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Jean Atlan 1913-1960 Un peintre est unique quand son oeuvre, forme et contenu, nous apporte une vision picturale inhabituelle, en rupture avec tout ce qui, dans le domaine des arts, se relie, à des degrés divers, à un style, à une école, à une tradition.

Publié le 05/04/2015

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Jean Atlan 1913-1960 Un peintre est unique quand son oeuvre, forme et contenu, nous apporte une vision picturale inhabituelle, en rupture avec tout ce qui, dans le domaine des arts, se relie, à des degrés divers, à un style, à une école, à une tradition. Un peintre unique se sépare soudain du monde existant pour en instaurer un autre, insolite et vierge, autour duquel se développera et s'épanouira une morale plastique nouvelle. Il inventera, créera des formes, lesquelles, de prime abord, apporteront le trouble au coeur et à l'esprit du spectateur, comme une énigme. Ainsi Jean Atlan. On ne peut, si l'on s'en inspire, qu'imiter l'oeuvre d'un artiste unique tellement son pouvoir de fascination est grand. Pour ne citer que ces deux-là et en demeurant dans notre époque je songe à Picasso (unique même quand il semble se rattacher, même quand il paraît imiter) et à Léger. Jean Atlan se range donc parmi les inimitables, on ne peut le cataloguer, le classer, alors même que le climat physique et spirituel de sa peinture le rapprocherait, avec des moyens dissemblables, parfois d'un Soutine, surtout d'un Picasso (celui de l'époque dite " des monstres ") d'un Van Gogh... Parenté de sang dans la fraternité douloureuse, l'éloquence agressive, le cri revendicatif poussé jusqu'à sa cime, parenté du sang dans la véhémence et l'adjuration. Même émotivité, même retentissement du tragique au coeur du monde déchiré d'aujourd'hui et, parfois, même paroxysme dans l'humour, comme un rire noir. J'ai (dit An...

« quelque chose d'essentiel : ce rythme barbare qui est en lui et qui plonge au plus épais de ses profondes convictions spirituelles, où la philosophie positive se mêle aux croyances et aux superstitions. Atlan, peintre mystique ? Oui, mais un mystique charnel, chez qui la frénésie, la passion tentent de conjurer puis de retentir sur la connaissance des mondes secrets qui nous habitent et nous hantent. L' œ uvre, rude, est à l'opposé de la séduction.

Le noir total du graphisme rayonne d'une manière souveraine, conditionnant la toile, jusqu'à l'envoûtement.

Les signes se gravent dans une matière batailleuse, qui ne fait qu'ajouter à l'intensité, à l'âpreté des formes.

Les huiles, les pastels, les craies, leurs mélanges luttent avec des fonds de toile grossière dont la texture entre résolument dans le jeu de la composition, en est un des éléments majeurs. Les ocres, les bleus, les rouges, les jaunes sont comme des couleurs cuites à même la braise et qui flamboient dans les ténèbres. Pour nous accorder avec cette peinture qui parfois a l'air de se désunir en sarabande, il faut se dire qu'avant toute autre préoccupation, le geste créateur de Jean Atlan est projection de vie prodigieuse.

L'élan brise souvent les frontières de la toile, les recule bien au-delà.

Le sentiment plastique habituel est dépassé.

L'image évoluera dans l'espace du mural.

Le grandiose est son emblème avec ses réussites audacieuses et avec ses outrances, où les gaucheries et les lourdeurs deviennent par la force naturelle des choses les marques même d'un génie en proie.

Que nous ayons devant nos yeux les craies, les pastels, les détrempes sur papier ou bien les vastes panneaux à l'huile, toutes les œ uvres sont à la même échelle de grandeur humaine et monumentale.

Sa peinture ne serait certainement pas à l'aise à côté des Renaissants italiens mais elle retrouverait sa pleine respiration si l'on pouvait l'accrocher dans une salle où voisineraient les Nègres, les Précolombiens, les Assyriens, les Égyptiens, les Romans : peinture amodée parce que de tous les temps, peinture hautement solitaire, fragment durable de passion ardente. Cet artiste, né à Constantine, juif à la manière africaine, mort à Paris en 1960, poète visionnaire aussi bien dans sa peinture que dans ses écrits : Initiation des mortes ,Autres Soleils et autres Signes (1941), nous aurait offert d'autres épanouissements dans son œ uvre plastique.

Les années 1955-1959 virent sa maturité et son succès...

Il semblait se diriger vers plus de chatoiement dans les couleurs, vers une matière plus “ civilisée ” où la métamorphose des signes continuait à s'opérer dans une constante unité, variante infinie d'une même modulation farouche. Ce révolutionnaire total, ce flagellant des formes, n'a jamais procédé que par lentes métamorphoses.

Il ne connaît pas les brusques ruptures spectaculaires ni les changements subits et à l'opposé.

Il traque son œ uvre en rampant dans l'obscur, il bondit, il terrasse, s'assure de sa prise et il repart en rampant, parfois fait retour, poursuivant la même quête dans le même empire ténébreux de dieux et de démons mêlés, qu'il fouille inlassablement au plus profond. Jean Atlan participe en entier.

Il se moule étroitement aux divers mondes du végétal et de l'animal et du minéral.

Ambiguïté, polyvalence des hiéroglyphes, où les éléments mâles. »

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