Thierry ou Dierick Bouts
Publié le 17/04/2012
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vers 1440-1475 Originaire de Harlem, formé dans le même milieu qu'Albert van Ouwater, puis, vraisemblablement, chez Roger van der Weyden à Bruxelles. Un peu avant 1450, il s'établit à Louvain ; en 1468 il exécuta le Retable du Saint-Sacrement pour la Collégiale Saint-Pierre, chef-d'oeuvre de perspective et d'harmonie. Nommé peintre officiel, il fut chargé de décorer l'hôtel de ville par des compositions, illustrant des scènes de justice dont il ne reste que la Légende de l'empereur Othon III (Bruxelles). Il fut un des meilleurs primitifs flamands ; ses oeuvres nombreuses figurent un peu partout en Europe : Le Christ chez Simon, Le Christ sur la croix la Vierge en adoration, à Berlin, La Dernière Cène, à Louvain (Collégiale Saint-Pierre) ; Portrait d'homme, à Londres (National Gallery) ; Tête du Christ, dans la collection Van Beuningen ; Pietà, au Louvre, Adoration des Mages, Prado.
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Devenu peintre de la ville de Louvain, Bouts se vit commander, en 1468, une décoration
pour le merveilleux hôtel de ville, alors flambant neuf.
Il en subsiste, au musée de Bruxelles,
les
deux grands panneaux qui racontent, en plusieurs épisodes superposés, l'histoire d'une erreur
judiciaire :la Légende de l'empereur Othon.
A l'auteur de ces « tableaux de justice »,on a reproché
son flegme excessif.
Les émotions du condamné, de la veuve héroïque (subissant l'épreuve du feu,
du fer rouge, pour établir l'innocence de son époux), de l'empereur, de l'impératrice coupable,
s'expriment par gestes timides, étriqués.
Les corps sont allongés et raides, mais de quel style strict
et fier! Imperturbables, les assistants composent des groupes de portraits d'une austère ct mâle
énergie.
Dans leur sobriété, malgré leur écriture un peu contrainte, les deux panneaux laissent
parler des sentiments essentiels.
Ils constituent le plus considérable effort accompli par la peinture
flamande du xve siècle pour se hausser au plan monumental, pour rivaliser avec l'art mural des
fresquistes italiens.
Le triptyque de l'Adoration des mages (Pinacothèque de Munich) et le Martyre de saint Hippolyte
(cathédrale Saint-Sauveur, Bruges) témoignent d'une évolution qui s'observe souvent chez
les
maîtres parvenus à la fin de leur carrière, une évolution vers la grâce.
Particulièrement souple
et brillante, J'Adoration des mages est la partie centrale d'un triptyque sur les volets duquel sont
représentés
saint Jean-Baptiste, dans un délicieux paysage, et saint Christophe traversant les
flots, sous
un ciel nuageux que le soleil couchant colore des tons les plus vifs et les plus étranges.
L'ensemble a reçu le surnom de « Perle de Brabant ».
On a voulu retrancher ce chef-d'œuvre
et quelques autres du catalogue de Thierry Bouts pour en faire honneur à un certain « Maître
de la Perle de Brabant », dont la vogue fut éphémère, mais aujourd'hui, à la suite de Wolfgang
Schone, à qui l'on doit l'ouvrage le plus érudit sur Dieric Bouts et son école, on est tenté d'attribuer
le triptyque de Munich, ainsi que plusieurs peintures de la même finesse et du même éclat précieux,
à Thierry Bouts le Jeune, fils aîné du maître de la Gene et de la Légende d'Othon.
Selon Wolfgang Schone encore, l'Arrestation du Christ, le beau nocturne conservé à la
Pinacothèque de Munich, serait de la main d'un troisième artiste, assez apparenté à Albert van
Ouwater et dont la production serait à distinguer de celle tant de Thierry II que de Thierry 1.
Les deux tiers des œuvres attribuées à ce dernier par Max-J.
FriedHinder et la majorité des
historiens passeraient
à l'actif de l'un ou de l'autre disciple.
Il semble que la critique contem
poraine prenne plaisir à sectionner ainsi la personnalité des grands Flamands du xve siècle, à ·
moins qu'elle ne s'efforce, au contraire, de fondre deux individualités en une seule, dans le cas
notamment du Maître de Flémalle et de Van der Weyden! Un Bouts unique, substituant progres
sivement l'élégance à l'austérité, le charme à la rigueur du style, nous paraît logique et toujours
plausible.
Son art, « intimiste » et bourgeois, n'a point les élans, les accents sublimes de Van der
Weyden, l'impeccable splendeur de Jean van Eyck.
II est fait de sincérité, de probité, de discré
tion dans l'émotion, de retenue dans l'expression; il est d'une haute tenue morale.
Thierry Bouts
a
principalement introduit dans la peinture une subtile perception du plein air et de la lumière,
une sorte d' « impressionnisme » ingénu.
II mourut le 6 mai 1475, laissant deux fils peintres : Thierry le Jeune, qui serait un grand
maître d'après la théorie de Schüne, et Albert que l'on connaît mieux et qui vécut jusqu'en
mars 1548.
Peintre de transition, Albert Bouts se souvient des inventions de son père, mais subit
aussi l'influence de· Van der Goes et celle de Quentin Metsys.
Il n'a plus la pureté, la fermeté
« gothiques »; à la Renaissance, d'autre part, il n'emprunte que des motifs ornementaux.
Son
œuvre est abondante, inégale, peu convaincante.
Il finit, d'ailleurs, par tenir boutique de tableaux
de dévotion.
PAUL FIER ENS.
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