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James Stewart et Robert Mitchum : l'Amérique aux deux visages

Publié le 04/12/2018

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A son arrivée à Hollywood, ce bourlingueur qui a exercé tous les métiers se fait surtout remarquer par ses frasques, et par une arrestation pour détention de marijuana... Il n’en poursuivra pas moins un parcours d’acteur sans faute, à travers des films comme le Paradis des mauvais garçons de Joseph Von Sternberg (1952), où il impose son personnage de voyou séducteur. Et ses prestations westerniennes viendront parachever cette image, où se mêlent l’âpreté et la nonchalance. Mais c’est le film noir qui révèle le mieux toutes les ambiguïtés de Mitchum et, au-delà de son apparente décontraction, une sorte de désespoir froid : avec Pendez-moi haut et court de Jacques Tourneur (1947), avec Un si doux visage d’Otto Preminger (1953), l’acteur s’affirme par son retrait même, par son refus d’entrer dans la comédie humaine. Détachement qu’accentueront ses dernières créations, depuis la Fille de Ryan de David Lean (1970) jusqu’à ces autoparodies qu’il peaufine dans Adieu ma jolie de Dick Richards (1975) ou dans Dead Man de Jim Jarmusch (1995)...

Dans les premiers jours de juillet 1997, l’Amérique perdait deux stars qui avaient durablement marqué l'inconscient collectif: James Stewart, le messager de l'idéalisme rooseveltien, et Robert Mitchum, le mauvais garçon sympathique. Mais l'un et l'autre représentaient d’abord un professionnalisme à toute épreuve, une aptitude à emprunter les masques les plus divers et même à subvertir leur image de marque. De sorte qu’ils ont fini par incarner chacun une légende à visage humain, à la mesure de toutes les contradictions et de toutes les amertumes d’un après-guerre.

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