Michelet, Jules
Publié le 22/04/2012
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Historien français né à Paris, mort à Hyères (1798-1874). Fils d'un artisan imprimeur ruiné par la législation napoléonienne sur l'imprimerie, il fit ses études secondaires dans des conditions très difficiles au Lycée Charlemagne, tout en travaillant à l'atelier paternel. Il Ken fut pas moins un brillant élève, docteur ès lettres à vingt et un arts et agrégé à vingt-trois. Il enseigna l'histoire au Collège Sainte-Barbe, puis fut nommé professeur à l'Ecole préparatoire (qui remplaçait Normale supérieure) en 1827. Le roi le choisit pour instruire sa petite-fille. En 1830, il se prit d'enthousiasme pour les idées libérales. Il se vit à ce moment confier les conférences d'histoire à l'Ecole normale réorganisée et les fonctions de chef de la section historique aux Archives nationales. Louis-Philippe le chargea de l'éducation de sa plus jeune fille, Clémentine. En 1838, il devint titulaire d'une chaire d'histoire et de morale au Collège de France et fut élu à l'Académie des sciences morales et politiques. Ses cours furent suspendus en janvier 1848, en raison de ses théories libérales, mais il les reprit après la révolution de février. En 1852, Louis-Napoléon le destitua et lui retira également son emploi aux Archives. Il se réfugia au coeur de la nature, aux environs de Paris, puis à Gênes, pour continuer son oeuvre. Ses ouvrages d'histoire sont plus romantiques que scientifiques, mais, en faisant de la France le centre du rayonnement de la liberté, il exerça une importante influence en Europe.

«
} 'AI envie de répondre pour elle : « De l'air du temps.
»
D'un temps qui fut, au regard de la grande époque romantique, ce que fut le Louis XIII
au regard du Louis XIV.
Goût foncier des jardins anglais avec ruines, tombeaux, colonnes brisées
-
en attendant les obélisques.
Appel des clairs de lune baignant les saules courbés - et de la
Mort, mariée dans les cimetières aux roses de juin.
Mieux défini, l'attrait des musées : les Afonu
ments français de Lenoir, le Louvre enrichi des dépouilles de l'Europe.
Et encore, les prestiges de
l'exotisme.
Bernardin de Saint-Pierre, le Volney des Ruines, le Chateaubriand des Natchez.
En
bref, tout ce qui éveillait, excitait, fouettait une imaginationnaturellement puissante.
Les pédants
l'eussent tué ou sali.
Ce fut par elle, qu'enclos dans sa misère, le fils de l'imprimeur ruiné s'évada.
Michelet,
un de ces heureux qui n'ont point eu de maîtres.
MAIS il eut un père.
« Un père qui fut son père.
»
Dès sa naissance, ce père crut en lui.
Croyance absurde si l'on veut : ce fut elle cependant
qui obligea le petit Michelet à faire sa destinée telle que l'imaginait son cercle familial.
Et lorsqu'il
fut
devenu le grand Michelet -ce fut elle encore qui marqua sa vie à tous les tournants.
Vie partagée, divisée, contrastée.
Avec des tentations, comme toutes les vies.
De femmes?
Non.
Celles dont Michelet eut le goût ne furent jamais d'assez haute dignité pour jeter un trouble
dans sa ligne de conduite.
De places? Mais il eut, d'emblée, celles qu'il convoita : Collège de
France, Archives Nationales, Institut.
Il fut, aux Tuileries, précepteur de princesses royales.
Et,
aux Sciences Morales, confrère de Guizot, de Cousin, de Thiers, de Tocqueville ...
Mais pré
cisément, ce statut d'honneurs bourgeois s'accordait médiocrement avec des comportements de
plébéien.
Un jour vint, en 43, où des âmes bien intentionnées -rien moins que la duchesse
d'Orléans, assistée d'un pasteur luthérien - entreprirent de le fixer en le mariant dans la bonne
société protestante.
Dot confortable.
Respectabilité.
Maintien d'un déiste, parfois inquiétant,
dans les cadres d'un christianisme assez souple.
Surtout rupture escomptée avec tant de vieux
souvenirs
:et par exemple, ce matin glorieux de I8r6 où, de sa propre main, le duc de Richelieu
couronna le lauréat du Concours général.
Mais qui ne savait pas, sous ses lauriers.
s'il trouverait
du pain, le soir, à la maison ...
Au confort matrimonial, Michelet tourna le dos.
Et en 49 épousa, à cinquante et un ans,
une petite préceptrice de vingt-trois.
Qui, un quart de siècle durant, le parqua jalousement dans
;on intimité.
Elle l'eût affadi, rendu un peu niais -s'il ne fût resté le fils du babouviste.
L'homme de bonne race, qui écrivit le Peuple.
MAIS l'Histoire de Michelet n'est-elle pas pleine d'erreurs?
Je sais.
De bons cuistres nous assurent (longuement) que si Michelet présentait sa Jeanne
d'Arc au diplôme, ils ne la recevraient point.
Qu'ils en soient capables, croyons-les sur parole.
Mais,
comme un des meilleurs médiévistes de notre temps me l'écrivait un jour: « Il n'y a tou
jours qu'une Jeanne d'Arc : la sienne.
>>
Michelet est si vivant qu'on le croit contemporain.
Aussi le traite-t-on comme s'il était né
au temps des Inventaires, des Etats Numériques, des Bibliographies savantes, des Revues érudites
et des
cent mille monographies « exhaustives » qui écrasent les esprits sous leur poids stérile.
Mais il
avait vingt ans en I8I8.
Et quand, en I822, il décida «d'apprendre l'Histoire>>, en tête
de
la liste d'œuvres .à lire qu'il dressa, il inscrivit ...
Walter Scott.
Certes, né en 1900, il serait
impardonnable d'ignorer ce que savait alors le moindre agrégé.
Mais ce fils du xvme siècle possé
dait, il possède toujours ce
que personne avant lui, après lui, n'eut jamais à ce degré : l'intuition.
Ou, si l'on veut, ce sens humain si profond et si large, qu'avec des documents insuffisants en
nombre et en qualité, il éclaire d'un brusque jet de lumière tant d'hommes, d'actes et de mou
vements de masses
qu'en dépit de nos magasins de faits bien épluchés -ce que nous nommons
notre
« science » - nous ne parvenons ni à vraiment comprendre, ni à bien mettre en place.
De sorte que, Michelet, ce poète de Clio :
Un peu d'histoire en éloigne.
Beaucoup d'histoire y ramène.
73.
»
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