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LE VOYEURISME

Publié le 17/03/2014

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LE VOYEURISME

 

Parler du voyeurisme au cinéma, c'est presque un pléonasme. En effet, tout specta¬teur n'est-il pas un voyeur, qui voit (sans être vu) s'agiter des êtres de pellicule, pour un spectacle dont le seul but est de lui procurer un plaisir ?

La caméra indiscrète nous met exactement dans la position de l'enfant surprenant « la scène interdite « de la psychanalyse, un mys¬tère pour lui incompréhensible — mais avec la garantie d'une totale et quasi-divine impu¬nité. Ainsi la MADEMOISELLE JULIE ®, d'Alf Sjoberg, découvrant, encore adoles¬cente, un couple en pleins ébats dans le foin d'une grande grange. De même, la gamine du VIRIDIANA de Buriuel, qui observe, grimpée à l'arbre, les singuliers rites de nécrophilie fétichiste pratiqués par Fernando Rey. Ou encore, le petit garçon du SILENCE de Berg¬man, apercevant par le trou de la serrure la fornication de sa propre mère nymphomane avec un garçon d'hôtel...

Le regard est un acte en soi, une manière de participer, même indirectement, à ce qui se déroule sous nos yeux. Il remplit parfois une fonction d'apprentissage : dans BELLE DE JOUR ®, de Buriuel, Catherine Deneuve, avant de se livrer aux clients de la maison close, est conviée à observer le manège de ses collègues et de leurs habitués, à travers rceille-ton d'un orifice percé dans la cloison. Selon les critères puritains, cette participation com¬porte déjà une culpabilité. Ainsi, dans MADAME DE COVENTRY, les villageois coupables d'avoir aperçu, même accidentel¬lement, la nudité de Lady Godiva, seront impitoyablement châtiés.

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