Devoir de Philosophie

SAND George, pseudonyme d’Aurore Dupin, baronne Dudevant

Publié le 13/10/2018

Extrait du document

sand

SAND George, pseudonyme d’Aurore Dupin, baronne Dudevant (1804-1876). Amantine Aurore Lucile (Amandine Aurore Lucie sur l’acte de baptême) Dupin, fille de Sophie Victoire Delaborde et de Maurice Dupin de Francueil — c’est-à-dire d’« une pauvre enfant du vieux pavé de Paris » et d’un membre de l’illustre famille de Saxe —, devint elle-même, par la disgrâce de son mariage, baronne Dudevant et, après quelque temps de collaboration littéraire avec Jules Sandeau, signa la plus grande partie de son œuvre du pseudonyme masculin de George (d’abord avec «s») Sand avant d’être appelée — avatar ultime — la « bonne dame de Nohant ». Ainsi, Aurore Dupin manifeste par les seules variations et fantaisies onomastiques de ses titres (sans parler de ceux de ses livres) la diversité et l’ouverture de son destin. Plus de cent ans après sa mort, l’interrogatoire d’identité n’est pas terminé. Si certaines interprétations de ce qu’elle fut ont joué dans un sens réducteur, la tendance actuelle viserait plutôt à rouvrir l’éventail (celui du dessin aquarellé de Musset sur lequel se détache son visage) et le dossier (celui d’un procès en révision mené pendant toute sa vie). Mesure pour mesure : mieux vaut qu’elle soit le plus juste possible.

 

Aspects d'une vie

 

Ce bref aperçu donne une idée de tout ce que les fées (les « fadettes ») avaient mis de composite dans son berceau lorsqu’elle naquit, aux premiers temps de l’épopée napoléonienne, dans ce Paris où il est rare qu’elle ne soit pas revenue au moins une fois par an durant toute sa vie. Que l’on se reporte moins à sa mort à Nohant, quelques années après la fin du « cirque Bcauharnais » (Victor Hugo), qu’au tableau comparé de sa vie et de son œuvre, et l’on ne peut qu’être étonné, admiratif ou moqueur, devant tout ce que cette femme a fait, écrit, réalisé. Et encore, il est impossible de répertorier ici tout ce qui le mériterait; même le relevé des œuvres ne saurait être complet.

 

Privée très tôt de père (à quatre ans) et de mère (à qui on la soustrait), Aurore trouve à Nohant ce qui sera son point d’ancrage le plus constant. Si la tutelle de sa grand-mère paternelle s’exerce sur elle quelques années, bien vite elle doit affronter seule les tumultes de la vie. Seule? Pas tout à fait. Les amis et les amitiés compteront

pour elle beaucoup, amis berrichons ou parisiens, amis de quelques années ou de toujours, et, lorsque la mort fera des ravages dans leurs rangs, elle saura trouver dans les générations qui montent des relations qui les renouvellent. Avec ses amis, elle eut à ses côtés ses deux enfants, surtout Maurice, et ses petits-enfants. Rien, dans tout cela, qui ne ressortisse à cet esprit « bourgeois » dont la maison de Nohant fut le symbole et le lieu de ralliement : c’est là que défilèrent ou résidèrent Liszt, Marie d’AgouIt, Balzac, Chopin, Delacroix, Flaubert...

 

Bourgeois? Pas seulement ni même essentiellement. Bourgeois et artiste, si tant est que les deux notions soient conciliables dans l’esprit de l’époque et dans celui de George Sand. A Nohant, on peignait, on faisait de la musique, on parlait de littérature et de politique jusqu’à des heures avancées de la nuit, au point d’étonner les paisibles habitants du pays. Ce qui n’empêchait pas George Sand de travailler beaucoup à son œuvre. Cette fois, les apparences bourgeoises de la grande maison ont de la peine à dissimuler une vie trépidante, qui tirerait plutôt du côté de la vie de bohème, cette vie de bohème qu’elle a chantée mais aussi qu’elle a connue sur les routes.

 

Car elle n’hésite pas à se lancer sur les routes, dans les régions à proximité de Nohant (l’Auvergne, par trois fois) ou beaucoup plus loin, que la destination fasse partie d’un programme imposé par les circonstances (les Pyrénées) ou que Sand l’ait choisie pour s’évader avec un amant (Venise, Majorque), pour rejoindre des amis (en Suisse), pour se changer les idées (en Italie après la mort de sa petite-fille) ou pour assurer une convalescence (dans le Midi). Le voyage est souvent pour elle l’occasion de repartir d’un nouveau pas dans la vie. Et ce, en tirant profit pour son œuvre des pays ou des régions qu’elle est amenée à connaître, même rapidement.

 

Faut-il mettre en parallèle son vagabondage amoureux? Avec George Sand, la marge entre l’amitié et l’amour était, semble-t-il, vite franchie, et si l’on a pu dire que son plus grand amour, en tout bien tout honneur, a été celui qu’elle a porté à son fils, il ne faut pas oublier les autres. Des premiers, Ajasson de Grandsagne, Aurélien de Sèze, au dernier véritable, Manceau, ex-graveur de son état, promu « secrétaire intime » et qui, arrivé à Nohant en 1849, mourut à Palaiseau en 1865.

sand

« encore relayé par le peintre Marchal.

Les contemporains et la postérité ont surtout retenu les grands noms de Musset, de Liszt (peut-être) et de Chopin, mais il ne faudrait pas négliger, à côté d'obscurs comme Malefille, ceux de l'avocat Michel de Bourges, du socialiste Pierre Leroux ou de l'acteur Bocage.

Amitiés amoureuses, ami­ tiés orageuses.

La vie sentimentale de George Sand ne donne jamais l'impression d'avoir sombré dans l'atonie.

Cette vie a connu sa grande époque du début de sa liaison avec Musset (1834) à la fin de sa liaison avec Chopin, terminée sans rupture en 1846 - une dernière rencontre eut lieu en 1848.

1848 (George Sand a alors quarante-quatre ans) pour­ rait représenter l'apogée de ses ambitions ou, au moins, de son influence politique.

Là, elle agit dans l'ombre de la ne République plus encore que sur le devant de la scène parisienne, inspirant Ledru-Rollin, participant à la rédaction ou au lancement de trois journ~ux (Bulletin de la République, la Cause du peuple, l'Eclaireur), rédi­ geant en particulier le fa,meux bulletin du 15 avril, qui est un appel au coup d'Etat.

Trois mois d'intense acti­ vité ...

Bref éclat, suivi d'une rapide éclipse.

George Sand ne restera pas indifférente aux événements qui suivront, fidèle à ses amis ouvriers ou artisans, intervenant auprès de Napoléon III pour obtenir la grâce de certains condamnés, admiratrice déclarée de 1' œuvre de Victor Hugo.

De toute façon, sa foi républicaine ne s'était pas découverte en un jour.

Elle s'était lentement et passion­ nément formée à 1' école de théoriciens comme Michel de Bourges, Lamennais, Pierre Leroux, le futur exilé de la grève de Samarez.

Surtout, son socialisme ne resta pas un socialisme d'école, non seulement parce qu'elle brûla de jouer un rôle politique elle y réussit au moins sporadiquement-, mais parce que l'idée socialiste irra­ dia une grande partie de son œuvre littéraire.

Le domaine politique ne serait peut-être pas celui sur lequel il faudrait arrêter l'examen du «moi social» de l'écrivain George Sand, s'il n'était un de ceux autour desquels s'est cristallisé le procès qui a été instruit contre sa personnalité ou contre son personnage.

Le cc cas» George Sand L'acrimonie que ses détracteurs ont apportée dans leurs propos s'explique par le fait que George Sand fut une personne de chair et d'âme et qu'elle n'a cessé de déranger dans sa vie et par son œuvre.

Triple procès.

Le scandale est arrivé et s'est perpétué.

On a reproché à la femme sa vie dissolue, ses nombreux amants, ses fantaisies vestimentaires, ses théories sur l'amour; on a vu en elle une dévoratrice d'hommes - «une goule», dira Henri Guillemin.

Les qualificatifs ne lui ont pas manqué.

Il ne suffisait pas à Baudelaire de la désigner comme« la femme Sand»; il lui fallut aller jusqu'à l'in­ sulte ignoble.

Un des procureurs les plus acharnés a été Barbey d' Aurevilly.

On ne pardonnait pas à Sand d'avoir osé être une femme, et ce qui lui a nui pendant si long­ temps semblerait tourner aujourd'hui à son avantage.

Le féminisme se portant bien, George Sand va mieux.

Il est vrai que, avant le mot et avant la vogue qui s'est attachée à ce mot, son « féminisme » a été une réalité : ses héroï­ nes sont le plus souvent supérieures à ses héros.

Cepen­ dant mieux vaut ne pas trop chercher à la « récupérer » : ses opinions sur le mariage étaient très nuancées; sa conception de l'amour revêtait des formes très diverses.

Une de ces formes, et non des moindres, a été l'amour des autres.

Relent d'une imprégnation chrétienne qui, même reniée, n'en a pas moins fait partie du.

vocabulaire de l'écrivain? Plutôt, semble-t-il, renouvellement en pro­ fondeur à travers les influences qu'elle a non seulement subies mais cherchées.

George Sand, qui a été l'une des voix du socialisme du XIXe siècle, ne s'est pas contentée de répéter la leçon apprise, mais l'a modulée à sa façon dans des situations et des œuvres variées.

Elle a voulu faire passer ses opinions dans ses romans, elle a tenu à ce que ceux-ci puissent être lus par le peuple (édition illustrée Hetzel); elle a préféré abandonner la Revue des Deux Mondes plutôt que d'édulcorer son Horace.

Son passage à l'action ne s'est pas limité aux trois mois de 1848, et elle ne s'est pas compromise avec le régime impérial.

Son grand homme, dans le domaine social et politique, a bien été Pierre Leroux, dont la personnalité et les rapports avec George Sand sont encore trop peu connus.

Que reproche-t-on au socialisme de George Sand, socialisme qui a été constant et nuancé (elle écri­ vait, au lendemain de mai 1848 : «Je ne crois plus à l'existence d'une république qui commence par tuer ses prolétaires » )? Au procès d'intention on peut toutefois trouver des ...

circonstances atténuantes : l'affadissement du socialisme dans certains romans champêtres, la gran­ diloquence de certaines déclarations, la légende ou la caricature de la bonne darne de Nohant.

Même si son féminisme et son socialisme ne sont pas du goût de tout le monde, la roue de l'histoire, là encore, a plutôt tourné à son avantage.

Quant à la troisième critique, qui vise l'écrivain, elle risque de garder plus de force; George Sand a trop écrit, pense-t-on, et trop écrit facilement : « comme le pêcher donne des pêches », selon Barbey d' Aurevilly, et Nietzsche la considérait comme« une vache à écrire»- toujours les métaphores misogynes.

Il est vrai que son œuvre est énorme, que tout n'est pas de la meilleure veine, que son idéalisme moralisant prend souvent le dessus, que son style «coulant» rend maint discours monocorde.

Il est non moins vrai que J'on n'a pas toujours pris la peine ou le plaisir de lire George Sand dans toutes ses productions, qu'on l'a trop réduite à quelques œuvres, et que, dans ses livres, on n'a pas été assez sensible à ce qu'il entrait de varié, qu'on a peu étudié sa technique romanesque et son écriture.

Injustice à l'égard de George Sand: on se refuse à admet­ tre que Flaubert ait pu l'admirer sincèrement.

Jalousie envers elle : trop de succès de son vivant nuit! La réhabi­ litation a peut-être commencé, au moins pour certaines œuvres et dans certains cercles, mais il reste beaucoup à faire.

Prise entre les romanciers que la gloire a consacrés (Balzac, Stendhal, Flaubert) ou que la postérité a redé­ couverts (Barbey, Huysmans) et les romanciers de litté­ rature populaire qui, comme Eugène Sue, bénéficient d'un regain de faveur, sa situation est encore inconforta­ ble.

Le «cas>> George Sand n'est pas réglé, mais les conditions d'une révision sont réunies.

A la recherche de l'œuvre perdue Rechercher l'œuvre, c'est peut-être ce qu'il importe d'abord de tenter, en opposition avec la peau de chagrin au sort de laquelle elle semblait condamnée.

Toute l'œu­ vre, rien que l'œuvre, pour ne pas se laisser abuser par les préjugés et les légendes.

C'est ce qu'il importe de tenter, parce que c'est ce que George Sand a tenté : rien d'aussi peu figé que son œuvre; rien d'aussi dissembla­ ble d'elle qu'elle-même, dans le mouvement d'une voca­ tion qui n'a cessé de se chercher.

Dès le début de sa vie d'écrivain, on sent une fièvre, une insécurité, une diversité de la création.

Cette pre­ mière période, qui n'est ni bleue ni rose, irait de sa collaboration avec Sandeau à la publication en ouvrage des Lettres d'un voyageur et à la parution de Mauprat, qui ouvre une nouvelle ère.

De ces sept années ( 1830- 1837) rien ne ressort que Lélia (ou l'impossibilité d'ai­ mer), œuvre majeure, certes, mais qui ne constitue que la partie la plus visible de l'iceberg.

George Sand est lancée, en tant qu'écrivain, par Indiana, roman exotique,. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles