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Camillo Benso de Cavour 1810-1861 " Cavour n'est pas riche d'italianité.

Publié le 05/04/2015

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Camillo Benso de Cavour 1810-1861 " Cavour n'est pas riche d'italianité. Tout au contraire, par les sentiments, les instincts, les connaissances, il est quasiment étranger à l'Italie : anglais par les idées, français par le langage. " Ce jugement de Gioberti souligne le paradoxe de la personnalité du père de l'Italie moderne qui, de sa vie, ne connut Rome, Venise, Naples et la Sicile et parla toujours l'italien avec force gallicismes. La singularité du destin de Cavour réside dans l'application qu'il fit à la question nationale italienne, d'une éducation et d'une culture essentiellement européennes. Camillo Benso de Cavour naît, à Turin, le 10 août 1810. Son père, le marquis Michel, homme d'affaires avisé, a adhéré au régime napoléonien et spéculé sur les biens nationaux. Chambellan du prince Camille Borghèse, beau-frère de l'Empereur, il le choisit pour parrain de son second fils, ce qui ne l'empêche pas, à la Restauration, de se mettre au service de la monarchie absolutiste rétablie, comme vicaire de police de la capitale piémontaise. Par sa mère, Adèle de Sellon, Cavour a des attaches genevoises : son grand-oncle Jean-Jacques, disciple de Turgot et de Diderot, rêvant de la paix universelle ; ses cousins de la Rive, savants et magistrats de la République. " Une pincée de l'hérétique, un peu du banquier, une dose d'illuminisme et de libéralisme bourgeois, tel est, pour Cavour, le bilan genevois " (F. Valsecchi), composante fondamentale de sa formation politique. " L'atmosphère de raison " de Genève se combine avec l'influence française, exercée par deux oncles, le comte d'Auzers et le duc de Clermont-Tonnerre, gentilshommes légitimistes qui ont épousé les soeurs de Mme de Cavour et vivent dans la maison familiale. Par sa grand-mère paternelle, enfin, Philippine de Sales, il appartient à la lignée du grand saint savoyard, mais cette ascendance pèsera beaucoup moins que le cousinage avec la haute aristocratie parisienne. Sa première éducation est toute française, par les lectures et la langue. Entré à dix ans à l'Académie militaire, il manifeste une vive aversion pour l'ambiance étouffante du Piémont autocratique. Page de Charles-Albert, il est chassé, pour sa précoce indépendance de jugement. Officier du génie, mal noté, il quitte l'armée, au bout de quatre années, à vingt et un ans. Cadet de famille, sans fortune personnelle, on lui confie l'administration des domaines familiaux et il se passionne pour l'agriculture. La période de la " seconde jeunesse ", de 1831 à 1847, est celle de l'élaboration des idées politiques et économiques. C'est une phase d'activité intense et de romantisme, traversée d'orages sentimentaux et obsédée par le désir fiévreux de parvenir à l'indépendance matérielle. Il la trouve, non sans aléas, dans les profits de son exploitation rizicole de Leri et dans des spéculations boursières et industrielles. Conscient de ses aptitudes, il lit les théoriciens politiques de la Restauration et, surtout, les économistes libéralistes, de Smith à Say, et les philosophes utilitaristes, de l'école de Bentham. Des séjours à Genève, en France, en Belgique, en Angleterre lui permettent de se familiariser avec les mécanismes parlementaires et les innovations technologiques de la révolution industrielle, qui commence à transformer le visage de l'Europe bourgeoise. Son bagage conceptuel, qui ne variera pratiquement plus, étonne ses contemporains piémontais par sa hardiesse et sa nouveauté, bien qu'il n'ait rien de profondément original. Homme d'affaires dynamique, il réclame le libre-échange, pour dégeler l'économie arriérée d'un royaume qui vit, avant tout, de l'agriculture. Il a foi dans le pr...

« Homme d'affaires dynamique, il réclame le libre-échange, pour dégeler l'économie arriérée d'un royaume qui vit, avant tout, de l'agriculture.

Il a foi dans le progrès technique — engrais chimiques, machinisme agricole, canaux et chemins de fer — qui diffusera le bien-être, créera plein emploi, amenant graduellement les masses vers les libertés civiques et l'amélioration morale.

Sa formation intellectuelle est à l'opposé de la tradition italienne, férue d'un classicisme tourné vers le passé.

Cavour est un debater précis, à l'anglaise, et non un rhéteur ; un empiriste qui se défie des systèmes théoriques et des utopies, pour s'adapter souplement aux circonstances ; un réaliste, que l'on taxera souvent de machiavélisme, dissimulant sous une rondeur joviale son goût pour le pouvoir.

Dès son adolescence, il est convaincu que “ la société marche à grands pas vers la démocratie ”.

La tâche de l'homme d'État est de guider cette aspiration puissante, de la canaliser dans les limites du “ juste-milieu ”.

Toute son action est organisée autour de ce mot clé.

Il exprime “ cette politique qui consiste à accorder aux exigences du temps tout ce que la raison justifie et dans le refus de ce qui est fondé sur les clameurs des partis et la violence des passions subversives ”.

Le “ progrès lent, sage, modéré ” postule l'avènement du gouvernement constitutionnel, du régime parlementaire, tel qu'il est pratiqué en Grande-Bretagne et en France, et l'instauration des libertés fondamentales.

L'Église doit rompre ses liens avec le pouvoir temporel pour devenir “ libre, dans l'État libre ”.

Chez Cavour, le fait prime la théorie.

L'émancipation de l'Italie de la tutelle autrichienne ne pourra s'accomplir par la “ politique du poignard ” des sociétés secrètes, ou par les insurrections populaires prônées par Mazzini, pas plus que par le rêve “ néo-guelfe ” d'une Papauté régénérée, prenant la direction du mouvement national.

Le Piémont et les autres États de la Péninsule doivent, tout d'abord, accumuler, par des réformes internes, un capital d'efficacité économique, de crédibilité, qui leur permettra de “ diplomatiser la Révolution ”, en réglant la question italienne de concert avec les grandes puissances européennes. L'opportunité d'appliquer concrètement ses conceptions ne lui sera pourtant offerte que tardivement.

Son action de gouvernement, si on la compare, par exemple, à celle de Napoléon III ou à celle de Bismarck, frappe par sa brièveté : il ne sera, en effet, président du Conseil que pendant moins de dix années, de 1852 à 1861. Cavour suit avec passion la montée de l'idée nationale italienne, de l'avènement de Pie IX, salué comme un pape libéral, en juin 1846, à la promesse d'une constitution par Charles-Albert, en octobre 1847.

Il pousse à l'évolution du Piémont vers le libéralisme raisonnable, en animant, avec ses amis Balbo, Santa Rosa et d'Azeglio, le journal Il Risorgimento .

Mais les préventions contre son origine aristocratique et les défiances contre la vigueur de sa personnalité demeurent fortes.

Il n'est pas élu au premier Parlement et il n'entre à la Chambre que le 30 juin 1848, au moment où la “ guerre royale ” contre l'Autriche reflue vers la défaite de Custoza et l'armistice Salasco, du 9 août.

Battu une seconde fois, il se tient à l'écart de la confuse poussée démocratique du gouvernement Gioberti, qui rompt l'armistice et conduit au désastre militaire de Novare, le 23 mars 1849. Charles-Albert abdique et le jeune roi Victor-Emmanuel II charge Massimo d'Azeglio de former un cabinet, pour signer la paix, à des conditions onéreuses mais qui laissent au royaume son intégrité territoriale et ses institutions.

Cavour est réélu en juillet 1849 et il devient ministre de l'Agriculture et du Commerce, le 11 octobre 1849.

Au cours de ses deux années de collaboration avec d'Azeglio, il introduit le libre-échange, par une série de. »

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