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JE T'AIME - Paul Éluard (1895-1952), Le Phénix

Publié le 17/01/2022

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Je t'aime pour toutes les femmes que je n'ai pas connues Je t'aime pour tous les temps où je n'ai pas vécu Pour l'odeur du grand large et l'odeur du pain chaud Pour la neige qui fond pour les premières fleurs 5 Pour les animaux purs que l'homme n'effraie pas Je t'aime pour aimer Je t'aime pour toutes les femmes que je n'aime pas Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu Sans toi je ne vois rien qu'une étendue déserte 10 Entre autrefois et aujourd'hui Il y a eu toutes ces morts que j'ai franchies sur de la paille Je n'ai pas pu percer le mur de mon miroir Il m'a fallu apprendre mot par mot la vie Comme on oublie 15 Je t'aime pour ta sagesse qui n'est pas la mienne Pour la santé Je t'aime contre tout ce qui n'est qu'illusion Pour ce cœur immortel que je ne détiens pas Tu crois être le doute et tu n'es que la raison 20 Tu es le grand soleil qui me monte à la tête Quand je suis sûr de moi. Paul Éluard (1895-1952), Le Phénix, 1951. Note : Le phénix est un oiseau fabuleux des mythologies antiques. On disait qu'il était immortel parce qu'il renaissait sans cesse de ses cendres. Il symbolise l'éternel retour, l'éternel recommencement. Paul Eluard a inscrit, sur la première page de son recueil, ce vers : « Le Phénix, c'est le couple — Adam et Eve — qui est et n 'est pas le premier. «  

question 1 Quel est l'effet produit par l'emploi répété de « tous « et de « toutes « dans les deux premiers vers ? (2 points) question 2 Choisissez dans le texte une métaphore et expliquez-la. (2 points) question 3 Dans un commentaire organisé, d'une page au minimum, vous étudierez la conception de l'amour développée dans le poème. Vous pourrez observer, par exemple, les marques d'énonciation, la structure du texte, les images, la construction des phrases... (6 points)   

« La Seconde Guerre mondiale le ramène sous l'uniforme.

Rapidement démobilisé, il entre dans la Résistance.

Il publiede très nombreux poèmes.

Parachutés dans les maquis, certains d'entre eux (Liberté), deviendront vite trèscélèbres.

En 1944, il est de retour au Parti communiste, et il poursuit la publication de nombreux recueils de poèmes,d'abord aux Éditions de Minuit, puis aux Éditions de la N.R.F. Après la guerre, il voyage beaucoup.

C'est au Mexique en 1949, qu'il rencontre Dominique, qui devient sa troisièmefemme.

Elle lui inspirera les poèmes du Phénix, d'où est extrait Je t'aime.

Malade du cœur, Éluard meurt en 1952.

SON ŒUVRE Éluard a écrit d'innombrables plaquettes de poèmes, souvent illustrées par des dessins de peintres.

Certainesœuvres sont écrites en collaboration avec d'autres poètes [*].

Nous n'en retiendrons que les plus importantes : - Capitale de la douleur Q1926), - Ralentir travaux (1930) [*], - L'Immaculée conception (1930) [*], - Médieuses (1938), - Au rendez-vous allemand (1944), - Le dur désir de durer (1946), - Le Temps déborde (1947).

question 1 Quel est l'effet produit par l'emploi répété de « tous » et de « toutes » dans les deux premiers vers ? (2 points) Remarquons tout d'abord que la répétition du pronom féminin pluriel toutes, et du pronom masculin pluriel tous,apparaît dans ce poème après la répétition consécutive de quatre mots identiques.

Cet usage répété des mêmestermes est d'abord là pour créer un effet musical courant en poésie.

La reprise du pronom collectif pluriel permet àÉluard d'insister davantage encore sur la puissance de l'amour qu'il éprouve pour la femme qui est son interlocutricedans ce poème.

La force de l'amour du poète est telle qu'il se sent capable, dans le même mouvement d'offrir lemême amour à la totalité du cosmos (celui qu'il connaît, mais aussi celui dont il suppute l'existence, et qu'il neconnaît pas encore). question 2 Choisissez dans le texte une métaphore et expliquez-la. (2 points) À l'avant-dernier vers de la dernière strophe de ce poème, Éluard s'adresse à la femme qu'il aime en utilisant latournure affirmative : « Tu es le grand soleil », lui dit-il.

La valeur de cette tournure est encore renforcée parl'emploi du pronom personnel de deuxième personne du singulier : tu.

Le tutoiement associé ici à l'affirmation donneà celle-ci une valeur supplémentaire. Cette femme, immédiatement comparée au « soleil », est plus encore, un « grand » soleil.

L'adjectif précise un étatdu soleil particulier, vu au maximum de son rayonnement.

Grâce à la métaphore, les qualités de l'astre solaire sontplus immédiates et plus puissantes pour l'être qui aime.

Ainsi, cette femme détient-elle toutes les qualités que nousattribuons généralement à l'astre qui nous éclaire, qui nous réchauffe, qui règle nos jours et nos saisons, quimaintient l'unité de notre système stellaire, qui frappe l'imagination des peuples lors de ses éclipses.

La femme estainsi l'heureuse propriétaire des plus belles qualités de l'astre du jour. Pour finir, remarquons qu'Éluard, en comparant la femme au soleil prend ici le contre-pied de la métaphore poétiquequi associe habituellement la femme à l'astre lunaire.

Une telle métaphorisation solaire de la femme aimée avec lesoleil — astre de feu — lui permet, en outre, de rester dans le droit fil du titre de ce recueil : Le Phénix.

Le phénixétant, comme nous le rappelle la note « un oiseau fabuleux » qui, ne l'oublions pas, avait aussi pour caractéristiqueessentielle d'avoir recours au feu (sous la forme d'un bûcher sur lequel il montait), pour renaître de ses cendres. question 3. »

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