ROGER GILBERT-LECOMTE

« POÈTES FRANÇAIS D'AUJOURD'HUI 209 endormie ».

En fait, aux deux extrémités de cette con­ aoience qui dort, l'universel est pareillement présent ; de la naigsance à la mort, nous ne vivons qu'un hiatus (Corbière disait : « une rature ») ; mom·ir sera pour nous retrouver le lieu dont nous expulsa notre venue au monde, naître de nouveau ! La drogue a-t-elle foumi autre chose à Roger Gilbert-Lecomte que l'imagerie parfaite dont il avait besoin pour exprimer, symboliquement, la conception qu'il se faisait de l'homme, endormi entre .deux naissances, et du « chassé-croisé » que ces deux naissances font en lui pen· dant ce qu'il croit être la vie, quand ce n'est qu'un long «coma»? « Eh, l'angoisseu.'t:, l'agonisant, quand tu ·verras Le ciel : un dôme cf or tacheté de points noirs Stellaires, et la lune une pastille noire Sur un grand ventre de lumière, Le temps sera 1-'enu: voici ta mort dernière Voici ta naissance première.

» Sommes-nous tellement éloignés, avec ce poète qui applique « les oreilles de son cœur » sur lui-même pour entendre « rugir les lions intérieurs du cœur » d'une mys­ tique chrétienne de la fusion de l'homme en Dieu et de la « vraie naissance » que serait notre mort ? Je n'en suis pas sûr.

Voilà inscrit, en tout cas, dans le creuset d'une œuvre durement vécue (mais peut-on nommer « œuvre » ce qui fut \me sudation de sang et de larmes ? ) , un che­ min religieux d'une exigence et d'une originalité spiri· tuelles dont la poésie contemporaine nous donne bien peu d'exemples.

Que, ce chemin, ~elui qui le tra~;a ait demandé sa « main-d'œuvre » an délire plutôt qu'à la prière, n'y change rien...

dussions-nous en rester troublés.

8. »