans le surnaturel; la présence du mal sur la terre atteste à ses yeux la vigilance de Satan. Il existe, heureusement, des âmes qui, contraintes de subir la loi du péché, font l'épreuve de leur fermeté et parviennent à se sauver. Comme Bernanos, Jouhandeau est cruel à l'indifférence et à la médiocrité; mais il pense que tout homme a une partie à jouer et que "le chrétien écrit lui-même sa propre histoire dans la mémoire de Dieu".

« ~ 1 ! -------------------------------------------------------------------------\ ---- aventure, il sourit ou s'émeut, il songe et rêve, tantôt sous le regard de Dieu, tantôt sous l'aile de quelque démon familier.

C'est ainsi que Guéret, où il est né, s'est changé en Chaminadour, que la danseuse Caryathis est devenue l'insupportable et étonnante Élise.

Il s'est recréé lui­ même sous les traits de Juste Binche et de Théophile, pieux enfants élevés par les prêtres de Guéret, mais aussi de M.

Godeau, qui bravait Dieu, ou de Tirésias qui, toute honte bue, ne crai­ gnait pas de devenir femme pour trouver plus sûrement son plaisir.

Autour de lui, il a fait compa­ raître sa mère, son père, boucher à Chaminadour, ses grands-parents, toute sa famille, toute une ville, et les amis connus plus tard à Paris, et que cet « amateur d'imprudence » recherchait indifféremment dans les salons, les rues, et les coupe-gorge.

Il s'est donc campé lui-même, non sans orgueil, escorté de tous les siens, au cœur d'une œuvre inquiétante et diverse, qui ne fut longtemps lue et admirée que par quelques-uns.

En ce temps-là, M.

Jouhandeau, professeur de sixième, se rendait chaque jour dans un pensionnat de Passy, où ses méthodes d'enseignement étaient fort appréciées.

Avant de partir pour sa classe, ses élèves dormant encore, il avait écrit en secret quelques lignes qui serviraient à M.

Godeau intime, à l'Éloge de la Volupté, ou à De l'Ab­ jection.

Léautaud fut aussi un chroniqueur patient et quotidien, qui ne laissait rien perdre de ses humeurs et de sa vie.

Mais sa plume courait au hasard.

Tout est rigueur et choix, au coiltraire, dans l'œuvre si abondante de Jouhandeau, qui vaut par le trait, le tour, le détail qui enchante, l'aphorisme qui étonne et retient.

Son registre n'est pas court, comme celui de Léautaud : on trouve chez lui la tendresse, le cynisme, l'ironie, la sérénité, le respect de la vertu, l'attrait et le culte très conscient du mal.

S'il s'est défendu d'être disciple de Gide, il a pourtant comme lui, mais avec une audace plus grande, exprimé les dissonances de sa nature.

Cette pente dont Gide disait qu'il faut la suivre, mais en montant, conduisait généralement celui-ci vers les mêmes lieux.

Jouhandeau suit un chemin tout en détours, imprévu, et il a pu écrire avec une aisance égale la vie de saint Philippe Néri, et les Carnets de Don Juan.

C'est un magicien dont l'art est sans défaut, et qui sait évoquer aussi bien l'assassin que l'homme de Dieu, la du­ chesse que la clocharde, son chien, sa chatte, sa pie, ses colombes.

C'est enfin, pour qui a le bonheur de le connaître, un homme exquis.

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