L'amateur de pêche à la ligne

« c) Ses gestes.

III) La pêche.

le problème des lignes proprement dites est fort délicat : grosseur et résistance du fil, transparence du crin, choix de l'hameçon, position des plombs et du flotteur sont autant de points qui ont demandé bien du soin à notre pêcheur amateur.

L'heure est venue de fixer la ligne sur la gaule et d'accrocher à l'hameçon le ver rouge qui se tortille sans cesse.

Que de gestes délicats que notre pêcheur exécute comme un rite !.

..

De ses jambes croisées il enserre la gaule dressée vers le ciel, entre ses lèvres pincées passe Je fil qui se tend.

L'hameçon est manipulé précautionneusement, sa pointe acérée et ses barbes sont destinées au ver d'abord puis au poisson, non à la peau de notre habile homme.

A ce moment, les premiers feux du soleil illu­ minent les nuages.

L'eau de la rivière perd peu à peu son aspect glauque.

Une légère vapeur flotte à la surface.

La gaule au poing, le pêcheur s'avance à pas feutrés, se dissimule derrière un saule et lance d'un mouvement sec du poignet sa ligne dans le courant.

L'œil' rivé sur son bouchon, le cœur battant, le bras tendu accompagnant la ligne dans son entraînement par le courant, le pêcheur attend l'instant merveilleux où le flotteur va brusquement s'enfoncer, disparaître, puis réappa­ raître aussitôt.

Mais, la ligne se tend et ce ne sera pas pour cette fois-ci.

Alors, doucement, le pêcheur remonte le fil des profondeurs.

Voici le crin, les plombs, l'hameçon ...

mais, le ver a disparu ! Bras tendu, main ouverte, le pêcheur reçoit sa ligne toute mouillée.

Il la couche sur le sol, modi­ fie la longueur du crin, amorce à nouveau avec un autre ver plus habilement fixé, choisit une autre place sur la rive et lance une deuxième fois son engin avec la même émotion ...

Puis il le lance -79. »