Marco Ferreri, du scandale au désenchantement

LA GRANDE FAMILLE

Marco Ferreri a su intégrer avec aisance, à son univers excentrique, des figures célèbres du cinéma européen. On retrouve ainsi Ugo Tognazzi et Marcello Mastroianni dans six de ses films et Michel Piccoli dans cinq. En connivence avec ses acteurs, il ne leur expliquait pas leurs rôles, jouait sur des silences complices et privilégiait la sobriété. Il recherchait les actrices pulpeuses aux formes rondes, telles Hanna Schygulla, Ornella Muti, Marina Vlady ou Andréa Ferréol. Les interprètes de Ferreri ont toujours démenti sa réputation de misanthropie, voyant en lui, au contraire, un être tendre, pudique, partisan des non-dits, mais qui pouvait aussi s’emporter contre les injustices de ce monde.

Inclassable, indépendant, le réalisateur italien Marco Ferreri est apparu, jusqu’à sa mort, comme un solitaire dans son art, un pessimiste radical face à la société contemporaine, dont il a analysé les impasses et les crises, qu’il s’agisse de l’éclatement de la famille nucléaire, de la redéfinition des rôles sexuels, ou de l’aliénation de la vie moderne...