Des réalisatrices à suivre
Publié le 06/12/2018
Extrait du document
Dans Rosine, Christine Carrière traite également, à sa manière, de l’inadéquation au monde et de la défaite des liens collectifs : il y a quelque chose de la Mouchette de Bernanos dans son personnage d’adolescente rêveuse, errant à travers un microcosme provincial auquel elle demeure étrangère. Mais, entre la justesse de ce portrait et les archétypes sociaux, souvent sommaires, qui lui servent de repoussoir, le déséquilibre est gênant ; et on se prend à regretter la sobriété d’un Cédric Kahn dans de semblables chroniques du désespoir ordinaire. S’il y a un renouveau - discret - de la veine intimiste, c’est plutôt chez Emmanuelle Cuau qu’il faut le saluer. Celle-ci s’attache, dans Circuit
Carole, à un sujet apparemment mince - le désarroi grandissant d’une femme (Bulle Ogier) dont la fille (Laurence Côte) s’éloigne - mais y porte une attention patiente aux visages, aux détails anodins, aux petits glissements imperceptibles dont est tissée la vie quotidienne.
Auprès de Bresson, qu’elle a connu lors du tournage de /’ Argent, Emmanuelle Cuau semble avoir appris cette humilité, cette stricte soumission aux
Elles privilégient le registre intime du portrait, voire de l'introspection
choses par
Après Pascale Ferran ou Laurence Ferreira Barbosa, plusieurs autres jeunes réalisatrices, telles que Emmanuelle Cuau, Noérnie Lvovsky, Judith Cahen, ont présenté leur premier film de long métrage au cours de l'année 1995.
Toutes issues de la Femis, toutes âgées de près de 30 ans, elles se dérobent aux mots d’ordre esthétiques pour cultiver le registre plus intime du portrait, voire de l’introspection, pour affirmer chacune un regard très personnel -à la mesure de la société éclatée qu ’elles décrivent.