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La Résistance entre ombres et lumière

Publié le 04/12/2018

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À dire vrai - comme l’a démontré Jean-Pierre Azéma dans un minutieux dossier de la revue l’Histoire, en juin - « il n’y a pas d’affaire Aubrac ». Gérard Chauvy fournit certes de nombreux documents, dont certains inédits, mais ceux-ci ne remettent nullement en cause ce que l’on savait déjà du guet-apens de Caluire. Raymond Aubrac ne peut en être tenu responsable, ni être suspecté. En revanche, Gérard Chauvy souligne nombre d’à-peu-près, d’erreurs ou de variations dans les récits qui permirent aux époux Aubrac de devenir, au fil des ans, l’image exemplaire d’une certaine version de la Résistance. « Part d’ombre », certes, pour reprendre l’expression de Jean-Pierre Azéma, mais dont les tenants et aboutissants n’autorisent pas pour autant le révisionnisme intégral souhaité par Jacques Vergés puis suggéré - lors du procès Papon - par Me Jean-Marc Varaut. Le cœur du problème se trouve plutôt dans la persistance chez de nombreux témoins d’enjolivements, d’ellipses et de silences sur l’histoire de la Résistance, marquée par une sorte de Yalta idéologique entre gaullistes et communistes au sortir de l’Occupation.

Le film Lucie Aubrac, de Claude Berri, sorti sur les écrans en 1997, semblait devoir conforter les images d’Épinal sur la Résistance. Il a suscité, au contraire, une violente polémique. De héros, les époux Aubrac se sont presque retrouvés en position d’accusés. Preuve, s’il en fallait, que l’histoire de la Résistance reste à faire.

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