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Jawaharlal Nehru par Harish Kapur Professeur à l'Institut Universitaire de Hautes Études

Publié le 05/04/2015

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Jawaharlal Nehru par Harish Kapur Professeur à l'Institut Universitaire de Hautes Études Internationales, Genève Il est quelque peu paradoxal de constater que Jawaharlal Nehru, qui, tout comme Gandhi, fait partie du legs historique de l'Inde, n'a témoigné dans sa jeunesse d'aucune disposition pour la politique. Né dans l'opulence et élevé dans le luxe, il aurait parfaitement pu vivre selon sa classe, c'est-à-dire gagner de l'argent et " réussir " socialement. De fait, à son retour de Grande-Bretagne, à vingt-trois ans, il manifesta le désir, quoique velléitaire, de s'inscrire au barreau et, après y avoir fait son chemin, de succéder à son père qui, à Allahabad, était l'autorité reconnue de la profession. Sans doute Nehru ne considéra-t-il pas sans réserves le genre de vie qui allait devoir être le sien. Il craignait avant tout que ce ne soit une existence sans véritable but. Mais ces scrupules, c'est bien connu, s'effacent habituellement quand les fruits de la réussite semblent à portée de la main. Jawaharlal Nehru, par bonheur, ne se départit jamais de sa défiance, et son esprit inquiet poursuivit sa quête d'objectifs autres qui lui accorderaient de plus grandes satisfactions tant morales qu'intellectuelles. Ceci, il le trouva apparemment dans le mouvement nationaliste indien qui se développa rapidement avec l'apparition de Gandhi sur la scène politique ; une apparition qui représentait une nouvelle voix dans la vie publique indienne. La voix d'un homme, qui semblait issue du sol même de l'Inde, et qui disait des choses étranges, contradictoires, impossibles, mais avec une flamme et un dynamisme inconnus jusqu'alors. Ce furent cet homme et cette conjoncture qui poussèrent Nehru à plonger dans la mêlée politique, où il restera jusqu'à sa mort. Mais tout le temps que Gandhi fut à la direction des affaires, son engagement dans la politique ne fut pas le facteur prépondérant. Nehru ne désirait rien de plus que d'être le fidèle compagnon qui ouvrait les yeux de ses compatriotes sur le monde immense qui s'étendait au-delà des frontières de l'Inde. Ce ne fut qu'après la mort de Gandhi, en 1948, et après la disparition de son rival en politique, Vallabhbhai Patel, en 1950, qu'il devint le maître de l'Inde indépendante, maître d'oeuvre incontesté de la politique indienne. Mais que fit-il de cette autorité incontestée ? Contribua-t-il vraiment au développement de l'Inde ? Sut-il mettre à profit cette liberté d'action en orientant l'Inde dans une direction irréversible et irrévocable ? Sut-il conférer un caractère permanent à ses entreprises que ses successeurs reprendraient comme un héritage, comme une part du patrimoine national ? A-t-il laissé une oeuvre que le temps ne peut entamer ? Telles sont les questions qui viennent à l'esprit quand on considère l'époque où Nehru était au pouvoir. On pourrait évidemment objecter que cette période était trop limitée, trop encombrée de décisions ponctuelles pour orienter fermement et durablement le pays. Mais, pour peu qu'on s'élève au-dessus de l'événement quotidien, on distingue alors le tableau d'ensemble du développement de l'oeuvre accomplie. Ce fut au cours de cette brève période de règne - quatorze ans - que la démocratie libérale fut implantée, que la planification donna son visage particulier à l'économie, que l'intégration nationale du pays fut franchement lancée, qu'une foule de lois sociales virent le jour, et que la politique étrangère prit une nouvelle dimension. Une des premières décisions majeures prises par les dirigeants avait trait au type de système politique dont devrait se doter l'Inde. Sans hésitation et avec l'appui des principales forces politiques du pays, il fut décidé que l'Inde serait un État démocratique et laïque essentiellement basé sur un système parlementaire et une structure fédérale. Après avoir délibéré un peu moins de trois ans, l'Assemblée constituante, instituée en juillet 1946, adopta une Constitution qui entérinait ces idées. Ce document, long de

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