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MAURICE GENEVOIX

Publié le 21/04/2012

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genevoix

Maurice Genevoix, originaire de la Nièvre, écrit d'abord des récits de guerre (Ceux de 14), puis devient le romancier de la Sologne et du Val de Loire. Pour Raboliot (1928), il reçoit le prix Goncourt. Il publie ensuite Cyrille (1929), Forêt voisine (1931), Marcheloup (1933), La Dernière Harde (1938) et entre en 1946 à l'Académie française, dont il est devenu le secrétaire perpétuel. Maurice Genevoix peint l'attachement charnel du paysan à sa terre. « Ma vie respire dans ma forêt «, s'écrie un de ses personnages, « et je la sens dans tout ce que je vois, tout ce que je touche et entends «; le braconnier Raboliot est transporté d'ivresse lorsque l'enveloppe le frémissement complice de la nature solognote. Le style du romancier est émaillé de mots de terroir d'une précision pittoresque.

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« Témoigner, Genevoix ne cessera de le faire.

Voyager et écrire sur ses voyages (Scandinavie, Afrique, Canada) - même si l'auteur utilise le biais du roman (africain, comme Fatou Cissé, canadien, comme Eva Charlebois) -,c'est encore témoigner.

La découverte des choses et des gens compte plus que leur interprétation.

Ou plutôt « témoigner, c'est forcément interpréter, reconnaît Genevoix, mais l'objet reste déterminant ».

Doué d'un admirable système sensoriel, servi par un vocabulaire d'une richesse savoureuse et d'une précision quasi technique, Genevoix sait voir, sait représenter.

Il « décrit » surtout, attentif aux êtres, aux bêtes, aux paysages.

Surtout lorsqu'il s'agit du paysage aimé : rues, jardins, petit peuple des ateliers et des boutiques, bords du fleuve, barques des pêcheurs, habitants des eaux et des bois- et la forêt voisine et le fleuve « en personne ».

Cela explique que l'œuvre proprement romanesque de Genevoix se soit épanouie dans le roman de l'aventure du cœur enracinée dans son cadre naturel- c'est­ à-dire le roman où la description de la nature participe activement de l'étude des âmes et des sentiments.

Le Val de Loire, ses coutumes jouent un rôle de premier plan, non pour le seul pit­ toresque de « terroir », ni pour la joie de la description « régionaliste », mais parce que Genevoix ne conçoit pas l'homme détaché de la nature à la fois refuge et exemple, et que la nature, selon Genevoix, dispense à l'homme seul, ou malheureux, réconfort, repos, présence sourde et multiple, chaleur et liberté.

Et ce n'est pas par hasard si les personnages favoris du romancier sont des bêtes (Rroû, la Dernière Harde, le Roman de Renard) ou des enfants (le Jardin dans l'île, l'Aventure est en nous) ou des hommes pareils à ces bêtes ou à ces enfants, âmes frustes, cœurs simples (Rémi des Rauches), braconnier (Raboliot), pêcheurs, gardes-chasse, valets de chien, toute une humanité un peu sauvage, un peu secrète, pour qui comptent d'abord les données des sens.

Cela dépasse sin­ gulièrement le « régionalisme » ordinaire.

Loin d'apparaître comme une limitation folklorique, comme un particularisme restrictif, le régionalisme de Genevoix participe de l'aventure humaine la plus vaste, la plus profonde.

Il est la forme que prend naturellement chez Genevoix la représentation de la réalité concrète.

Re-création, plus que représentation.

Pas plus que sous l'étiquette « régionaliste »il ne faut se hâter de ranger l'œuvre de Genevoix sous l'étiquette « réaliste ».

Grâce au style, il y a sans cesse transposition de la réalité brute sur le plan de l'évocation « merveilleuse », émerveillée.

Poésie assurément descriptive, voire picturale, accordant à la vision du réel une place essentielle; mais, en peintre, dont il possède le sens de la couleur et du dessin saisissant forme et mouvement, Gene­ voix essaie de fixer « cet au-delà des apparences qui ressemble à ce que l'on sent ».

Le chant n'est pas loin.

Genevoix y cède en toute conscience (Forêt voisine, la Boîte à pêche).

Poésie en prose mais d'une prose fort riche, sachant recourir aussi bien aux vocabulaires techniques qu'aux savou­ reuses expressions de terroir, et où intervient sans cesse le souci du rythme, d'une certaine cadence.

Avec la suprême pudeur qu'est ce style mesuré, équilibré, discrètement harmonieux et se refusant aux jongleries de la virtuosité, Genevoix a suscité, au-delà du réalisme, une poésie « panique >> qui métamorphose en êtres également vivant d'une vie également naturelle et profonde l'arbre, la bête, l'homme, le fleuve.

Genevoix apparaît comme un des grands lyriques de la prose contemporaine.

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