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La cyberculture, l'Universel sans totalité Par Pierre Lévy Professeur au département "

Publié le 05/04/2015

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La cyberculture, l'Universel sans totalité Par Pierre Lévy Professeur au département " hypermedia " de l'Université de Paris-Saint-Denis À la fin des années quatre-vingt et au début des années quatre-vingt-dix, un mouvement social, issu des jeunes professionnels des grandes métropoles et des campus américains, prit rapidement une ampleur mondiale. Sans qu'une quelconque instance centrale ne dirige ce processus, les différents réseaux informatiques qui s'étaient constitués depuis la fin des années soixante-dix se raccordèrent les uns aux autres, tandis que le nombre de personnes et d'ordinateurs connectés sur l'inter-réseau crut soudainement de manière exponentielle. Comme dans le cas de l'invention de l'ordinateur personnel, un courant culturel spontané imposa un nouveau cours au développement techno-économique. Les technologies du numérique apparurent alors comme l'infrastructure du cyberespace, nouveau milieu de communication, de sociabilité, d'organisation mais aussi marché émergent de l'information et de la connaissance. Sans que cela soit contradictoire avec ses usages mercantiles, le cyberespace pourrait être un instrument d'intelligence collective. Il ne s'agit pas seulement de célébrer les transmissions planétaires instantanées. La radio ou la télévision, qui établissent de telles transmissions en " direct ", ne forment pourtant pas encore un espace de communication vivant et universel. Ces médias classiques instaurent une séparation trop nette entre centres émetteurs et récepteurs passifs. De plus, les récepteurs sont isolés les uns des autres. Il est vrai que la télévision prolonge nos sens, mais c'est en nous privant d'interaction sensori-motrice : nos yeux et nos oreilles sont commandés par d'autres. Avec le téléphone, nous ne sommes plus confrontés à un réseau un-tous mais à l'itération indéfinie d'une communication un-un. Certes, la relation est réciproque, mais on ne peut communiquer qu'avec très peu de gens à la fois. L'utilisateur du téléphone est privé d'une vision de l'ensemble du réseau. Par la télévision, on savait quels messages les autres avaient reçu, puisque c'était le même oeil et la même oreille pour des millions de personnes. Le téléphone, en revanche, ne nous renseigne que sur la communication interindividuelle en cours. Dans ce réseau un-un, on est presque toujours en dehors de l'espace commun. Or, dans le cyberespace, chacun est potentiellement émetteur et récepteur dans un milieu qualitativement différencié, non figé, explorable, où tous communiquent avec tous. L'exemple le plus connu (et le plus primaire) de cette communication du troisième type est le monde des conférences électroniques. Ici, on ne rencontre pas les gens principalement par leur nom, ou par leur position géographique, ou par leur position sociale, mais selon des centres d'intérêts, sur une carte du sens ou du savoir. Cet espace se réorganise au fur et à mesure que les conversations évoluent. Ce monde virtuel est sécrété par la communication. Ce n'est pas une construction préexistante qui la contraint ...

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