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MICHEL MANOLL

Publié le 06/09/2012

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Michel Manoll s'est affirmé, dès 1937, avec La Première Chance, comme l'un des meilleurs poètes de sa gênération. Plutôt qu'aux surréalistes, c'est à Pierre Reverdy, à Léon-Paul Fargue, à Jules Supervielle qu'il a demandé des enseignements, au premier surtout, dont l'influence est ostensible dans un poème comme celui-ci : ...

« elle pas ici, sous son manteau d'images et de métaphores, aisément réductible à celle des romantiques ? En vérité, Michel Manoll est l'un des plus probants exemples de cette re-sensibilisation de la poésie, entreprise, au lendemain du surréalisme, par des jeunes gens qui ne voulaient point, pour autant, retomber dans l'ornière sentimentale de Jammes ou de Péguy.

Il n'a pas hérité de la brutalité pathétique de Pierre Reverdy, mais il partage son goût de l'allégorie et souffre autant que lui du poids de l'univers ; comme le soli• taire de Solesme, il ne conçoit pas d'autre exercice, pour un poète, que de soulever à bout de bras le réel et de recom• mencer cent fois.

C'est un lyrique, un effusif, un poète de la solitude et de la crucifixion interne, un élégiaque enfin, mais qui enlève au mot Élégiaque tout ce qu'il peut avoir de péjoratif, en s'astreignant à une transposition spirituelle constante des remous douloureux de son âme.

Porté, dirait­ on, par une longue houle, le poème de ManoU est fait d'une seule coulée harmonieuse, où les images les plus belles, les plus rares - un peu trop précieuses parfois - s'appellent l'une l'autre et s'enchaînent avec naturel, sans que fléchisse le support rationnel ténu sur lequel elles viennent se poser.

Fragile, mais à la façon du roseau, la poésie de Michel ManoU sait, mieux qu'aucune autre de ce temps, véhiculer l'essence même de la poésie tout en faisant participer le lecteur au drame profond que le poète doit vivre avant d'écrire.

Il faut souhaiter que cette œuvre volontairement sans éclat, dont chaque feuille est arrachée, dirait-on, au journal de bord d'une âme, nous soit plus amplement connue.

Il n'en a paru que des fragments alors qu'elle est de celles dont la vie organique est si liée, si continue, si complexe, qu'elles ne se prêtent point à la fragmentation, Un livre comme Louisfert-en-poésie, où Manoll grave, dans la chair vive de toute une génération, la topographie d'un lieu désormais 'inséparable du visage de René Guy Cadou, n'est pas exactement un recueil de poèmes ; plutôt un seul poème, qui ne serait lui-même qu'un chant, voire une strophe, d'une i~time et infinie fabulation lyrique à laquelle le nom de Passion conviendrait mieux que celui de poème, Vivre en poésie...

Si jamais cette formule a bien con• venu à un poète, c'est à Michel Manoll.

La poésie est très. »

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