Devoir de Philosophie

Ambroise Paré par Henri Mondor de l'Académie française et de l'Académie de médecine, Paris Jamais élan moins retardé, vocation plus certaine !

Publié le 05/04/2015

Extrait du document

Ambroise Paré par Henri Mondor de l'Académie française et de l'Académie de médecine, Paris Jamais élan moins retardé, vocation plus certaine ! Le garçon-barbier de quatorze ans qui, dans la boutique assez sordide de son village et de Laval, devait " faire le poil et passer au fer ", ne visait surtout qu'à y soigner ulcères et anthrax. Devant les premières blessures observées autour de lui dans l'adolescence, une peine secrète l'avait averti, comme un signal aigu, de sa compassion, et qu'elle l'emportait sur l'émotivité. Son inculture d'abord le servit. Le chapelain de Laval, chargé de l'instruire, l'avait assez dupé sinon humilié par de pauvres travaux - sarcler le jardin, ramasser du bois, panser et promener la mule - pour que la lecture et l'étude eussent, dès lors, le prestige de plaisirs interdits, de tentations contrariées. Mais au lieu de commencer le pédantisme d'école et de languir en des rabâchages, il sut se plaire à des exercices très humbles et incommodes devant lesquels l'amour-propre, en nos initiations chirurgicales, boude quelquefois ou s'effarouche. Plus tard, incapable de parer de latin ses courtes notions et de s'en tenir, auprès des malades, à ces avantages d'emphase et de mystère qui toujours ont suffi à la pertinence de bien des médecins, il se précautionna, de toute sa curiosité et de toute sa persévérance, contre une ignorance trop facile à déguiser sous un jargon. Ses étapes, une à une, l'enchantèrent et il ne chercha jamais à réprimer certaine badauderie paysanne. Elle commença à Paris, rue de la Bûcherie, face à la chaire où le professeur, costumé et flanqué de bedeaux protocolaires, commentait doctement Galien et dirigeait, de haut, avec une moue de supériorité ou de dégoût, la dissection d'un cadavre exécutée par un prosecteur. Son séjour de trois ans à l'Hôtel-Dieu offrit à Ambroise Paré une si grande variété de lésions, tant d'occasions d'éduquer ses émotions, ses regards, ses gestes d'apprenti, qu'il garda, de cette sorte d'internat d'hôpital, des souvenirs assez utiles, une fierté assez vivace, pour que, longtemps après, le chirurgien des princes et des rois s'en décorât encore. Avide, aussi, d'enseignements écrits et d'exemples, il se passionna pour les traductions des ouvrages de Jean de Vigo, de Guy de Chauliac, et le portrait de chirurgien idéal qu'avait esquissé ce dernier ne lui parut point trop inimitable : être lettré, expert, ingénieux et hautement moral, sans oublier de se montrer gracieux, " extorsionnaire d'argent ". sobre, chaste, miséricordieux et non Une épidémie de peste, en 1533, lui rappela à la fois " l'ire de Dieu " contre les humains et sa propre ivresse de dévouement. Celle-ci le fit bientôt chirurgien d'armée. D'Italie en Catalogne, de Flandre en Lorraine et en bien d'autres champs de bataille, il sut, sans trop de griserie militaire, assez souvent fatigué, au contraire, des " soldats blasphémateurs " et de " la diabolique artillerie ", s'assurer l'expérience la plus humaine des plaies, faire, à leur sujet, quelques découvertes, en pressentir de plus grandes et, ses instruments en mains, en lutte contre la mort, réussir ...

« par Henri Mondor de l'Académie française et de l'Académie de médecine, Paris. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles