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Ben Jonson 1572-1637 N'eut-il été que le dramaturge, le poète, le prosateur,

Publié le 05/04/2015

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Ben Jonson 1572-1637 N'eut-il été que le dramaturge, le poète, le prosateur, le pamphlétaire et le critique qu'il fut, Benjamin Jonson, dit Ben, ne se différencierait guère de bon nombre de ses contemporains, et un Middleton, un Massinger, un Fletcher ou quelque autre ferait peut-être aujourd'hui figure de " plus grand après Shakespeare ". Mais il s'est trouvé que, dès le début de sa carrière littéraire, les pédants de tous ordres reconnaissant en lui un des leurs, ce très estimable auteur de quatre excellentes comédies a pu sans trop d'efforts usurper la place de confrères plus ou aussi méritants, et devenir non seulement le premier dictateur littéraire et le premier poète lauréat de l'Angleterre, mais aussi et surtout l'un des grands noms de la littérature universelle... Il avait, il le dit lui-même, une montagne pour ventre et, pour démarche, un disgracieux dandinement de l'arrière-train, et son portrait montre une face puissante, de vigoureuses mâchoires, des yeux enfoncés et durs, un cou de taureau tout couturé, paraît-il, par le scorbut. Voilà pour le physique... Quant au moral, le poète écossais William Drummond, qui hébergea pendant un mois Ben Jonson au cours du dernier voyage que fit celui-ci -- à pied, de Londres en Écosse et vice-versa, promenant sa bedaine humaniste de manoir en manoir -- a laissé sur un h&o...

« Ce réactionnaire qui partait si hautainement en guerre contre les auteurs et les œ uvres de son temps, ce héraut du théâtre de cabinet n'était pourtant pas un rat de bibliothèque.

Né probablement à Westminster, de neuf ans le cadet de Shakespeare, il fait de bonnes études, mais qu'il doit interrompre, quand il est adolescent, au profit du métier de maçon qui était celui de son beau-père.

Assez vite dégoûté du plâtre et de la truelle, il part pour les Pays-Bas, guerroyer contre les Espagnols.

De retour à Londres, aux environs de 1592, il découvre que sa voie est au théâtre.

Comédien plus que médiocre, il gagne surtout sa vie en se livrant à de menus travaux de nègre : collaborations obscures, rafistolage de vieilles pièces.

Quelques années se passent ainsi, au bout desquelles, s'étant pris de querelle avec un de ses camarades acteurs et l'ayant tué en duel, il est jeté en prison et, pour échapper à la pendaison et recouvrer sa liberté, abjure le protestantisme et devient catholique romain. Cette conversion, qui sera suivie douze ans plus tard d'un retour aussi sincère à la foi de ses pères, porte bonheur à Ben Jonson.

Il connaît son premier succès d'auteur avec la première version (sans prologue, bien entendu !) d 'Every man in his humour. A ce moment-là, heureusement, toutes les positions sont déjà prises : Shakespeare, Beaumont, Dekker, Chapman tiennent le haut du pavé, et le style élisabéthain est créé.

Heureusement pour le théâtre, car Ben Jonson, élisabéthain par la naissance, l'humeur, la truculence, est prêt à s'opposer de toutes ses forces, parce que tel est son goût et tel son tempérament, à la merveilleuse floraison dramatique de son temps.

Et s'il ne réussit pas dans son œ uvre de stérilisation, ce n'est pas faute de s'y être employé de son mieux : Jonson, auteur comique, écrit dans le pur style de Plaute et de Térence, respectant les trois unités et mettant en scène des caractères dans la tradition la plus classique ; Jonson, auteur tragique, ne traite que des sujets antiques — un Sedan et un Catilina qui n'auront, du reste, guère de succès. Mais on ne vit pas impunément au contact d'un Shakespeare, pas plus qu'on ne respire impunément l'air de la Londres élisabéthaine, et malgré Plaute et Sénèque, presque malgré lui-même, Ben Jonson finit par écrire les quatre œ uvres qui peuvent justifier la place qu'on lui a donnée : Volpone ou le renard, Epicène ou la femme silencieuse, l'Alchimiste et la Foire de la Saint-Barthélemy, des comédies de haut goût où l'esprit d'observation n'atteint certes pas à celui d'un Molière, mais qui sont toutes du meilleur théâtre.

Quant à ses autres pièces — la Nouvelle auberge, le Conte du tonneau, etc.

— elles ne valent pas grand-chose et il est permis de leur préférer n'importe lequel des “ masques ” composés pour le roi Jacques Ier... Un génie, Ben Jonson ? Non, certes pas.

Un écrivain de talent, oui, mais surtout un homme de lettres dans toute l'acception du mot, et il n'est pas sans signification qu'il ait été le premier auteur dramatique anglais à s'occuper lui-même de l'édition de ses œ uvres complètes.. »

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