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Sihanouk Norodom

Publié le 31/03/2019

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Sihanouk Norodom Homme d'Etat cambodgien

 

* 31.10.1922, Phnom Penh

 

Figure centrale du Cambodge depuis plus de 50 ans, Sihanouk, habile tacticien, louvoie entre les différents camps politiques, jouant aussi un rôle de médiateur en raison de son autorité morale. Roi du Cambodge depuis 1941, il obtient l'indépendance de son pays lors de la conférence sur l'Indochine en 1954. En 1955, il abdique en faveur de son père duquel il est Premier ministre jusqu'en 1970. Fondateur et président du parti populaire socialiste, il prend le titre de chef de l'Etat (sans être roi) à la mort de son père en 1960. Soucieux de rester neutre dans le conflit Est-Ouest et tout particulièrement dans la guerre du Vietnam, il est renversé, en 1970, par des militaires pro-américains dirigés par Lon Nol. Chef du gouvernement en exil en Chine, il s'allie aux Khmers rouges dirigés par Pol Pot et reprend la tête de l'état en 1975 après que la victoire de ces derniers a mis fin à la guerre civile. En 1976, il doit démissionner pour avoir critiqué l'orientation terroriste des nouveaux détenteurs du pouvoir et mis en état d'arrestation. Après la chute de Pol Pot en 1979, il émigre, prend la direction de la résistance à l'occupation vietnamienne, constitue en 1982 un gouvernement en exil et revient au Cambodge en 1989. Aux termes de l'accord de cessez-le-feu signé par les différentes factions de la guerre civile, y compris les Khmers rouges, Sihanouk redevient chef de l'état en 1991. En dépit de la présence de casques bleus de l'ONU (de 1993 à 1995), il ne parvient pas à accorder les différentes factions qui se disputent le pouvoir. Lorsque la nouvelle constitution, qui fait du Cambodge une monarchie parlementaire, entre en vigueur, Sihanouk accepte le titre de roi, mais n'a plus qu'une fonction représentative. En 1996, il exige le désarmement d'une partie des Khmers rouges et leur intégration dans l'armée régulière. En 1997, il doit accepter la destitution de son fils, le prince Ranariddh, jusqu'alors Premier ministre, par le chef du gouvernement d'opposition, Hun Sen. En 1998, il exclut de grâcier les \"grands criminels khmers rouges\", souhaitant qu'un tribunal international se saisisse de l'affaire du génocide.

« Norodom Sihanouk Peu d'hommes, au cours de l'histoire, se sont à ce point identifiés à leur pays.

Pendant quinze ans, de 1955 jusqu'aujour de sa chute le 13 mars 1970, on peut affirmer que le Cambodge, dans une large mesure, c'était Sihanouk.

Etparaphrasant Louis XIV, c'est sans exagération qu'il aurait lui aussi pu affirmer : "L'État c'est moi." Depuis 1993, il aretrouvé son trône, après vingt ans de lutte. Ayant ainsi façonné son pays en grande partie à son image, il n'y a pas lieu de s'étonner qu'il l'ait entraîné avec luidans sa chute et que le Cambodge, qui émerge aujourd'hui de cinq ans de guerre, ait fort peu à voir avec la nationdont Sihanouk fut le dernier des rois. Car Sihanouk, en effet, était roi et se considérait comme tel.

Dans ce fait, comme dans la personnalité de celui quireprésentait non pas une institution politique mais une incarnation du surnaturel, réside la clef des événements quiont façonné vingt ans de l'histoire d'un peuple.

Être roi du Cambodge, c'est être investi d'un pouvoir qui ne relèvepas du monde visible ; le roi, c'est le lien qui unit l'homme à la divinité ; lorsqu'une fois par an, le souverain labouraitle sillon sacré au pied des tours d'Angkor, il symbolisait par ce fait le geste mille fois répété de ses sujets par lequelle grain, symbole de vie, avait pouvoir d'assimiler les substances nutritives de la terre afin de germer et de nourrirson peuple. L'homme qui fut voué à cette haute destinée naquit le 31 octobre 1922.

Son père le prince Suramarit, qui luisuccéda sur le trône, lorsqu'il abdiqua, en 1955, était un homme intègre et proche du peuple.

Sa mère, la reineKossanak, qui décéda à Pékin en 1975, était la femme forte de la famille devant qui, même Lon Nol, cinquante ansplus tard, n'osait pas élever la voix. Pour l'éloigner du cinéma, dont il garda toute sa vie la passion, son père l'envoya comme interne du lycéeChasseloup à Saigon.

Éloigné de ses parents, à Phnom-Penh, il avait été confié à une vieille servante et à Saigon cefut un douanier indien, de condition modeste, qui fut quasiment son tuteur.

Il acquit, dès son jeune âge, le sens del'indépendance.

Une fois par semaine, un bonze venait parfaire son éducation religieuse, dont il affirme qu'il neretint, en fait, qu'un seul précepte "ne pas mentir".

Cela explique, peut-être, pourquoi il a tout le temps dit touthaut ce que les autres disaient tout bas. A cette époque, son ambition était de devenir professeur de littérature.

A dix-neuf ans, en 1941, il devient roi.

Lafonction lui convient mal ; d'une part, il n'y est pas préparé et d'autre part, la France entend en faire un figurant.

Ildécida donc de borner son rôle à deux activités : les voyages et le plaisir.

D'autre part, il se consacra au cheval, aucinéma, au théâtre, au ski nautique, au basket-ball ainsi qu'à de nombreuses aventures amoureuses qui défrayèrentla chronique.

De son propre aveu, il passait pour un "fort chaud lapin" à quoi, il ajoutait qu'il valait mieux, sommetoute, être taxé de coureur plutôt que "de pédéraste ou d'impuissant". Entre deux aventures, et grâce aux conseils de l'amiral Decoux, il parcourut le Cambodge, ce qui lui permit d'entreren contact avec la réalité quotidienne puis d'affronter ses sujets.

Ces contacts allaient avoir sur lui une influenceprofonde.

Peu à peu, le play-boy devint un politicien.

La tutelle française, les "conseils" qu'on lui prodiguait devinrentde plus en plus difficiles à supporter.

Dès 1951, à mesure que la France s'enlisait dans la guerre d'Indochine, "sacroisade pour l'indépendance s'amplifia", et en 1954, alors que la France signait les accords de Genève, au nom duViêt-nam du Sud, c'est un Cambodge indépendant qui apposait sa signature sur le traité annonçant la fin de laguerre d'Indochine. La première tâche de Sihanouk, après la signature des accords de Genève, c'est d'obtenir l'évacuation du territoireKhmer par les unités vietnamiennes qui y sont stationnées.

Il obtiendra gain de cause, mais sa méfiance envers leViêt-nam en sortira renforcée, comme également sa préoccupation d'éviter à son pays d'être de nouveau entraînédans une guerre se déroulant chez ses voisins. Le Cambodge de 1955, c'est un amalgame de partis, de factions, un "nain entre les géants" que les tenants de laguerre froide convoitent comme allié et sur lequel ses redoutables voisins, le Sud-Viêt-nam de Ngo Dinh Diem et laThaïlande de Sarit ne cachent pas leurs prétentions territoriales. Pris dans le double étau de l'histoire, symbolisée par des voisins voraces, et de la politique qui est celle de FosterDulles et des successeurs de Staline, Sihanouk refuse de s'incliner.

Sa politique extérieure, inspirée par Nehru, c'estcelle de Bandoeng c'est-à-dire une neutralité qui ose s'affirmer. Sur le plan interne, sa personnalité désormais débordante devient le pôle d'attraction de la vie politique et culturelledu Cambodge.

Avec largesse, exubérance et générosité, il distribue le pouvoir autour de lui, telle une manne dont luiseul, le roi, détient la substance.

Il s'intéresse à tout et intervient même dans les détails les plus infimes.

Pénétré delui-même, de son droit divin d'être ce qu'il veut bien être, il ose être lui-même.

On lui devra des films où il joue sonpropre rôle, des chansons d'amour, des poésies et une activité journalistique débordante.

Mais derrière cettefaçade, il est peut-être le seul leader non communiste de l'Asie à avoir saisi la véritable structure des rapports deforce dans sa région.

En 1955, il quitte le trône.

Désormais, il est "le Prince", ou, comme on l'appelle "Monseigneur",. »

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