Devoir de Philosophie

Joseph Haydn par Emmanuel Buenzod La gaieté, est-ce un sentiment noble ?

Publié le 05/04/2015

Extrait du document

Joseph Haydn par Emmanuel Buenzod La gaieté, est-ce un sentiment noble ? Et ce Joseph Haydn qui, sa vie durant, l'a exprimée sans mesure, cette marionnette en perruque à queue, en frac bleu clair à boutons d'argent, ce maître de chapelle à l'âme de bureaucrate guilleret, peut-on honnêtement le placer au rang des grands musiciens ? Pourquoi non ? La gaieté manque, paraît-il, de profondeur. Mais quel besoin que la musique soit toujours profonde ? N'a-t-elle pas été d'abord créée pour le plaisir de l'oreille et des sens ? Ce sont les Romantiques et, après eux, tous les autres, qui ont compliqué le problème. Ou qui plutôt ont transformé en problème ce qui ne servait qu'à charmer et à divertir. Écoutons Haydn comme il convient qu'on l'entende. Il est un maître, assurément, et des plus grands. Il n'est pas toute la musique ; mais il en illustre l'aspect riant, le côté pimpant. Et il porte le signe de l'éternelle jeunesse. C'est un Croate, assurent les érudits. Ils ont trouvé cela parce qu'il faut toujours découvrir le détail piquant, le trait de nature propre à favoriser les débats à base d'appareil critique. En fait l'influence slave n'apparaît que tardivement et de façon tout accessoire dans son oeuvre. Rohrau, village de la Basse-Autriche où il naît, est situé tout près de la frontière hongroise ; mais Vienne n'est pas loin, et c'est l'esprit viennois que, dès le temps de ses débuts, reflétera l'art du futur compositeur des Saisons. Au coeur de la monarchie bicéphale où tant d'afflux ethniques se heurtent et se neutralisent, Vienne joue un rôle providentiel : elle opère la synthèse des apports et fond le disparate des caractères dans cette intense " douceur de vie " qu'exprime si éloquemment l'art de ses grands musiciens (venus l'un de l'Est, l'autre de Salzbourg, sans parler du Rhénan Beethoven). Quand Joseph Haydn, fils de charron, prend le chemin de la grande ville, il est peut-être encore ignorant de son vrai destin, mais Vienne aura tôt fait de le lui révéler. Pour un " Sepperl " qui n'a envie que de chanter, toute autorité sera bonne, qui le gouvernera selon son coeur. Et jamais apprenti ne sera plus dispos et docile, plus naïf et neuf devant une tradition dont il éprouvera d'instinct l'ordre et les lois, mais que son esprit, rebelle à l'analyse, ne se souciera jamais de pénétrer par l'intelligence, même quand il en sera devenu le chantre et l'ambassadeur officiel. Tel est en effet le prestige des lieux hantés par la grandeur de l'esprit - ou par son charme - qu'ils font, s'il leur plaît, dépositaires de leur plus beau secret ceux-là mêmes que l'humilité de leur condition ou leur naissance étrangère semble moins que d'autres préparer à en exprimer le caractère. A Versailles le Florentin Lully porte à son point de perfection le style aristocratique du Grand Siècle ; et...

« par Emmanuel Buenzod. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles