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Francisco de Toledo 1517-1582 Lorsque Don Francisco de Toledo prend en main le gouvernement de l'immense colonie espagnole du Pérou, en 1569, il n'y a pas encore quarante ans que les Espagnols de Pizarre ont envahi le Tawantinsuyu, c'est-à-dire l'Empire des Incas.

Publié le 05/04/2015

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Francisco de Toledo 1517-1582 Lorsque Don Francisco de Toledo prend en main le gouvernement de l'immense colonie espagnole du Pérou, en 1569, il n'y a pas encore quarante ans que les Espagnols de Pizarre ont envahi le Tawantinsuyu, c'est-à-dire l'Empire des Incas. Certes, la conquête semble irréversible. Un important mouvement indigène de rébellion messianique (le Taqui Oncoy), inspiré et appuyé par le dernier Inca réfugié dans les Andes de l'Est, a fait long-feu quatre ans plus tôt, en 1565. Les conquistadores turbulents, qui s'étaient entre-déchirés pour se disputer la proie, se sont apaisés. À l'extérieur, la menace permanente des " nations hérétiques " qui envoient leurs pirates dans la mer du Sud (le Pacifique), à travers le détroit -- mal gardé -- de Magellan, a été jusque-là tant bien que mal conjurée. Mais si la conquête est chose faite, il reste à asseoir la colonisation, c'est-à-dire l'exploitation du pays, l'hispanisation, la christianisation des indigènes. Ce n'est pas chose aisée. Le fabuleux butin de l'or, arraché naguère aux temples et aux sépultures, est épuisé et la production de la non moins fabuleuse mine d'argent de Potosi, dans le haut Pérou, fléchit de façon inquiétante. Le matériau humain, indispensable à l'extraction minière comme à l'agriculture, a été si malmené qu'une baisse démographique vertigineuse compromet la mise en valeur du pays. Les Indiens fuient les centres occupés par les Espagnols pour échapper à l'impôt, à la corvée, aux mauvais traitements et aux interdits qui frappent le libre exercice de la religion andine, dernier refuge de la personnalité culturelle et de la résistance ethnique des vaincus. Pour redresser cett...
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« S'étant ainsi octroyé le droit, Toledo usa aussitôt de la force.

En mai 1572, alors qu'il séjournait à Cuzco, l'ancienne capitale de l'Empire, il passe de la théorie à la pratique en organisant l'expédition de Vilcabamba qui va saisir dans son repaire montagnard, presque sans coup férir, le dernier rejeton de la dynastie inca, le jeune Tupac Amaru.

Après un simulacre de procès, l'Inca aura la tête tranchée sur la place de Cuzco, en septembre 1572, devant la foule des Indiens consternés. Pour régler les problèmes posés par la diminution ou l'évasion de la main-d' œ uvre indigène, le vice-roi employa des méthodes tout aussi draconiennes.

Afin de soumettre la population au contrôle des colons maîtres de “ repartimientos ” d'indiens et à celui des administrateurs, afin qu'elle ne puisse échapper à la collecte du tribut, à la corvée, Toledo reprend à son compte le vieux programme des “ reducciones ” ,à peine entamé jusque-là, et le fait appliquer sur une grande échelle avec une impitoyable rigueur : les villages dispersés, d'origine préhispanique, sont vidés de leur population et souvent détruits, les terres échangées et les Indiens parqués dans des agglomérations nouvelles plus importantes, véritables réserves contrôlées par le corregidor ou l'“ alcalde ” ,par le percepteur et le curé.

Ces déportations, ces regroupements concentrationnaires ne devaient pas apporter les résultats escomptés.

Ils bouleversèrent profondément la vie des campagnes, mais n'arrêtèrent pas l'hémorragie de tributaires qui fuyaient et se cachaient plus encore que par le passé. Le service personnel ayant été aboli — en théorie — précédemment, le minerai d'argent devenant de plus en plus pauvre, Toledo s'efforce de relever les normes de production minière.

Pour cela, il met sur pied le célèbre système de la “ mita ” (travail obligatoire par rotation) dont il fait approuver le principe par les notables de la colonie.

Un septième de la population (hommes valides entre dix-huit et cinquante ans) prélevé dans les provinces du Sud est astreint à servir dans les mines et déporté à Potosi, à quatre mille huit cents mètres d'altitude.

Ces mineurs involontaires doivent travailler dix heures par jour, sauf les jours fériés, et toucher deux pesos par semaine (au lieu de neuf aux man œ uvres habituels).

Tel est du moins le règlement écrit.

En fait, les “ mitayos ” ,qu'on conduit dans les chaînes sur des centaines de kilomètres vers la mine, sont soumis à des conditions de vie effroyables, plongés toute la semaine dans l'humidité de la mine, et en sortent rarement vivants. “ Potosi était une manière de monstre boulimique engloutissant la population indienne.

” (A.

Métraux).

La production d'argent n'aurait certainement pas augmenté grâce à la “ mita ” si l'on n'avait découvert à ce moment la nouvelle technique de l'amalgame et si, pour l'appliquer commodément, il ne s'était pas trouvé providentiellement au Pérou les riches mines de mercure de Huancavelica.

Ce concours de circonstances devait entraîner une augmentation spectaculaire de la production d'argent. Dans le domaine religieux — et culturel — ce catholique fervent et intransigeant devait considérer la lutte contre l'idolâtrie des Péruviens et leur christianisation comme l'une de ses principales missions.

En faisant décapiter Tupac Amaru sur la place de Cuzco, il avait voulu décapiter la religion officielle et aristocratique de l'Inca-Dieu.

Pour combattre la religion populaire rurale, il intensifie la chasse aux “ sorciers ” et prédicateurs des croyances indiennes, la destruction des sanctuaires païens et des idoles.

Pourtant ces mesures semblent insuffisantes au vice-roi qui, tout au long de son gouvernement, ne. »

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