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Grégoire VII par Chanoine E.

Publié le 05/04/2015

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Grégoire VII par Chanoine E. Delaruelle Professeur à l'lnstitut Catholique, Toulouse Peut-on parler d'homme d'État à cette date ? Le sens de l'État a disparu, et l'Église, dépréciant les valeurs " naturelles ", n'a pas cherché à le rétablir ; c'est " l'augustinisme politique " (Arquillière). En revanche, Grégoire est un féodal, un homme pour qui comptent avant tout les situations privées avec les relations personnelles ; même dans l'Église de son temps, où les grands services n'existent pas encore, il ne pourra compter que sur ses hommes et ses terres. On a longtemps fait de lui le fils d'un pâtre de Soana de Toscane, sorti du peuple par sa sainteté et son génie. En réalité, il appartenait aux comtes Stefaneschi-Ildebrandi qui avaient fourni au gouvernement romain Étienne, patrice et duc en 743, Stephanus, judex au IXe siècle, le pape Benoît VI, ancien diacre de la huitième région sub Capitolio. Né en Toscane dans ses biens patrimoniaux, il était un vrai Romain par sa formation intellectuelle dans la Curie et les milieux réformateurs qui allaient lui permettre de retrouver la tradition de Léon Ier, de Grégoire Ier et de bien d'autres. Dans la Roma turrita du XIe siècle, les Stefaneschi étaient retranchés sub Capitolio dans le Septizonium de Septime Sévère, véritable rocca où l'archidiacre Hildebrand résida avant son pontificat et dont il fit ensuite le centre défensif de l'Église romaine. Quand Henri IV assaille cette position, c'est moins une affaire tactique ou politique qu'un duel à la manière des gestes, ou même une " vendetta " ; il s'agit de forcer Grégoire en son château avec ses hommes, ses trésors, ses souvenirs. Grégoire se défend en féodal : la militia sancti Petri est son ost ; elle va reconquérir les patrimoines accaparés par le baronnage, sous le vexillum sancti Petri, la bannière qui vient de flotter sur le champ de bataille de Hastings. Grégoire homme de guerre fait penser à Turpin mieux qu'à Jules II. Au-delà des " hommes " qui doivent l'auxilium, il faut citer la comtesse Mathilde. Grégoire dirige cette noble conscience, mais pour lui la charité n'est pas seulement une vertu privée, elle doit avoir une efficacité sociale, être un amour de service pour l'Église. Aussi la correspondance du pape s'entremêle de nouvelles politiques et de demandes de participation : fournir des hommes, prêter des châteaux. Mais Grégoire pense d'abord au salut de ses correspondants, et c'est occasionnellement qu'il leur demande comme une " bonne oeuvre " une aide pratique. La notion de fideles garde un caractère féodal mais est chargée d'un contenu religieux : la fidélité naît de la foi ; des chrétiens s'engagent au service (servitium) de la papauté, milites Petri. Grégoire ne s'est pas contenté de recourir aux mercenaires mais à des volontaires ; c'est déjà une sorte de croisade. Le financement de cette guerre est toujours de caractère féodal. Grégoire avait acquis son expérience comme recteur de Saint-Paul-hors-les-Murs ; comme archidiacre de l'Église romaine, il commença l'organisation des finances pontificales. Mais ses ressources sont d'abord celles du domaine ; comme il a été accaparé par les nobles, Grégoire tâche de leur faire rendre gorge en Sabine, dans le duché de Bénévent, dans l'Exarchat, en Pentapole, où l'usurpateur est l'archevêque même de Ravenne. Pour comptabiliser ces rentes et tributs, Grégoire fit dresser des registres de cens, obtint le paiement direct au Saint-Siège et la prestation régulière du servitium. A Farfa, à Spolète, en Corse s'impose pour longtemps le " seigneur pape ". Faut-il parler de féodalité à propos du denier de Saint-Pierre versé par l'Angleterre, des cens lev&...

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